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Alger : Des prix fous en attendant un retour à la «normale»

par El-Houari Dilmi

Le spectre de la hausse des prix, tant redoutée par les bourses modestes, refait surface cette année encore pendant le mois de ramadhan. Et les spéculateurs qui dominent la quasi-totalité des marchés, continuent de faire la pluie et le beau temps.

En effet, la mercuriale n'a pas attendu le premier jour du ramadhan pour prendre l'ascenseur, les Algériens gardant leurs yeux braqués sur la Coupe du monde et la belle épopée des Verts au pays de la Samba. Les prix ont flambé en ce début du mois sacré face à une demande très forte et des spéculateurs qui s'en donnent à cœur joie. Si les prix fluctuent selon la loi de l'offre et de la demande, le consommateur avec «son comportement irrationnel n'aide pas à réguler la mercuriale alors que tous les produits alimentaires sont disponibles en quantités suffisantes», a estimé le directeur du Commerce de la wilaya de Béjaïa. Autre chiffre qui donne froid dans le dos, sur une moyenne de 60 millions de baguettes fabriquées chaque jour, dix millions atterrissent chaque jour dans nos poubelles, faisant des Algériens les plus gros consommateurs de pain au monde, mais aussi les plus gaspilleurs. Et c'est, paradoxalement, durant le mois sacré où l'on est censé se consacrer à une auto-éducation consacrant, entre autres principes édictés par l'islam, celui de la sobriété et la maîtrise de ses instincts, face, il est vrai, à une offre de plus en plus diversifiée.

A Alger, les prix des viandes rouges et blanches, ainsi que les fruits et légumes ont augmenté dans des «proportions inacceptables» selon les témoignages de nombreux citoyens, cités par l'APS. Scénario habituel qui revient chaque année, les grossistes et détaillants se rejettent la balle. Un commerçant au marché de Ali Mellah, sur la place du 1er Mai à Alger, reconnaît une envolée fulgurante des prix durant ces derniers jours «alors que la mercuriale se trouvait à un niveau très raisonnable il y a à peine une semaine, rejetant la responsabilité sur les marchés de gros qui tirent les prix vers le haut », soutient-il. L'absence de contrôle dans les marchés de la capitale est l'autre motif de colère des citoyens, à l'exemple de ce père de famille qui n'a pas pu remplir son couffin à cause de la « folle augmentation des prix », citant l'exemple de la laitue qui est passée en 48H de 70 à 120 dinars le kilogramme. Même si certains commerçants tablent sur un retour à la normale dans trois ou quatre jours, après un premier jour où les marchés ont été boudés par les jeûneurs.

Une virée dans un marché de la capitale, en ce premier jour du mois sacré, donne le tournis, jugez-en : la pomme de terre à 60 dinars le kilo, l'oignon à 50 DA, la tomate à 80 DA, la salade à 140 DA, soit 100% d'augmentation en moins d'une semaine, sans parler des plantes condimentaires quasi inaccessibles pour les bourses moyennes. De quoi jeûner toute l'année, le prix de la viande ovine atteint des sommets inégalés de 1500 dinars le kilo, le poulet à 300 DA le kilo, alors que les viandes congelées oscillent entre 650 et 800 dinars. La même augmentation n'a pas été enregistrée au rayon des fruits, à l'exemple des pommes cédées à 200 DA le kilogramme, le melon à 50 DA, les raisins secs d'importation à 400 DA, même si les dattes, indispensables à la rupture du jeûne, sont cédées entre 500 et 680 DA le kilo dans certains marchés de la capitale.

Un affolement des prix dû à des «raisons essentiellement psychologiques» selon le directeur du Commerce de la wilaya d'Alger, appelant les citoyens à «rationaliser leurs consommations dans un marché où le jeûneur a l'embarras du choix», a-t-il indiqué.