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Dépenses publiques : «Pas d'utilité de recourir à une loi de finances complémentaire»

par Ghania Oukazi

Le gouvernement algérien indique qu'il ne recourt plus à la loi de finances complémentaire parce qu'il estime mieux maîtriser ses dépenses

et ses finances publiques.

C'est ce qu'a déclaré le mi-nistre des Finances en mar-ge des travaux de la 38ème session ordinaire du Conseil des gouverneurs des banques centrales arabes qui se sont tenus hier à l'hôtel El Aurassi d'Alger. Mohamed Djellab a noté qu'«on se dirige vers la mise en œuvre d'une politique d'orthodoxie qui nous permet à l'heure actuelle de mieux maîtriser les dépenses et les finances publiques en général, donc nous ne voyons pas l'utilité de recourir à une loi de finances complémentaire». Le ministre des Finances a par ailleurs, souligné que les réformes du secteur financier et bancaire « pour lesquelles nous sommes en retard »,visent la gouvernance des banques par leur professionnalisation ; il est aussi question d'accorder des prérogatives plus larges à leurs conseils d'administration, de moderniser les aspects opérationnels de leur gestion par le développement des systèmes de paiements, ceci en essayant d'aller plus vite vers l'utilisation du chèque et de la carte bancaire, on espère d'ici à la fin de l'année en cours ». A propos de la Centrale des risques pour ce qui est des crédits à la consommation, Djellab a indiqué qu' «elle est en cours de finalisation pour les commerces et les entreprises et on prévoit de la mettre en place dans quelques mois pour les particuliers». Il rappelle en outre qu' «en juillet dernier le taux d'inflation était de 1,49%, il est en baisse».

La 38ème session du Conseil des gouverneurs des banques centrales arabes se voit tenir ses travaux alors que le monde fait face à des défis majeurs, politiques, économiques, financiers et sociaux. Défis imposés par «les évolutions et les changements intervenus au niveau mondial et régional, avec en parallèle le ralentissement de la croissance économique mondiale», a dit, à l'instar du ministre des Finances, le gouverneur de la Banque centrale libyenne qui a présidé la session d'Alger. Au regard des déséquilibres provoqués par de telles situations, Omar El Kébir recommande aux pays émergents et ceux sous-développés « de faire face aux défis attendus durant les années à venir en se menant des réformes structurelles pour soutenir la croissance et assainir les économies». Il estime qu' «il est impératif que ces réformes soient profondes pour pouvoir obtenir une croissance qui doit être non seulement soutenue mais sur le long terme». Ces pays se doivent, selon lui, de continuer à renforcer la compétitivité de leurs économies. Pour conforter ses propos, le responsable libyen rappelle que ces situations dans le reste du monde ont influé négativement sur les économies arabes «ce fut le cas par les effets des dettes des fonds souverains européens». Les conditions dangereuses dans lesquelles évolue un grand nombre de pays arabes ont, dit-il, provoqué la baisse des taux de croissance, la hausse des taux de chômage. «Ceci est très clair chez les pays importateurs de pétrole qui passent par des changements politiques», affirme-t-il. Il appelle les pays de la région à renforcer davantage «la mise en œuvre de réformes économiques et sociales sur les moyens et longs termes et la coopération régionale tout en préservant la stabilité financière et monétaire». Il explique que « cette stabilité est du ressort des banques centrales qui doivent préparer le secteur financier à absorber les crises, atténuer des probabilités de leur survenue et diminuer la propagation de leurs effets sur l'économie réelle».

Le directeur général du Fonds monétaire arabe (FMA) estime pour sa part que si les économies des pays arabes exportateurs de pétrole se dirigent vers un taux de croissance positif, ceux importateurs n'ont pas encore les indicateurs qu'il faut, « notamment pour ce qui est de la baisse relative du niveau des marges préventives dans les finances publiques et les comptes extérieurs». Abderrahmane Ben Abdellah El Hamidi fait savoir en outre que le taux de chômage des pays arabes atteint 17,4%. « C'est le taux le plus élevé parmi les regroupements régionaux», affirme-t-il. Il souligne que pour juguler le chômage, « nos pays ont besoin de 30 millions d'emplois nouveaux sur les 7 années à venir». Il appelle entre autres « à la diversification de la production et des ressources économiques, à l'assainissement du climat des affaires en parallèle d'une réforme des systèmes éducatifs et du marché de l'emploi(?)». Ceci étant dit, pour lui, les systèmes monétaires arabes ont beaucoup de facteurs de stabilité et de performance. Des efforts continus pour leur renforcement sont demandés en raison des difficultés qui pourraient survenir conséquemment aux nouvelles situations mondiales. Le FMA prévoit un léger recul de la croissance en Chine qui atteindra 7,4% en 2014 contre 7,7% l'année dernière ainsi que des effets des sanctions contre la Russie qui pourraient toucher d'autres économies de l'Europe de l'Est et du centre de l'Asie. Les prix des matières premières pourraient aussi chuter sur les marchés mondiaux. Le DG du FMA appelle les pays arabes à plus de coopération, de coordination et de travail collectif. « Ce qui nous permettra de faire face à ces évolutions en tant que groupe régional influent sur le plan interne et mondial ».

Le gouverneur de la Banque d'Algérie a souligné avant l'importance du projet des statistiques bancaires des pays membres du FMA. Projet qui permettra selon les spécialistes « de savoir où vont les finances et les économies arabes et surtout de coordonner les efforts pour préserver leurs systèmes monétaires d'éventuels chocs».