Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Les femmes chefs d'entreprises veulent leurs parts des marchés

par A. Mallem

Après la corporation des architectes, les femmes cheftaines d'entreprises affiliées à la section de l'Est de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), sont montées hier au créneau pour exiger une distribution équitable des projets de développement.

Cela s'est passé hier au siège de la wilaya à la cité Daksi lors d'une rencontre avec le wali de Constantine. Exigeant leur part du «gâteau», les femmes entrepreneurs ont décrit avec détails leurs rapports avec l'administration et dénoncé la pratique de celle-ci. L'une d'elle, propriétaire d'une entreprise industrielle montée en 1998, dans le cadre du dispositif Ansej, et qui s'est lancée dans la fabrication des tuyaux flexibles, a dénoncé les pratiques de l'administration en affirmant qu'il est «malheureux de le constater, mais aujourd'hui les projets et les marchés se discutent entre hommes et sont attribués dans les cafés, à la sortie des mosquées et ailleurs, et ce grâce à la procédure de gré à gré». Ses collègues qui sont également intervenues n'y sont pas allées avec le dos de la cuillère et ont vidé leur sac en parlant des difficultés majeures qu'elles rencontrent dans leur travail. «Le problème le plus important que nous rencontrons nous, femmes cheftaines d'entreprises, c'est l'absence d'un plan de charge. Nous employons une masse ouvrière, nous payons des impôts, des charges et nous avons des frais auxquels il faut faire face sous risque de mettre la clé sous le paillasson». Et Mme Aloui Khemissa, secrétaire générale de la section de l'Est de la CGEA de compléter en disant que les femmes cheftaines d'entreprises demandent une distribution équitable des projets de développement lancés par les pouvoirs publics. «Parce qu'elles contribuent au développement de l'économie du pays et, à ce titre, elles doivent avoir les mêmes droits et devoirs que les hommes», dira-t-elle.

En plus de cette contrainte majeure qui freine leurs activités, ces femmes ont évoqué beaucoup d'autres problèmes se rapportant au champ d'action de leurs activités qui se situent notamment au niveau de l'étude et de la réalisation. L'une d'elles qui dirige un bureau d'ingénierie civile a signalé les problèmes qu'elle a rencontrés à la daïra d'ibn Ziad quand elle a déposé une soumission pour un projet de confortement d'un CEM. Et en fin de compte, le projet a été donné à un architecte, «alors que l'architecte n'a pas pour vocation de faire des travaux de confortement», a-t-elle contesté. Elle ajoutera d'autre part qu'elle n'avait pas trouvé les archives concernant la réalisation de cet établissement réalisé il y a quelques années. Une autre a demandé pourquoi l'application de la loi n°08-15 sur la finition des constructions inachevées est bloquée.

Dans sa réponse, le wali a essayé de relativiser le problème de la marginalisation des femmes cheftaines d'entreprise, en citant beaucoup de cas où celles-ci sont parties prenantes des projets. Il reconnaîtra ensuite que le problème architecte ingénieur se pose effectivement et au secteur concerné, en l'occurrence le ministère de l'Urbanisme, d'y répondre. «Le problème des archives est réel, dira aussi le wali ; on peut facilement trouver des archives de 1945 d'un réseau d'AEP ou d'assainissement que celles d'un CEM construit il y a seulement cinq ans !».