Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Saïda : La filière miel peut mieux faire

par Tahar Diab

En collaboration avec la DSA et la chambre de l'agriculture, l'association des apiculteurs de l'Oranie clôture ce week-end sa deuxième édition par une quête interne consistant en une donation symbolique de 30 pots de 500 g au seul profit des malades opérés de l'hôpital Ahmed Medeghri. L'exposition-vente qui aura duré 6 jours a regroupé 14 wilayas de l'Ouest avec la participation de Blida. Composée d'une quinzaine de stands animés par plus d'une trentaine d'apiculteurs, cette riche exposition du produit de la ruche et de ses dérivés drainait journellement une foule nombreuse dont la devise de la culture culinaire est « que le miel et l'huile d'olive doivent toujours demeurer disponibles au foyer ». La famille de cette filière prometteuse à plus d'un titre était également rehaussée par la présence du docteur Seddiki, médecin généraliste propriétaire d'un verger de vingt hectares à la station thermale du printemps et surtout le jeune apiculteur d'El Bayadh, M. Saria Badreddine, auteur d'un ouvrage sur les vertus thérapeutiques du miel, le participant de Mohammadia qui présentait une biographie depuis les années 50 sur sa région, sans oublier 3 correspondants de la presse locale, éleveurs pour «leurs besoins d'inspiration».

Avec ses 540 adhérents dont 480 apiculteurs et 60 stagiaires, l'association locale comptabilise 4500 ruches dont 800 traditionnelles, et la production de la wilaya de Saïda avoisinait en 2013 les 2000 quintaux. A raison d'un prix unitaire de 3.000 DA le kg, une telle production pourrait rapporter - bon an, mal an - la bagatelle de soixante milliards de centimes. En extrapolant cette aubaine financière aux trois régions du Nord en sus de la steppe et du grand Sud, l'on constate avec amertume et désarroi cette énorme perte sèche de rentrées en devises, rajoutée à celle tant décriée de la commercialisation détournée de Deglet Nour.

A titre indicatif, notre tout jeune miel commercial - qui n'est que bio - pourrait être écoulé à l'étranger à plus de cent euros le kg, notamment les qualités provenant - par ordre préférentiel - du romarin, du jujubier et de la lavande sans compter les autres plantes nourricières telles que le sainfoin, les carottes sauvages et d'euphorbes, l'eucalyptus et enfin toute fleur de montagne, la flore notamment forestière demeurant un riche patrimoine encore inexploité? Tout au long de la tenue de cette manifestation « agro-commerciale », les citoyens n'ont pas manqué de s'approvisionner selon leurs bourses.

A signaler également la traçabilité affichée des produits étiquetés qui augure déjà d'une parfaite organisation structurelle de la filière qui vise l'exportation, à la seule condition d'une véritable prise en charge par l'Etat comme le soulignera le vice-président de la fédération nationale, M. Amara Ali, qui ne manquera pas - au nom de tous les apiculteurs - de remercier vivement M. Saïd Meziane pour la concession d'un siège de 15.000 m2 à l'emplacement de l'ex-coopérative oléicole. Son affectation comme coopérative permettra aux apiculteurs de s'approvisionner en moyens matériels : extincteurs, maturateurs, tenues spéciales et surtout les caisses vides (d'un coût de 2000 à 2400 DA) que la direction des forêts n'a pas soutenu cette année. La coopérative s'attacherait également comme mission finale de soulager les apiculteurs de leurs stocks afin de leur trouver un débouché global de commercialisation.

A la fin de la tournée de la délégation officielle, les apiculteurs n'ont pas manqué de soulever leurs préoccupations dont le manque de coordination avec les propriétaires des vergers avoisinant qui ne les avisent pas précocement de leurs opérations d'épandage des pesticides, très nocifs à la survie de l'abeille. Cette prévention pourrait leur permettre de déplacer momentanément leurs colonies. Mais la solution la plus objective, disent les apiculteurs, serait d'accéder aux concessions des vides labourables.