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GPRA et problématique du pouvoir : «Le consensus finissait toujours par prendre le dessus»

par Houari Barti

L'exercice du pouvoir pendant la révolution algérienne et les luttes internes qui ont pu marquer son histoire restent un thème qui suscitera toujours autant de passions et débats.

La conférence organisée, hier à Oran à l'hôtel Liberté, par l'As sociation des anciens du MALG, en partenariat avec Le Quotidien d'Oran, en a été une nouvelle illustration.

Le thème choisi par les organisateurs, «Création du GPRA et problématique du pouvoir pendant la révolution », a permis au conférencier, le colonel à la retraite Hocine Senouci, de revenir sur des faits majeurs ayant accompagné la création du GPRA (Gouvernement provisoire de la république algérienne), mais aussi d'autres instances supérieures souveraines, créées à l'issue du Congrès de la Soummam (1956) comme le Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), et bien évidemment du fameux Comité de coordination et d'exécution (CCE), composé quant à lui d'abord de cinq membres (Ben M'hidi, Abane, Krim, Benkhedda et Dahlab) avant d'être élargi après sa sortie hors du territoire, et dont la mission était comme son nom l'indique, la conduite des actions décidées par le CNRA.

Il était surtout intéressant de mettre sous la loupe, les principes qui ont pu justifier les choix de certains des principaux acteurs de la révolution dans leurs gestions respectives des conflits qui les ont opposés.

Pour Hocine Senouci, en dépit de ces divergences qui sont parfois d'ordre idéologique, parfois ayant trait à des considérations régionalistes, le consensus finissait toujours par prendre le dessus au nom de l'intérêt suprême de la révolution. Comme au 1er Novembre 1954, le principe de la direction collégiale a toujours été réaffirmé et aucun responsable n'a été formellement chargé d'assumer l'exercice de l'autorité de commandement, notamment à la tête du directoire du FLN qu'était le CCE.

Le premier acte d'autorité du CCE, a-t-on rappelé, fut d'envoyer des émissaires dans les diverses wilayas pour faire part des résolutions du Congrès et régler des problèmes organiques épineux tels que la difficulté de désigner une autorité reconnue à la tête de la wilaya I après le décès, en mars 1956, du chef Mostefa Benboulaïd (Zighoud Youcef et Amirouche furent désignés à cette fin); ou encore le rejet par certains chefs militaires implantés à la frontière algéro-tunisienne des décisions du Congrès de la Soummam sous l'influence d'Ahmed Mahsas (le colonel Ouamrane ainsi que Amar Benaouda et Brahim Mezhoudi furent chargés de cette mission). Le conférencier ne manquera pas de rappeler dans ce même propos, la sortie hors des frontières, au Caire, du CCE et les conséquences générées sur l'exercice de l'autorité de manière consensuelle, en raison notamment de la présence et de l'opposition de dirigeants tout aussi représentatifs mais non membres de cet organisme.

La contestation fut même encouragée pas Ben Bella et ses camarades, détenus en France, depuis le détournement de leur avion sur Alger le 22 octobre 1956.

Les uns et les autres contestaient, qui la composition du CNRA et du CCE issus du Congrès de la Soummam, qui les principes et orientations de la plate-forme politique, a indiqué le conférencier. « A la différence de certains pays qui avaient des leaders incontestables, à l'image de Gandhi en Inde, de Tito en Yougoslavie ou de Bourguiba en Tunisie, l'Algérie, elle, disposait d'un réservoir d'hommes charismatiques à valeur égale », a affirmé Hocine Senouci, avant de souligner : « L'objet n'est pas de critiquer ou de juger. L'objet est de connaître notre histoire pour mieux appréhender notre avenir. Et d'ajouter : « Certes, la littérature traitant de tout ces aspects de la révolution algérienne existent. Mais elle est souvent réservée à une certaine élite ».