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Sellal à la célébration du débarquement de Provence

par Abdelkrim Zerzouri

Les célébrations de dates historiques, le débarquement en Normandie (6 juin), le centenaire de la guerre 14/18 (14 juillet) et hier le débarquement de Provence, se suivent en France.

Et cela ne va pas sans une certaine volonté, un peu plus que de coutume, de faire de ces rendez-vous des événements mondiaux, où 27 pays, dont l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger, Madagascar et le Sénégal, naguère sous occupation française, ont été invités à y participer, hier, en tant que témoins, parties intégrantes de batailles décisives pour la liberté, et de rappeler haut et fort les sacrifices du peuple français sur ce plan et le rôle qu'elle entend jouer sur la scène contemporaine. On charrie le passé pour plaider la cause du présent et de l'avenir. « La France entend rester, par les réformes qu'elle engage, la cinquième puissance économique du monde », a déclaré hier François Hollande, lors d'un discours marquant le 70e anniversaire du débarquement de Provence, non sans rappeler l'importance de « l'unité nationale » dans les moments difficiles, en faisant quelques allusions à l'actualité. De son côté, le ministre français de la Défense, M. Jean-Yves Le Drian, a évoqué dans son discours prononcé à cette occasion plein d'autres sujets d'actualité, où la France compte jouer un rôle déterminant. Il rappellera dans ce contexte que « la défense de la paix et de la liberté est un combat constant et de pleine actualité. Je pense à nos amis ukrainiens, libyens, libanais mais aujourd'hui je pense tout particulièrement à nos amis irakiens. Vous le savez, les forces irakiennes et kurdes font face à une offensive majeure du groupe armé terroriste, auto- désigné « État islamique ». Le Kurdistan irakien subit une situation humanitaire effroyable. Je pense aussi aux chrétiens d'Orient, et je n'oublie pas les milliers de yezidis retranchés dans le mont Sinjar, au nord-est de l'Irak. Comme l'a indiqué le président de la République, nous sommes prêts à apporter aide et assistance aux forces engagées contre l'État islamique, qui constitue une menace grave non seulement pour la région concernée mais également pour notre propre sécurité », dira M. Jean-Yves Le Drian.

Ce dernier fera savoir en poursuivant son discours que « François Hollande a décidé de lancer des opérations d'aide humanitaire dans la ville d'Erbil. Deux opérations se sont déjà tenues. L'armée française a livré aux Kurdes d'Irak 18 tonnes de fret dimanche et 20 tonnes hier, contenant en autres du matériel médical, du matériel de campement et des vivres ». Et, emboîtant le pas aux Américains, qui ont procédé ces derniers jours à des bombardements des positions du groupe terroriste auto-proclamé Etat islamique et qui « menace » les intérêts de l'Irak, le président français a annoncé, révèle M. Le Drian, que « la France allait effectuer des livraisons d'armes dans les prochaines heures ». Ces armes, dira-t-il, répondent aux besoins urgents des Kurdes. « L'objectif est d'aider les Kurdes à éviter les massacres. Nous allons continuer notre effort à titre national, en plus de la mobilisation que Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a demandé à l'Union européenne. La France fait son devoir auprès des populations irakiennes, je le répète, pour empêcher de nouveaux massacres », insistera-t-il. Mais, pas le moindre mot sur les massacres commis par Israël contre la population ghazaouie. Les idéaux de la défense de la liberté et de la paix peuvent-ils, moralement, s'accommoder de critères sélectifs ?

Enfin, bien heureuse considération de M. Le Drian, lorsqu'il dira, à l'intention des ex-pays colonisés, « je veux aussi saluer les pays amis que vous représentez aujourd'hui : l'Algérie, le Burkina Faso, Madagascar, le Mali, le Maroc, le Sénégal, autant de pays qui ont, comme d'autres, à la suite aussi de cette contribution historique, recouvré leur indépendance. Il y a soixante-dix ans, vous avez rappelé à la France qu'il n'y avait pas de liberté sans combat ». Pour sa part, le président François Hollande a rendu hier, à l'occasion du 70e anniversaire du débarquement de Provence, un hommage appuyé à l'armée d'Afrique et aux combattants « indigènes », dont la contribution fut, selon lui, « décisive » à la libération de la France en août 1944. « Beaucoup étaient Algériens, Marocains, Tunisiens. On les appelait encore des « indigènes ». Il y avait aussi à leurs côtés les tirailleurs sénégalais, les goumiers, les tabors, les spahis, les zouaves », a rappelé le chef de l'Etat français, lors d'une cérémonie au mémorial du Mont-Faron, qui domine Toulon (sud). « Par leurs sacrifices, ces hommes ont noué entre notre pays et l'Afrique un lien de sang que rien ne saurait dénouer », a-t-il affirmé. Quinze chefs d'Etat et de gouvernement africains, dont M. Sellal en tant que représentant du Président Bouteflika, étaient présents hier en fin d'après-midi à la cérémonie organisée sur le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle, ancré au large de Toulon, d'où ils devaient assister à une parade navale d'une vingtaine de bâtiments de guerre, 13 français et 7 étrangers (britanniques, américain, tunisien, algérien et marocain).

Déclenchée le 15 août 1944, 70 jours après le débarquement en Normandie, l'opération dite «Dragoon» visait pour les alliés - 450.000 hommes, dont environ 250.000 Français - à prendre en tenaille l'occupant allemand pour le contraindre à battre en retraite. « Ils étaient l'armée de toute la France, et même l'armée du monde », a encore dit M. François Hollande. Douze anciens combattants algériens ont accompagné M. Sellal pour assister à la cérémonie, et quatre d'entre eux devaient recevoir l'insigne de chevalier de l'Ordre de la légion d'honneur des mains du président de la République François Hollande.