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Enième crise et
énième solution pour l'un des produits les plus consommés en Algérie: le lait.
Face à une filière très mal organisée en dépit des multiples mesures de
soutien, notamment à la production de lait cru et d'importation et d'élevage de
génisses, le marché national du lait et dérivés vit des crises cycliques
pratiquement depuis les années 1990. Pourquoi les années 1990 ?
Parce que à cette époque, l'Algérie, qui avait introduit les importations de poudre de lait comme stratégiques, s'est subitement retrouvée en cessation de paiement, et n'a dû sa survie qu'à une intervention d'urgence du Fonds monétaire international (FMI) qui avait accordé au pays une ligne de crédit de 1,7 milliard de dollars adossée au fameux plan d'ajustement structurel (PAS). Mais, depuis cette période, aucune solution durable n'a été mise en place pour que cette filière soit vraiment capable de répondre aux besoins d'un marché en croissance constante. Et, surtout, un marché qui dépend toujours de deux facteurs de grande instabilité structurelle: les prix de la poudre de lait sur le marché international et la dépendance de l'Algérie de ce même marché. Fatalement, et sans que les autorités ne le claironnent sur tous les toits, la hausse en fin d'année des prix de la poudre de lait de 100% (2500 dollars à 5.000 dollars la tonne) sur le sillage d'une baisse de la production néo-zélandaise, la Nouvelle-Zélande étant le premier producteur mondial de poudre de lait, a provoqué un flottement chez les producteurs, notamment ceux qui importent la poudre de lait et la conditionnent en Algérie. Ces opérateurs ont évidemment procédé à une légère révision à la hausse de leurs prix, ce qui a provoqué un rush sur le sachet de lait, produit par les laiteries. Ce mouvement de panique des consommateurs a ainsi provoqué une tension sur le lait et sur le rythme de production des laiteries, notamment celles du centre du pays et, par ricochet, les autres régions. Au point que le Premier ministre intervienne pour demander des solutions urgentes et notamment la disparition du sachet en plastique et son remplacement par le papier carton. Suffisant donc pour que les ministères concernés soient appelés à réagir. Le ministère du Commerce, qui n'a rien vu venir de cette mini-crise, a annoncé ainsi que de nouvelles mesures visant à satisfaire le marché national en lait en sachet seront prises prochainement. Mais il a conditionné ces mesures par les résultats de l'enquête qu'il avait ouverte la semaine dernière pour ?'débusquer'' les raisons qui ont provoqué cette crise. «Les conclusions de cette enquête, qui est toujours en cours, vont nous permettre de nous situer et de prendre des mesures réglementaires en coordination avec toutes les parties concernées», a indiqué le directeur général de la Régulation et de l'Organisation des activités au ministère du Commerce, Abdelaziz Aït Abderahmane, cité par l'APS. Cette crise du lait en sachet subventionné avait touché plusieurs wilayas du pays. «Le lait en sachet est disponible ; donc on ne peut pas parler d'une pénurie. C'est une sorte de pression sur l'offre suite, entre autres, à une forte demande», selon le même ministère. Le représentant des distributeurs de lait à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Farid Aoulmi, motive la crise vécue à Alger par la diminution des quotas qui lui sont alloués par la laiterie de Birkhadem en 5 à 20% pour les affecter aux wilayas de Blida et Tipasa. Pour autant, le ministre de l'Agriculture estime, quant à lui, que ?'la production du lait est largement suffisante'', et a appelé les producteurs ?'à faire preuve d'honnêteté dans l'utilisation de la poudre subventionnée», a-t-il déclaré lors d'une visite au siège et entrepôt de l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL). «Les pouvoirs publics se sont engagés à assurer l'approvisionnement en matière première, mais les transformateurs doivent utiliser cette matière à bon escient», a-t-il ajouté. En clair, il accuse les producteurs de détourner la poudre de lait, destinée pour la production laitière, au profit de la production de yaourts, petits-laits, fromages, ... Et c'est quelque part là que se situe le vrai problème du lait en Algérie. Car, lorsque les prix de la poudre de lait sont bas sur le marché mondial, les producteurs de produits dérivés et particulièrement les fromageries et les yaourtières ne touchent pas la matière première des laiteries. C'est, sur ce chapitre, un des griefs du ministre de l'Agriculture qui a évoqué ?'un éventuel détournement de la poudre de lait par certains transformateurs qui auraient utilisé ce produit subventionné par l'Etat pour la production des dérivés de lait''. La production laitière actuelle de l'Algérie est estimée à 3,5 milliards de litres de lait cru par an. Elle en importe l'équivalent de 1,5 à 2 milliards de litres, alors que la consommation est estimée à plus de 5 milliards de litres/an, selon des chiffres du ministère de l'Agriculture. L'Algérie a importé à fin octobre dernier 222.371 tonnes de lait en poudre contre 262.830 tonnes à fin 2012, soit en valeur, 878,79 millions de dollars contre 972,40 millions de dollars en 2012. La subvention annuelle étant de 46 milliards de dinars. |
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