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Le piratage de Sony est une grave escalade de la cyberguerre

par Farid Farah

Sony n’a pas eu droit à une pause. Quelques années après la cyberattaque menée contre son réseau de PlayStation, les serveurs de l’entreprise Sony Pictures Entertainment ont été la proie de pirates protestataires contre la prochaine sortie de "L'interview", un film sur un complot visant le dirigeant de la Corée du nord, Kim Jong-un. Ces pirates informatiques ont, non seulement eu accès à un large contenu d'informations internes, mais se payé le luxe d’offrir, au public grand public, des copies de DVD de nombreux films que va lancer Sony Pictures dans les prochains mois. Ce hack est une première dans les annales de la sécurité de l’information numérique, dans la mesure où il met en évidence la capacité à détruire tout simplement une entreprise à forte activité économique en ligne. Pire, cette attaque est considérée également par beaucoup de spécialistes IT comme une preuve qu’aucun réseau d’entreprise n’est à l’abri des cyberattaques et que le taux des risques de hacking est proportionnel à celui de la croissance des données des entreprises. Le contraire aurait été bénéfique pour l’entreprenariat numérique. Ne pas avoir un taux de piratage inversement proportionnel à celui des volumes data constituera alors une menace réelle contre l’économie numérique mondiale.

Les dernières attaques soulèvent la question de savoir si un réseau d'entreprise peut être conservé à l'abri des pirates déterminés. Ce piratage a défrayé la chronique puisque "éteindre les équipements télécoms et informatiques" était l’unique réaction possible de l’équipe informatique de Sony à la série continue des intrusions. Cette désactivation des services réseaux, qui ne dit pas son nom, montre bien l’ampleur de l'attaque. L’accès au courrier électronique et aux données de l’entreprise a été supprimé jusqu’à nouvel ordre. Les employés de Sony ont été contraints d’utiliser le téléphone et le fax pour "maintenir en vie" la gestion de l’entreprise. Ces attaques ont aussi montré les limites de la solution de chiffrement Aspera d’IBM que Sony Pictures Entertainment utilisait pour sécuriser la transmission interne de ses bouts de films en cours de réalisation. Ainsi, malgré une sécurisation, considérée comme "parfaite", les serveurs de Sony n’étaient pas à l’abri d’une attaque informatique devenue "une affaire d’Etat" aux Etats-Unis. Le président Obama s’est mêlé pour appeler à un renforcement de la coopération entre les autorités et secteur privé afin d’identifier l’origine de l’attaque et de contrôler les conséquences des cyberattaques sur l’économie mondiale et les acquis démocratiques.