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Jaroslaw Jaroszewicz : Les Polonais veulent investir dans les énergies renouvelables

par Sofiane M.

Les échanges commerciaux entre l'Algérie et la Pologne enregistrent, ces cinq dernières années, une forte hausse stimulée notamment par les importations de produits agroalimentaires, les véhicules et les produits hygiéniques. Le label «made in Poland» n'est pas suffisamment connu par les consommateurs algériens, mais sur le terrain, les produits fabriqués en Pologne inondent notre marché. Les chocolats Milka et Ferrero Rocher, Nutella, les fromages Kiri, les rasoirs Gillette, les voitures Astra Opel et Volkswagen Caddy sont exportés vers l'Algérie par ce pays de l'Union européenne. Les exportations polonaises ont ainsi atteint 420,3 millions USD en 2013, soit une croissance de 11,5% par rapport à 2012. Pour 2014, les échanges commerciaux entre les deux pays ont pris un vif élan dépassant les 500 millions USD de chiffre d'affaires à fin juillet dernier. La Pologne, qui a assis sa réputation dans plusieurs secteurs d'activités en Algérie et essentiellement dans le secteur du BTPH, s'intéresse désormais au développement de partenariat dans le domaine des énergies vertes. Jaroslaw Jaroszewicz, premier secrétaire du Service de la promotion du commerce et des investissements de l'ambassade de la Pologne en Algérie, a fait un court séjour à Oran dans le cadre du Salon des énergies renouvelables ERA où il a fait l'éloge de l'expérience polonaise en matière des énergies vertes. Dans ce bref entretien accordé à notre journal, le diplomate polonais estime que l'Algérie offre les meilleures opportunités d'investissements dans les énergies renouvelables (soleil, éolien et géothermique) dans le Maghreb.

Le Quotidien d'Oran: Voulez-vous nous donner un aperçu exhaustif sur les échanges commerciaux bilatéraux entre la Pologne et l'Algérie ?

Jaroslaw Jaroszewicz : Le Service de la promotion du commerce et des investissements de l'ambassade de la Pologne en Algérie a pour rôle de mettre en relation les entreprises algériennes et polonaises et de favoriser les investissements de part et d'autre, c'est-à-dire les investissements polonais en Algérie et les investissements algériens en Pologne. Et ne croyez pas que ça n'existe pas. Il y a des compagnies algériennes qui investissent en Pologne et qui créent des entreprises et qui exportent de la Pologne vers leur pays d'origine et vers d'autres pays. Donc, d'une façon générale, ça marche bien. Les échanges commerciaux entre les deux pays augmentent très vite; pour cette année, nous sommes passés à 500 millions de dollars de chiffre d'affaires à fin juillet dernier».

Q. O. : Est-ce que vous avez conclu des partenariats durant le salon ERA ?

J. J. : Je suis persuadé que la Pologne a beaucoup à proposer aux compagnies algériennes en matière de développement des énergies vertes. Nous sommes venus avec des représentants d'une société polonaise qui produit les turbines éoliennes. Cette entreprise est un leader d'un consortium qui fabrique un système hybride de production de l'énergie électrique à base du soleil et du vent. L'intérêt de ce système et qu'il ne travaille pas uniquement le jour mais également la nuit. La particularité de cette entreprise c'est qu'elle cherche un partenaire industriel en Algérie pour transférer la technologie et très concrètement transférer la production petit à petit de certains éléments du système. Et trouver un partenaire qui produira en Algérie pour le marché algérien et pourquoi pas pour d'autres marchés africains et européens.

Q. O. : Mais est-ce qu'il y a du concret ?

J. J. : Nous sommes en pourparlers avec une ou deux sociétés algériennes. Pour l'instant, rien n'a été conclu vu que c'est la première visite de cette compagnie polonaise en Algérie.

Q. O. : L'expérience polonaise en matière des énergies vertes est récente. La Pologne est surtout connue pour ses mines de charbon. Qu'est-ce que vous allez proposer à vos futurs partenaires algériens ?

J. J. : La Pologne est certes connue pour les énergies minières. Il est vrai que notre première source d'énergie, c'est le charbon. Mais il y a eu en Pologne un éveil d'une conscience écologique. Nous ne pouvons pas aujourd'hui se contenter des énergies fossiles. Comme d'autres pays membres de l'UE, nous développons les énergies vertes et surtout éoliennes et géothermiques pour des raisons de climat. Nous avons organisé ces dernières semaines plusieurs missions d'hommes d'affaires algériens vers la Pologne. Nous recevons également des missions des différentes chambres de commerce en Pologne dans notre ambassade.

Q. O. : Est-ce que vous avez conclu des partenariats économiques dans d'autres secteurs d'activité ?

J. J. : Bien sûr ! Nous avons réalisé plusieurs partenariats dans le secteur du bâtiment. Les entreprises polonaises proposent un très beau rapport qualité/prix et c'est surtout sur ce rapport que nous nous battons. Il est vrai que nous ne pouvons pas concurrencer certains pays asiatiques en matière de prix, mais pour le rapport qualité/prix, nous restons les meilleurs.

Q. O. : Quel est le secret de la recette polonaise ?

J. J. : Il n'y a pas une recette polonaise, mais il s'agit d'une combinaison de facteurs. Primo, nous avons une société relativement jeune et surtout bien éduquée. Secundo, la force de l'économie polonaise, c'est les petites et les moyennes entreprises, la libre concurrence et le sérieux dans le travail. Les Polonais travaillent plus que les autres employés de l'UE (50 heures par semaine). Et cela a heureusement porté ses fruits.