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Les experts unanimes : Le droit humanitaire bafoué

par Salah-Eddine K.

Le cercle de l'Armée de Beni Messous à Alger abrite depuis hier et jusqu'au 6 novembre, la 10e réunion des commissions nationales et experts gouvernementaux arabes dans le domaine du droit international humanitaire.

L'amer constat de non-respect du droit humanitaire doit faire réagir vite la communauté internationale. Le droit humanitaire international est de plus en plus bafoué au regard des dernières évolutions que connaissenlt surtout les pays africains dits du Sahel ainsi que des pays arabes et cela depuis quelques années déjà. «Intolérable et inacceptable» que de ne rien faire pour stopper et laisser des drames se dérouler sous nos yeux sans rien faire; un constat d'échec est fait à l'unanimité au sein de la communauté internationale. Christine Beerli, vice-présidente du Comité international de la Croix-Rouge, constate que «cent cinquante ans après l'adoption de la première Convention de Genève, force est de constater que le droit international humanitaire a échoué. Les règles de conduite des hostilités ne sont pas respectées alors que femmes, enfants et détenus civils ne bénéficient toujours pas de la protection qui leur est due et ce, au moment où les pratiques de violence sont légion et où les puissances de ce monde instrumentalisent ces conflits en fonction de leurs intérêts? », regrette cette intervenante.

Il est admis que l'application du droit humanitaire a connu un recul certain et s'est rétrécie comme une peau de chagrin. On est loin de la période qui a suivi la 2e Guerre Mondiale (1939-1945) où des progrès ont été enregistrés pour la mise en place d'un droit international humanitaire dont le but est la préservation et la protection des parties non concernées par les conflits armés. «Nous avons grand besoin de renouer avec l'esprit qui a prévalu suite aux tragédies engendrées par les deux grandes guerres et qui a été à l'origine de la codification du droit international humanitaire», a indiqué le ministre de la Justice, Tayeb Louh, dans son intervention devant les participants. Yémen, Libye, Irak, pays dits du Sahel, Syrie, population de Ghaza sont les endroits les plus touchés par les drames humanitaires et ce sont les populations habitant ces régions qui souffrent de cette situation de guerre imposée, au moment où elles ne sont en rien concernées par ces conflits et payent pour autant un tribut fort en vies humaines et en déportations forcées. Une situation intenable qui devra donner à réfléchir sur les moyens à adopter et les mécanismes qu'il y a lieu de mettre en place par, notamment, les pays concernés par ces conflits ainsi que par les pays de l'ensemble de la région.

Les travaux de cette réunion d'Alger constituent une étape en prévision de la 32e Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et de la Confédération suisse qui se consacrera à la mise en place des mécanismes permettant de mieux faire respecter le droit humanitaire international. Les experts de pays arabes et d'organisations onusiennes, qui seront en conclave pendant 3 jours (du 4 au 6 novembre), auront à débattre et émettre leurs points de vue sur «la nécessité d'améliorer le respect du droit international humanitaire, sur l'inadéquation des mécanismes existants de contrôle et sur l'exigence de renforcer et de les perfectionner» d'autant que le besoin se fait «sentir». Et ce rendez-vous (rencontre des experts arabes) vient à point nommé, «au moment où des populations arabes souffrent de conflits internes et dont le besoin de protection par le droit humanitaire se fait sentir amplement», a indiqué le ministre de la Justice libanais, Achraf Rifi.