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Sellal à Skikda : Le carburant et la sécurité des sites gaziers

par Notre Envoyée Spéciale A Skikda : Ghania Oukazi

C'est une région où les gazoducs s'entremêlent dignement au niveau de grands complexes de liquéfaction de gaz naturel que Abdelmalek Sellal a visité hier.

Les vents étaient violents et les pluies battantes tout le long du trajet qui a mené la délégation officielle de l'aéroport de Annaba à la ville de Skikda. Parce que ce fleuron de l'industrie gazière qu'est la wilaya de Skikda n'a pas d'aéroport. Ses visiteurs doivent descendre à Constantine (90 km) où à Annaba (100km). Comprise entre l'Atlas tellien et la Méditerranée, Skikda a une très belle côte qui s'étend sur 140 km. «Et nous, nous manquons de sardines,» a lancé un représentant de la société civile au 1er ministre. Peut-être avec l'élargissement du port de Stora, l'assiette des Skikdis sera garnie de bons poissons? En tout cas, un des objectifs de cette réhabilitation du port vise «la promotion du tourisme nautique et de masse.» Seulement, le front de mer de la ville sur lequel la superbe plage «Jeanne d'Arc» projette ses écumes, n'a aucune structure hôtelière ni touristique digne de ce nom. Pourtant, la nature a été très généreuse avec cette région. «Rusicadia» la romaine a tout pour être belle. Depuis qu'on l'a appelée Skikda, on s'est contenté de la fragmenter en 13 daïras et 30 communes dont 19 rurales. Elle a vu se multiplier les affreuses cités-dortoirs (elle-même en est une), ses constructions où l'on se moque des normes et règles de l'esthétique. C'est vraiment à l'image de toutes les autres cités du pays où le béton a pris ses aises sous l'égide de la bêtise humaine.

Qu'à cela ne tienne ! On a voulu faire de Skikda un pôle de l'industrie gazière. Le choix n'a pas été difficile, il s'est même imposée parce qu'elle en a les potentialités. Son complexe gazier s'étend sur 1275 hectares et possède 21 unités de divers gabarits et services (production GNL, propane?, stockage et autres?). Mais on relève dans la fiche technique de la wilaya que la région était raccordée en gaz naturel à peine à 21% en 1999 et aujourd'hui, elle est encore à peine à 51%.

LES CARBURANTS ENTRE PROMESSES, PENURIES ET CONTREBANDE

Il y a certainement un manque d'imagination qui oblige à voir «petit» dans un pays qui est pourtant grand. Promesses des concepteurs du projet de réhabilitation, de modernisation et d'extension de la raffinerie RA1K achevées en 2013, que «les nouvelles unités couvrent les besoins nationaux en essence normale, super et sans plomb, gasoil, kérosène et autres dérivés.» Peut-être que les grandes pénuries en ces matières qui ont bloqué le pays à plusieurs reprises notamment à l'Ouest, seront définitivement oubliées même si elles sont provoquées plutôt par l'importante contrebande qui sévit dans ces régions, de surcroît en frontières fermées. Et que l'Algérie n'importera plus d'essence à l'avenir?

Ceci étant dit, la visite par le 1er ministre du complexe méga-train de liquéfaction de gaz naturel (GNL3K), titille la fierté des plus hostiles des Algériens. C'est véritablement une belle œuvre de richesses «garanties». Lancés en 2004, les travaux de la construction du nouveau complexe ont commencé en 2007 et achevés en décembre 2013. Il est tout neuf et beau à voir. La raffinerie dans son ensemble, produit du GNL, du butane, propane, éthane, gaz enrichi en hélium en plus de produits dérivés.

DE NOUVELLES MESURES POUR SECURISER LES SITES GAZIERS

Le complexe (avec ses anciennes unités) couvre les besoins du pays en ces produits à hauteur de 60% et en exporte les 40% restants. Il possède 163 unités de stockage. Il garde de ses produits, des stocks pouvant couvrir 25 à 30 jours, selon les estimations des responsables de la raffinerie. L'on prévoit de créer pour son fonctionnement plus de 10 500 emplois. Il est aussi dit que tous les services administratifs ont été externalisés «pour avoir plus de place en prévision de la construction d'un nouveau méga-train et développer d'autres projets.»

Notons que ce complexe a été réalisé sur une plateforme où se trouvaient d'autres unités anciennes qui ont été complètement rasées. Des unités qui posaient de sérieux problèmes d'obsolescence d'équipements et d'installations. Restent encore d'autres unités vétustes qui doivent, selon les responsables, être détruites pour en construire d'autres modernes. Un cahier des charges sera élaboré pour cela «à l'international» durant l'année en cours. L'un de ses responsables avait précisé fièrement que la raffinerie a été construite tout en restant en production. «Nous n'avons pas eu de problème,» a-t-il dit. Mais le ministre de l'Energie et des Mines l'a repris pour souligner qu' «il y a eu quelques incidents.» Il a été signalé au niveau des anciennes unités que leur sécurisation a obligé entre autres mesures, à revoir à la baisse le nombre de véhicules qui y accédaient ainsi que celui des personnels. De 750, les premiers sont passés récemment à 450 et les seconds de 38 000 à 14 000 personnes. La sale affaire de Tiguentourine a été certainement pour beaucoup dans l'initiation de telles mesures «restrictives». Les personnels «non admis» seront employés sur d'autres sites nouveaux. Avec Sonatrach comme maître d'œuvre, la construction du GNL3k a été faite par une firme américaine.