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Ghaza : Un nouveau cessez-le-feu de 72 heures

par Moncef Wafi

Un adolescent palestinien de 17 ans a été tué hier matin par l'armée israélienne à Deir al-Balah, dans le centre du territoire, ont indiqué les secours locaux. Cela porte à quinze le nombre de Palestiniens tués depuis vendredi. Les avions israéliens ont ciblé une vingtaine d'objectifs dans la nuit de samedi à dimanche, a indiqué Tsahal, qui ajoute que son aviation a opéré près de 150 frappes sur Ghaza en représailles aux tirs de roquettes palestiniens. Au total, 99 roquettes ont été tirées de la bande, selon elle, et sept tirs de roquettes ou de mortiers ont été déclenchés vers le sud d'Israël sans faire de victime ni de dégât. La situation des Palestiniens tend de plus en plus vers une catastrophe humanitaire majeure, avec la mort de près de 2000 Ghazaouis dont au moins 447 étaient des enfants ou des adolescents. Environ 70% d'entre eux avaient moins de 12 ans, selon l'Unicef.

Au Caire, en début de soirée la confusion régnait sur l'entrée en vigueur d'une nouvelle trêve. En effet, après l'annonce faite par les Palestiniens d'un nouveau cessez-le-feu de 72 heures, les Israéliens ont déclaré qu'ils examinaient toujours en début de soirée l'offre.

Un responsable palestiniens avait indiqué à l'AFP qu'un nouveau cessez-le-feu de 72 heures dans la bande de Ghaza avait été conclu entre Israël et les Palestiniens via une médiation égyptienne. Le responsable avait fait état d'un «consensus simultané» des deux parties, ajoutant que l'Egypte allait annoncer officiellement l'heure du début du cessez-le-feu.

Mais, côté israélien, il a été déclaré dans un premier temps que l'offre faite au Caire d'un cessez-le-feu de 72 heures dans la bande de Ghaza était toujours examinée, avant d'annoncer l'acceptation du cessez-le-feu.

«Israël a accepté la proposition égyptienne de cessez-le-feu», a déclaré l'un d'eux au téléphone à l'AFP sous couvert de l'anonymat.

L'Egypte, médiateur entre Israël et les Palestiniens, avait appelé dimanche à un nouveau cessez-le-feu de 72 heures à Gaza à partir de 21h01 GMT. «Alors que l'escalade se poursuit dans la bande de Ghaza et, étant donné la nécessité de préserver le sang d'innocents, l'Egypte appelle les deux parties, Israéliens et Palestiniens, à s'engager à un cessez-le-feu de 72 heures effectif à partir de lundi 00:01 heure du Caire (21:01 GMT dimanche)» et «à travailler, pendant ce temps, à un cessez-le-feu global et permanent», a indiqué le ministère égyptien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Les chances d'arriver à ce cessez-le-feu conclu hier étaient loin d'aboutir. Le pessimisme était d'autant plus grand de voir un nouveau cessez-le-feu entrer en vigueur que les deux parties du conflit avaient décidé de camper sur leurs positions. «Les chances de succès des négociations sont faibles», avait déclaré Ezzat al-Rishq, un haut responsable du Hamas tandis que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a, lui, réaffirmé sa fermeté et son refus de négocier «sous les tirs» de roquettes à l'occasion d'un Conseil des ministres ordinaire tenu hier.

Israël avait rappelé ses délégués au Caire vendredi, et les Palestiniens étaient hier à deux doigts de les imiter. La délégation palestinienne, composée de représentants du Hamas, du Jihad islamique et du Fatah, avait menacé de quitter la capitale égyptienne si les Israéliens ne se montraient pas. «Il est possible à tout moment que la délégation palestinienne rentre pour des consultations avec les leaders», a ajouté Ezzat al-Rishq. Moussa Abou Marzouk, le porte-parole du Hamas, a averti, quant à lui, que «les prochaines 24 heures vont déterminer le sort des discussions».

Le Hamas, qui accuse Israël de refuser d'accéder à ses exigences fondamentales comme la levée du blocus terrestre et maritime imposé par Israël depuis 2006, la réouverture du terminal de Rafah vers le Sinaï et la libération des Palestiniens arrêtés en juin dernier après l'enlèvement de trois étudiants juifs en Cisjordanie, a été piégé en quelque sorte par les Egyptiens qui se sont fendus d'une deuxième feuille de route qui ne reprend pas, ou peu, les revendications palestiniennes. Quant à Israël, son Premier ministre, a refusé de lâcher quoi que ce soit au Hamas proposant même à son allié de circonstance, l'Autorité palestinienne, de jouer un rôle dans ce dossier. Netanyahu a également l'appui des faucons de son gouvernement avec Avigdor Lieberman, le ministre des Affaires étrangères, qui milite pour vaincre militairement le Hamas, réclamant par-là le retour à Ghaza des forces terrestres. «Il faut casser la puissance militaire du Hamas», a renchéri le ministre de l'Intérieur, Gideon Saar, lors du Conseil des ministres d'hier. L'opération «Bordure protectrice», outre les 2000 morts, a aussi mis au tapis l'économie de ce territoire exigu de 41 km de long sur 12 km de large au maximum, sur lequel 1,8 million de personnes coincées entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée tentent de survivre au blocus israélien. Le vice-ministre de l'Economie palestinien, Tayssir Amro, a estimé ces pertes entre trois et quatre milliards d'euros. Un bilan qui ne prend en compte que les dégâts directs et qui pourrait s'alourdir une fois les effets sur la population recensés. Outre des milliers de maisons détruites, c'est l'ensemble des infrastructures du territoire palestinien qui sont à reconstruire.