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Sellal à Béchar : Construire un Etat moderne et fort

par Ghania Oukazi

C'est sous un vent violent que l'avion du directeur de campagne de Bouteflika a atterri, hier, à l'aéroport de Béchar. Première étape, une prise de parole en ville, suivie dans l'après-midi d'une virée vers zaouiet Sidi M'hamed Benbouziane de Kenadsa.

Troisième région militaire, la wi-laya de Béchar est de fait une wilaya garnison. Elle l'est d'autant parce que c'est une région frontalière du sud-ouest du pays. Elle partage des frontières longues de 600 km avec le Royaume du Maroc. Elle est à 130 km d'un des points frontaliers. L'une de ses daïras, Beni Ounif, elle, est à peine à 7 km de Figuig la marocaine. La région se doit de faire face à une pression constante d'un trafic de drogue dont l'intensité a augmenté d'une manière fulgurante, ceci, depuis que les mouvements de contestation secouent le monde arabe. La drogue semble constituer aujourd'hui une arme redoutable pour déstabiliser l'Algérie qui a réussi, à ce jour, à ne pas céder aux sons des sirènes qui appellent «au changement».

Abdelmalek Sellal parlera de tout ça lorsqu'il prendra la parole devant une foule dense. La salle omnisports de la ville était pleine à craquer dès le début de l'après-midi. C'est sous les sons joyeux du gnaoui, région réputée pour ce genre de musique, que les partisans de Bouteflika l'ont attendu. Son entrée se fera sous les youyous, les acclamations et des cris stridents, à la limite de l'hystérie. Il commencera par saluer les jeunes venus nombreux. Il convoquera l'histoire pour rappeler le passé révolutionnaire de la région et sa participation dans la guerre contre le colonialisme français. «Béchar est une région de moudjahidine (?), Béchar est connu pour ses martyrs», dit-il. «Bouteflika, le moudjahid, est avec vous, il est connu à Béchar, en février 1957, il vivait ici dans la montagne El Louz», ajoute-t-il. Rappel des réalisations et promesses pour «donner à Béchar plus d'eau pour son agriculture». Paix, sécurité et retour de l'Algérie «dans le concert des nations». Sellal note : «Aujourd'hui, les grands de ce monde rendent visite à l'Algérie». Il fera de la problématique de la stabilité un leitmotiv. Comme il se trouve dans le sud du pays, son évocation de la rente pétrolière et «de son partage équitable» se sont imposés, «pour qu'il n'y ait aucune différence entre le Nord et le Sud, pour ce qui est de l'emploi, l'investissement (?)». Et parce que la région est frontalière et que la contagion de la déstabilisation fait désormais partie de «la politique», Sellal se fera un devoir de parler longuement des jeunes et de leur «encadrement par l'éducation et l'emploi, les droits, les libertés individuelles et collectives?». Le dialogue et le savoir sont évoqués pour «développer la société». Pour en faire «des hommes libres et nous le resterons jusqu'à la fin de nos jours». Il estime que «seul Bouteflika peut aller loin, loin, pour construire une Algérie forte et puissante». Il promet que «nous serons un pays fort et leader dans la région et en Afrique, nous devons aller de l'avant pour construire un Etat moderne et fort, pour montrer que nous sommes une grande civilisation». Il appelle à «un vote massif le 17 avril, notamment les jeunes (?)». Il lancera à tue-tête que «ceux qui doutent de nous, nous devons leur montrer que hna charika gadra».

C'est en fin d'après-midi que le directeur de campagne de Bouteflika fera un détour de 25 km pour aller à Kenadsa, précisément à la zaouïa de Sidi M'hamed Benbouziane, Saint homme de la région. Il fera comme il a fait lundi dernier dans la wilaya de Relizane lorsqu'il s'est rendu dans la zaouïa de Sidi M'hamed Benaouda, Batache, El Fliti Khams Khmous. Il prendra la baraka des chouyoukh, disciples et gardiens de la zaouïa du cheikh Benbouziane. Couscous et pain traditionnel ont garni les tables comme au temps des waâdat.