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Violences à Ali-Mendjeli : Le wali de Constantine rencontre les associations de l'UV 14

par Abdelkrim Zerzouri

C'est dans des moments très difficiles pour les habitants de l'UV n° 14 à Ali-Mendjeli, durement éprouvés par les affrontements violents entre bandes rivales, que la wali a cru bon d'organiser une rencontre ce jeudi 3 avril avec les associations du quartier pour débattre de leurs préoccupations.

La situation dans ce quartier va de mal en pis, la cité est devenue tout simplement invivable et dans un climat de terreur permanent. Les habitants qui ont saisi l'occasion de la présence du wali et des hauts responsables des services de sécurité qui l'accompagnaient sur les lieux samedi dernier n'ont pas manqué de lui faire part de leurs angoisses face aux risques qui pèsent sur les familles dans des circonstances où plus personne n'est en sécurité avec cette montée de la violence qui dévaste tout sur son passage. Selon certains habitants, ceux qui ont sollicité le wali pour trouver une solution à leur désarroi et qui ont été reçus dans son bureau, ont révélé la préparation d'une marche que compte organiser les habitants de l'UV n° 14 pour crier leur ras-le-bol et lancer un SOS aux autorités pour une meilleure sécurisation des lieux. «Lorsque les choses se gâtent, la plupart des habitants ne vont pas au travail, vu l'impossibilité de laisser les gosses et les mères seuls dans un environnement sauvage, et c'est là un autre souci pour les pères de familles qui vivent dans l'angoisse de perdre leur gagne-pain», relèvent dans ce contexte des habitants. De graves développements du conflit sont donc perceptibles, surtout après l'embrasement vécu durant la semaine écoulée, et le chef de l'exécutif local devrait déployer toute son énergie pour apaiser les esprits, notamment à la veille du scrutin du 17 avril prochain.

D'où le sentiment largement partagé au sein des habitants qui fait croire que cette rencontre avec les associations ne sort pas d'une volonté des pouvoirs publics d'apporter un remède conjoncturel, tout juste un calmant, en attendant de passer le cap des élections présidentielles? «et puis, est-ce qu'il existe des associations dans ce quartier avec lesquelles on puisse sérieusement parler de la violence qui déchire l'UV n°14 depuis six mois ?», ne manque-t-on pas de s'interroger non sans pertinence. Si l'on excepte de parler des associations du temps où ces résidents vivaient dans des bidonvilles, il n'existe aujourd'hui aucune association active à l'UV n° 14, soutient-on.

Ajoutant dans cet ordre d'idée que personne ne veut s'engouffrer dans ce conflit où le seul langage privilégié est celui des épées et des cocktails Molotov. «Les gens ne peuvent pas s'afficher en tant que représentants des habitants et affronter les bandes mafieuses, car ils seraient dans ce cas dans l'obligation d'assumer leur responsabilité et dénoncer les malfrats à l'origine des troubles violents.

Qui peut prendre pareil risque et livrer les siens à la vindicte ?», estiment plusieurs habitants. Ces derniers précisent qu'il s'agit de dénonciations réciproques, les habitants de Fedj Errih dénoncent ceux de Oued El Had, et ces derniers font la même chose dans le sens inverse, il n'y a aucun accord dans le fond pour sortir de cette situation cauchemardesque. Peut-être les autorités réussiront-elles à calmer momentanément les esprits, comme ce fut le cas lors d'une récente initiative de conciliation menée par les élus locaux de la commune d'El-Khroub, avec à leur tête le P/APC, en l'occurrence le professeur Abdelhamid Aberkane, qui avaient réunis des habitants de l'UV n° 14 autour d'une table garnie de pâtisserie pour signer un pacte de paix, mais il s'est avéré plus tard que ceux qui ont mangé les gâteaux n'avaient aucune emprise sur le conflit dont les hostilités avaient d'ailleurs repris de plus belle quelque temps après ce conciliabule. Bien sûr, même si l'initiative conjoncturelle prend sa légitimité dans le rôle d'un commis de l'état, il serait faux de croire que le wali souhaite uniquement apporter à travers cette rencontre un palliatif temporaire pour passer le scrutin dans le calme.

Le chef de l'exécutif n'a pas raté une seule occasion depuis son arrivée à Constantine pour appeler le mouvement associatif à s'organiser en force de proposition, en tant que partenaire solide pour apporter des solutions efficaces aux préoccupations des populations, et pas seulement aujourd'hui à l'UV n° 14, plaident d'autres avis au sein de la société civile. Estimant à ce propos que les habitants ont, eux aussi, leur part de responsabilité et doivent de ce fait participer aux efforts pour dégager une solution radicale aux problèmes qui leur empoisonnent l'existence. Attendons, donc, les débats et les décisions qui découleront de cette rencontre avant de tirer toute conclusion hâtive.