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Sur les positions des ex-hauts responsables

par Abdellatif Bousenane*

Pourquoi les anciens Premiers ministres et un grand nombre de ministres dans notre pays se convertissent à l'opposition?

C'est un phénomène très intéressant à observer et analyser. De Abdela-hamid Brahimi à Ali Benfils en passant par Mouloud Hamrouche, Sid Ahmed Ghozali, Mokdade Sifi et Ahmed Ben Bitour, ils ont tous occupés le poste du premier ministre, ce qui est une haute fonction au sein de l'état.

S'agit-il d'un éveil de conscience si tardif ? De règlement de compte avec leurs ex-amis ?

Tout simplement, d'un simple jeu classique de la politique politicienne, c'est à dire, quand je ne suis plus au pouvoir je serai automatiquement dans l'opposition ? Ou plutôt d'une maladie chronique chez nos hommes politiques qui est l'attachement pathologique au pouvoir (l'amour du KOURSSI) ?

D'abord, dans la logique des choses basiques, n'importe quel pouvoir politique au monde est dans l'incapacité d'inclure tous les gens désireux d'être aux manettes du pouvoir, pour une très simple raison : l'obstacle numérique, c'est à dire, leurs nombre très élevé. Si on compte le nombre de nos anciens premiers ministres, anciens ministres et anciens hauts fonctionnaires de l'état, on a de quoi remplir une salle vide lors d'un meeting de la campagne électorale. Ce phénomène est dû, peut être, à la faiblesse flagrante, justement, de l'opposition politique, qui n'arrive même pas à mobiliser une petite partie de la population, et qui crie toujours au complot du pouvoir contre elle. Cette même opposition nous interdit de parler du grand complot international contre l'état algérien sous prétexte que la théorie du complot est complètement dépasser «c'est ringard».

Une autre question plausible. Ces ex-hauts responsables, peuvent ils faire ce qu'ils n'ont pas pu le faire quand ils étaient aux manettes ? Ces mêmes personnes parlent de renouvellement et de changement alors qu'eux même occupent la scène depuis au moins 35 ans ! Contradiction ! Pire encore, le point commun entre tous ces anciens serviteurs de l'état, c'est le fait d'avoir dirigés le pays dans les années 1980 et 1990. On connaît le résultat de ces deux décennies : le pays fut, tout simplement, ruiné.

Ce qui me stupéfie le plus dans cette question, c'est que ces fils du «système» et malgré leurs longue et grande expérience dans les rouages du pouvoir, ne sont pas encore compris la complexité et la profondeur de la problématique du développement, pas seulement en Algérie, mais dans tous les pays du tiers monde, ils continuent ainsi à parler d'une facilité et légèreté scandaleuses concernant ces problèmes là, disant, en gros, c'est la faute au «système» ! Mais, au nom de dieu, dites nous qu'est ce que c'est qu'un «système» ?

Je pense que, l'incapacité de ces ex du «système», à construire un discours pertinent et une analyse rational à notre problématique, nous renseigne sur les raisons de leur échec lorsqu'ils étaient au pouvoir.

Ceci étant dit, je ne mets pas tout le monde dans le même sac, car il existe parmi eux des personnes plus intègres que d'autres, beaucoup plus sincères que d'autres et plus soucieux de l'intérêt général du pays que d'autres. On peut faire la distinction, bien évidement, entre ceux qui ont une fidélité implacable au pays et ceux qui ont des positions farfelus, mettant ainsi leur bien être par-dessus tout et peuvent, même, aller comploter avec des intelligences étrangères contre les intérêts de leurs propre pays.

* Docteur en sociologie politique.