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Ahmed Benamar (entraîneur JSM Tiaret) : «Je prendrai ma décision à la fin de la phase aller»

par El-Houari Dilmi

D'entrée de jeu, Ahmed Benamar appelle à «l'union sacrée» autour du club-phare de la capitale des Hauts-Plateaux de l'Ouest, «seul moyen», selon lui, de redorer son blason. Déchiré entre ce qu'il a appelé «l'appel du devoir» et les «blessures encore vivaces du passé», celui qui est présenté ici comme le «Fabio Capello» local nous livre ses sentiments à cœur ouvert.

Le Quotidien d'Oran: La JSM Tiaret jouera les 1/8èmes de finale, une première depuis 1992, un exploit selon vous ?

Ahmed Benamar: Les matches de coupe ont un cachet si particulier que la hiérarchie n'est pas toujours respectée; ceci pour dire que le fait d'avoir battu des équipes plus huppées que nous demeure la principale satisfaction aussi bien pour moi que pour le public sportif local. Même s'il est vrai qu'il s'agit là d'un exploit au vu des moyens modestes du club, c'est aussi le fruit d'une bonne préparation et d'une grande solidarité.

Q.O.: Pourtant cette saison, l'effectif est très réduit, ce qui rend la performance plus méritante?

A. B.: Justement, sur un effectif de vingt joueurs, trois traînent de méchantes blessures depuis le début de saison. Sur les dix-sept restants, plus ou moins compétitifs, trois à quatre joueurs sortent du lot et sur lesquels je bâtis ma stratégie pour gérer la situation jusqu'à la fin de la phase aller. Ceci dit, je ne pleure pas sur mon sort ni sur le sort de l'équipe, qui présente un potentiel avéré au fil de la compétition.

Q.O.: Après un début de saison des plus laborieux, l'équipe a effectué une remontée spectaculaire au classement, peut-on parler de la touche de Ahmed Benamar ?

A.B.: Personnellement, je ne crois pas à l'effet que peut générer l'arrivée d'un nouvel entraîneur, d'autant plus que je suis arrivé au club fin octobre. Pour moi, si un bon état d'esprit règne au sein du groupe, c'est dû à plusieurs paramètres. Ce qui est certain, c'est que l'équipe se redresse grâce à une discipline de groupe.

Q.O.: Vous avez pris le train en marche et vous avez pourtant réussi à redresser le club. Quel est le secret de Ahmed Benamar ?

A.B.: En toute humilité, je vous dirais simplement que le véritable secret, c'est que les choses vont très vite en football; ceci pour vous dire que si la JSM Tiaret fait du surplace depuis presque deux décennies, c'est cette hantise des résultats immédiats qui en est la cause principale à mes yeux. Le club ne mérite pas un tel sort, l'autre secret réside dans le fait que le manque d'organisation du club sur le plan des structures et administratif reste la principale pierre d'achoppement qui entrave la bonne marche du groupe. Pour éviter de mettre la charrue avant les bœufs, il suffit de suivre à la lettre les recommandations FIFA sur la nécessaire structuration des clubs de football, surtout sur le plan administratif et de la communication tous azimuts. Je suis un adepte d'un véritable management, avec un programme de travail à court, moyen et long terme. Pour résumer ma pensée, je dirais que la compétence technique ne peut être valorisée que si le club est bien organisé sur tous les plans.

Q.O.: Avec cette belle aventure en coupe, la JSMT nourrit-elle encore l'espoir de jouer le titre en championnat ?

A.B.: Je vous dirais que je n'ai absolument aucune ambition. Nous sommes à quinze points du leader. L'objectif numéro un cette saison, c'est d'améliorer son classement. Décrocher un titre, ça ne s'improvise pas. Même Dame coupe, nous ne faisons pas partie de ses favoris, compte tenu des équipes beaucoup plus huppées qui restent en course. J'ai pris le train en marche et je ne peux malheureusement pas réaliser de miracle. Tout ce que je peux faire, c'est de remettre l'équipe sur rails en attendant mieux.

Q.O.: Cela veut-il dire que votre mission n'est que temporaire ?

A.B.: Je suis venu par amour au club d'abord et, aussi, pour répondre à l'appel du devoir et au respect que je dois à certaines personnes dans l'entourage du club.        Pour vous dire la vérité, je reste très marqué depuis la saison 2009/2010 où j'ai été blessé dans mon amour-propre. Ceci dit, j'ai répondu à l'appel du cœur mais pour une durée d'un mois, en attendant le recrutement d'un entraîneur. Or, je me retrouve toujours en poste, alors qu'à mon sens et en accord avec le président, Chadli Mohamed, je devais prendre en charge la formation des jeunes catégories, ce qui est ma véritable vocation. Il est prévu que je discute avec les dirigeants à la fin de la phase aller pour décider de mon avenir.

Q.O.: Etait-il convenu que le club recrute un nouvel entraîneur avant la phase retour ?

A. B. : Oui, mais cela n'a pas été fait. Ce qui est sûr, c'est que les dirigeants doivent sérieusement réfléchir dans la sérénité à l'avenir du club. Avec la trêve hivernale, on a retenu l'idée de recruter trois nouveaux joueurs capables d'apporter un plus. Il y a de la place pour tout le monde dans cette équipe. Il y a une bonne ambiance au sein du groupe, mon souhait le plus cher, c'est que tout le monde se resserre les rangs autour du club, et le meilleur reste à venir. Entre l'aventure de la Coupe d'Algérie, qui n'est que du bonus, et le championnat, je préfère que le groupe se concentre sur le championnat. La JSMT peut rejoindre rapidement l'élite si les moyens suivent, outre une politique globale de gestion à long terme. Le président, Chadli Mohamed, a de très bonnes intentions, je demande à tout le monde de se montrer indulgent avec lui et l'aider dans sa démarche.

Q.O.: Qui est favori pour le sacre final selon vous ?

A.B.: Je constate avec amertume qu'il y a un nivellement par le bas dans ce championnat. Ceci dit, même si des teams comme le WAM, le GCM ou encore le CRT présentent un potentiel avéré, l'OMA et le Rapid de Relizane restent pour moi les prétendants les plus sérieux au sacre final.

Q.O.: Le mot de la fin ?

A.B.: Je profite de cette opportunité pour lancer un appel à tous les amoureux d'Ezzerga pour leur demander de veiller à l'union sacrée autour du club. Cette équipe est promise à un bel avenir, pour peu que tout le monde apporte sa pierre à l'édifice, à savoir la structuration du club pour mettre ses moyens au diapason de ses ambitions et la formation des jeunes, seule garante d'un avenir radieux du club fanion de toute une région.