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Les cheminots en grève : Grosses perturbations sur le rail
par Abdelkrim Zerzouri
Les traditionnels usagers du rail ont dû déchanter hier matin lorsqu'ils
se sont aperçus à leur arrivée aux gares ferroviaires que tous les trains de
banlieues «est» et «ouest» d'Alger étaient à l'arrêt.
Le rail a été paralysé par une grève inopinée des cheminots, et pas
uniquement dans le centre du pays, car le trafic des trains de longues
distances a subi aussi une perturbation à l'est et à l'ouest du pays. La colère
qui couvait dans les rangs des cheminots depuis des mois a débouché sur ce
mouvement de contestation qui a pris de l'ampleur dès les premières heures de
la matinée, car la grève s'est propagée comme une traînée de poudre à travers
toutes les régions ferroviaires du pays. C'est que la revendication
essentielle, concernant un rappel des salaires de 36 mois, touche tous les travailleurs
sans exception. « C'est une revendication fondée et légitime qui date de
plusieurs mois », indique un membre du bureau de la commission de préparation
du congrès des transports, M. Fayçal Benzitouni. Plus explicite à propos de la
revendication en question, ce dernier ajoute que « lors de la transition opérée
en 2010 entre l'ancienne et la nouvelle grille des salaires, des omissions ou
des erreurs de calcul ont soustrait des sommes d'argent dans les salaires des
travailleurs, et cela a été prouvé par des experts. Aujourd'hui donc, les
travailleurs exigent le reversement des sommes défalquées avec effet
rétroactif, atteignant au total 42 mois. Mais, comme l'entreprise a versé des
rappels de six mois sur les soldes de janvier, février et mars, il reste encore
36 mois à régler ». Notre interlocuteur tiendra à souligner qu'il s'agit là «
d'un ancien dossier que l'administration aurait pu traiter et régler depuis
plusieurs mois, et ne pas laisser les choses aller vers le pourrissement ». En
tout cas, « le rail est paralysé par la grève et son issue dépendra de la
réponse de la direction de la société à la revendication principale qui
concerne un rappel de 36 mois », soutiennent en chœur les cheminots que nous
avons pu joindre hier. Bien sûr, cette protesta a provoqué d'énormes
désagréments pour les voyageurs qui ont dû recourir à d'autres moyens de
transport pour rejoindre chacun sa destination. Nous apprendrons dans ce
sillage que des négociations ont aussitôt été engagées avec la direction
générale de la SNTF pour désamorcer le conflit. Contacté par nous, le directeur
général de la SNTF, M. Yacine Bendjaballah, confirme l'engagement des
discussions avec les grévistes pour trouver un terrain d'entente et mettre fin
au mouvement de protestation. Le DG de la SNTF considère qu'il s'agit « d'une
grève subite qui n'obéit à aucun cadre réglementaire », tout en insistant sur
le fait que la trésorerie de l'entreprise ne permet pas de prendre en charge la
masse salariale générée par ces rappels de 36 mois. « Nous avons lors de nos
discussion avec les représentants des travailleurs exigé l'arrêt de la grève,
tout en leur rappelant cette incapacité financière de l'entreprise à satisfaire
la revendication des travailleurs, et nous leur avons assuré que les préoccupations
des travailleurs seront transmises à des échelles supérieures où elles
pourraient trouver une issue satisfaisante », a indiqué M. Yacine Bendjaballah.
Celui-ci n'a pas éloigné le fait que cette manifestation soit manipulée dans un
dessein de campagne syndicale agitée par certaines parties à la veille d'un
congrès pour la désignation des délégués du personnel du secteur des
transports. Campagne syndicale probable, « mais en aucun cas il ne faut
conclure que le mouvement cache des velléités politiques », dira pour sa part
M. Fayçal Benzitouni, ajoutant à ce propos que les revendications des
travailleurs sont « légitimes et d'ordre purement socioprofessionnel ».
N'empêche que la protesta tombe mal. Le contexte appelle au calme en cette
période de campagne électorale où, justement, beaucoup d'autres secteurs
d'activités, à l'enseigne des travailleurs du complexe d'El-Hadjar, ont mis en
veilleuse leurs doléances pour l'après 17 avril. Hier en fin d'après-midi les
négociations allaient bon train et toutes les parties, y compris les usagers
traditionnels de ce moyen de transport, espéraient qu'on arrive à un compromis
qui permettrait la reprise du trafic.
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