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Les USA déconseillent à leurs ressortissants la destination Algérie : La caricature américaine

par Moncef Wafi

Washington continue toujours de considérer l'Algérie comme une zone, potentiellement, dangereuse alors que le Département d'État appelle les citoyens américains qui voyagent en Algérie d'évaluer, attentivement, les risques posés à leur sécurité personnelle. Alger riposte et parle de «non-événement».

Le Bureau des Affaires consulaires du Département d'Etat américain a diffusé, ce mercredi, la mouture actualisée de son «Travel Warning» concernant l'Algérie où on évoque menaces terroristes et risques d'enlèvements. Le Département d'État américain continue, donc, à avertir ses citoyens des risques de voyage vers l'Algérie leur déconseillant de se rendre, plus précisément, à l'Est et au Sud où se produisent «la majorité des attentats terroristes, les faux barrages, enlèvements, embuscades». Pour les Américains, même les grandes villes «fortement policées» sont frappées de suspicion puisqu'ils affirment que « les attaques pourraient encore, potentiellement, avoir lieu», dans ces cités. Le «Travel Warning» évoque également «Al-Qaida», dans les terres du Maghreb islamique (AQMI) et le Mouvement pour l'unité et le djihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) qui activent, selon le document US, «dans toute l'Algérie» et de rappeler l'attaque de Tiguentourine orchestrée, en janvier 2013, par Mokhtar Belmokhtar, et la mort de dizaines d'otages, dont trois citoyens américains. «Mokhtar Belmokhtar reste une menace dans la région», prévient Washington. Le document en question parle, également, de la situation sécuritaire aux frontières Est du pays et souligne les risques liés à «la présence d'extrémistes». Mais là où on frise le caricatural, c'est quand le Département d'Etat conseille les citoyens américains, résidant en Algérie, de stocker «des réserves suffisantes de médicaments, de nourriture et d'eau pour une utilisation en cas d'urgence» en prévision de «troubles civils» qui peuvent se produire, donnant comme exemple «les émeutes d'Alger et de nombreuses autres villes». Il appelle, également, les Américains à «éviter les grandes foules et les manifestations», même les manifestations pacifiques susceptibles de «devenir violentes et imprévisibles».

Le Département US dresse le portrait-robot d'un pays en guerre constitue ce qui a fait réagir Alger qui a qualifié ce «Travel Warning» de «non-événement», par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Chérif. Ce dernier précisera qu'il s'agit d'«une version d'un texte routinier et répétitif qui est livré aux ressortissants américains se trouvant en Algérie ou souhaitant s'y rendre pour des considérations liées à la législation de leur pays». Le document appelle aussi les citoyens américains de passage en Algérie «à rester uniquement dans les hôtels où la sécurité est adéquate (?) d'éviter les habitudes de déplacement prévisibles et de maintenir un profil bas». Le département d'Etat évoque, de nouveau, les risques qui pèsent sur son personnel diplomatique, à Alger et considère que la menace potentielle est suffisamment grave pour exiger de son personnel de vivre et de travailler dans des mesures de sécurité renforcées. Les Américains sont conscients que «ces pratiques limitent, et peuvent parfois empêcher le mouvement des fonctionnaires de l'ambassade américaine et la prestation de services consulaires dans certaines régions du pays». Ils rappellent qu'Alger «exige du personnel de l'ambassade américaine à demander l'autorisation de voyager à l'extérieur des limites de la ville d'Alger et d'avoir une escorte de sécurité», tout comme il doit avoir une autorisation pour voyager dans la zone militaire établie, autour du centre pétrolier de Hassi Messaoud. A propos de l'information sur les groupes terroristes qui continuent d'activer en Algérie, le Département de Ramtane Lamamra les comparera tout bonnement à «la prétendue alerte du 4 juillet dernier relative à des risques d'attaques contre des établissements hôteliers, à Alger». On se rappelle que l'ambassade des Etats-Unis à Alger a été fermée, à cette date, à titre préventif comme 21 autres ambassades et consulats américains, à travers les pays arabes et musulmans pour prévenir d'éventuelles attaques d'Al-Qaïda. L'ambassade américaine, à Alger, a demandé, quant à elle, à ses ressortissants d'éviter les hôtels appartenant à des chaînes américaines ou gérés par des Américains, dans la capitale algérienne, en raison de possibles attaques, à l'occasion de la Fête nationale américaine, le 4 juillet, et celle de l'indépendance de l'Algérie, le 5 juillet. Sur son site Internet, l'ambassade évoquait la présence d'«un groupe terroriste non identifié» qui pourrait envisager des attaques, à Alger, «probablement à proximité d'un hôtel d'une chaîne américaine», précisera-t-elle.

Abdelaziz Benali Chérif s'interroge, aussi, sur cet «effet d'accoutumance à des formules stéréotypées qui continuent d'être appliquées à l'Algérie, alors même que notre pays a, en termes stratégiques, défait le terrorisme et pris place, depuis longtemps, parmi les acteurs-clés de la coopération antiterroristes dans le monde».