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MAGHNIA - Industrie de confection : des mesures de relance tronquées

par Cheikh Guetbi

Fleuron industriel local en terme de production et de création d'emploi, l'entreprise spécialisée dans l'industrie manufacturière «Tafna Confection» n'a pas échappé à la crise structurelle qu'a traversée l'industrie textile depuis 1990. Sévèrement touché par la récession qui a touché le secteur, «Tafna Confection» semble, grâce à une jeune équipe animée par la volonté de relever le défi du redressement, renaitre de ses cendres contrairement aux 50% des unités de confection du secteur privé du pays qui ont fermé depuis. Créée en 1965 sous la dénomination de Sonac pour la confection de la chemiserie, rattachée ensuite à la Sonitex en 1976 puis à l'Ecotex en 1982, date où elle s'est démarquée dans l'habillement professionnel, cette entreprise, qui a subi ensuite un marché totalement déstructuré par la concurrence engendrée par les importations massives de produits contrefaits et de friperie, a connu bien des difficultés et des remous origine de sa déconfiture. Dans le cadre de la réorganisation structurelle du secteur de l'industrie textile décidée par les pouvoir publics après l'effondrement de la production dont l'indice est passé de 100 en 1989 à 28,5 en 2001, l'unité « Tafna confection » du groupe C&H(confection et habillement) a été engagée dans un programme de mise à niveau du système de management de la qualité ISO 9001/2008 dont elle est certifiée et a renouvelé tous ses équipements désuets par de plus modernes et plus performants tels des machines automatiques de piquage, de coupe et de finition. La formation est un autre créneau auquel la jeune équipe dirigeante accorde beaucoup d'importance pour que la qualité et la productivité soient à la mesure de l'investissement. Avec un jeune effectif de 132 salariés d'âge moyen de 33 ans, l'unité, qui commence à séduire par la qualité de ses produits, tente difficilement de remonter la pente en comblant progressivement les failles telles les compétences que les dernières mesures du départ obligatoire en retraite ont contraints à décrocher. « Le départ en retraite forcé a quelque peu vidé l'usine de son âme. Il nous a privé, à titre d'exemple, de notre seul modéliste, (poste clé) qui, du point de vue expérience, est irremplaçable, d'autant plus que cette spécialité est très rare sur le marché du travail », dira le jeune directeur de l'unité lequel compte se tourner vers le centre de la formation professionnelle pour une éventuelle possibilité de formation conjointe de modélistes. En plus de la rareté et la médiocre qualité de la matière première locale auquel elle est continuellement confrontée, l'unité s'inquiète de l'instabilité des postes que la grille des salaires engendre. En effet, des salaires dérisoires en regard aux conditions de travail à la chaine sont à l'origine de mouvements incessants des travailleurs. «Nous perdons continuellement des travailleurs, formés dans le poste, lesquels préfèrent aller dans des unités privées où ils sont mieux rémunérés », s'inquiète le directeur de l'unité lequel n'hésite pas à nous citer l'exemple de ce cadre, formé localement, qui touchait l'insignifiant salaire de moins de 20.000 DA et qui a quitté l'unité pour une boîte anglaise activant en Algérie où il touche un salaire mensuel de 11 millions? des salaires des cadres ne dépassant pas les 3 millions et ceux des ouvriers de 2.3 millions ne sont pas pour stimuler les travailleurs qui sont pourtant confiants en l'avenir. Ouvriers et encadrement évoluent dans un cadre amical et enthousiaste et assurent une production relative qui a fait évoluer de 5% le chiffre d'affaire par rapport à 2012 et ce dans l'attente de jours meilleurs. La refonte générale des capacités et des modes de production de l'unité lui ont permis de faire face à d'importantes commandes de vêtements professionnels dont la dernière de 100.000 parkas pour la DGSN. Un plan de charge actuel de 5 années est en soi un indice encourageant et révélateur d'un potentiel qui mérite intérêt, égard, soutien et?rétribution proportionnels à l'effort avant l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du Commerce, un danger imminent qui risque de dissoudre les unités frileuses du paysage industriel textile.