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Vingt cas enregistrés, depuis le début de l'année : Le suicide prend de l'ampleur

par J. Boukraâ

Une jeune femme, âgée d'une vingtaine d'années, a mis fin à ses jours, en ingurgitant une quantité de médicament, en fin de semaine. La victime a rendu l'âme dès son admission au service des Urgences de l'hôpital 1er Novembre 1954, à l'USTO. Le même jour, un homme, âgé de 28 ans, a été découvert, pendu à un poteau électrique, dans la localité El Hassi. Ces deux cas ne sont pas des actes isolés, au contraire, de nombreux autres cas de suicide sont survenus, un peu partout, à travers la wilaya, cette année.

Il n'existe pas de statistiques officielles sur le suicide, mais les faits relatés, au quotidien, par les médias reflètent l'ampleur du phénomène. Depuis le début de l'année, une vingtaine de personnes se sont donné la mort, alors que les tentatives dépassent les 200 cas. Désespoir, conditions sociales difficiles, déception affective, sentiment de solitude et d'incompréhension de la part de leur entourage, poussent des personnes, au bord du gouffre, à commettre l'irréparable. Le bilan révèle, également, qu'aucun cas de suicide par immolation par le feu n'a été enregistré. Toutefois, le tabou prédomine toujours et pousse de nombreuses familles à dissimuler la vérité, à leur entourage, de peur du ?qu'on dira-t-on'. Les chiffres sont, donc, imprécis et probablement inférieurs à la réalité.

Environ 10.000 personnes tentent de se suicider, chaque année, en Algérie, dont un millier, environ, réussissent, malheureusement, leurs actes. Le suicide est-il devenu le seul moyen d'expression pour une population fragilisée par des pressions sociales, professionnelles, familiales et psychologiques? Des suicides par défenestration, pendaison, immolation, deviennent la seule échappatoire pour des personnes au bord du désespoir ? Ce phénomène commence à inquiéter la population. Plus qu'un phénomène de société, le suicide est en passe de devenir, en Algérie, l'une des principales causes de mortalité, après les accidents de la route. La situation est grave et ne cesse d'empirer. Le suicide prend des proportions alarmantes, à Oran, et dans toutes les wilayas du pays. De nombreuses hypothèses ont été développées pour expliquer le phénomène, mais aucune n'est, entièrement, satisfaisante, selon les psychologues. La création d'un observatoire sur le suicide est aussi importante, selon ces derniers. La mise en place de cet organe aura pour mission de recueillir toutes les données relatives à ce phénomène, qualifié de «véritable problème de santé publique », pour les mettre à la disposition de la communauté scientifique afin de mieux le comprendre et l'expliquer.