Le phénomène des
constructions illicites renaît de ses cendres à chaque fois qu'on croyait qu'il
était éradiqué, constatent amèrement les citoyens de la ville des ponts,
soucieux du visage que doit présenter leur cité qui s'apprête à accueillir,
l'année prochaine, les élites culturelles arabes qui l'ont élue capitale de
leur culture pour une durée de douze mois consécutifs.
Des individus sans
scrupules, qui spéculent sur ce facteur pour essayer d'obtenir des autorités un
logement qu'ils revendront par la suite, continuent de bâtir des constructions
illicites qu'ils élèvent sur les cendres des sites précaires, évacuées
dernièrement de leurs habitants qui ont bénéficié de logements neufs dans les
nouvelles cités de la grande agglomération constantinoise. Que de fois, les
citoyens des quartiers visés par ces constructions pirates nous ont appelés
pour nous signaler les menées nocturnes de ces individus qui reprennent les
carcasses des habitations dont la démolition n'a pas été bien menée par les
engins de la mairie qui étaient intervenus immédiatement après l'évacuation des
sites. «Malheureusement, c'est la vérité, a reconnu, hier, un élu de l'APC de
Constantine que nous avons interrogé sur le dossier. Les carcasses sont
reprises par ces individus qui n'hésitent pas à défier les autorités en
érigeant des constructions illicites sur les sites détruits. Les services
concernés de la mairie, ceux des réalisations comme ceux de l'assainissement,
ont constaté à leurs dépens que ce phénomène prolifère dans tous les quartiers.
Ils ont procédé à des recensements qui leur ont révélé que le nombre des
constructions illicites est en augmentation constante. Par exemple, au niveau
du quartier de Boudraa Salah, nous avons compté dernièrement plus d'une
quarantaine de ces constructions illicites. Dans celui de Sarkina, dans le
piémont de Djebel Ouahch, un peu plus bas à la cité La Bum, à celle de Sakiet
Sidi-Youssef et partout ailleurs, les chiffres des constructions élevées illicitement
approchent celui que l'on vient de citer. Et cela continue». Comme l'ont
signalé les citoyens, il confirme que les fraudeurs opèrent à la faveur de
l'obscurité et arrivent à «monter», d'une façon sommaire, des habitations en
une seule nuit. Pressé de questions, cet élu, qui a consenti à parler sous le
sceau de l'anonymat parce que le sujet est placé, dans la conjoncture politique
présente, dans la rubrique des questions sensibles dont il faut reporter le
traitement à plus tard, a ajouté que les autorités locales sont parfaitement au
courant de la prolifération de ce phénomène rampant. Mais elles ont reçu des
instructions de la tutelle supérieure leur enjoignant d'éviter d'intervenir
pendant la période électorale. «Mais, pour ne rien vous cacher, a poursuivi
l'élu, la daïra et la commune préparent discrètement dans l'atmosphère feutrée
des bureaux des administrations concernées, les plans d'intervention et un
programme pour les brigades d'intervention destinés à éradiquer toute
construction illicite qui a été élevée sur les anciens sites précaires évacués.
Cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Et pour vérifier nos dires, nous vous
donnons rendez-vous pour après les élections. Il y a une réelle volonté de
l'administration de mettre fin à ces pratiques qui minent les efforts de
développement local». Et cela est d'autant plus vrai, ajouta notre
interlocuteur, que la tolérance n'est plus de mise maintenant que les autorités
locales sont contraintes d'assainir tout l'environnement de la capitale de
l'Est pour lui donner un visage propre et accueillant pour tenir la
manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015».