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De nombreux projets en souffrance, à Oran : Prendre le taureau par les cornes

par Houari Saaïdia

Une simple vue d'ensemble sur les projets en instance a permis de lever un pan du voile, sur une sombre réalité, aux antipodes de l'image virtuelle «vendue» à l'opinion publique. L'examen -quand bien même il était global et sommaire- des opérations en souffrance, fait par le wali, lors d'une audition marathonienne de l'exécutif, mercredi à l'hémicycle, a montré que beaucoup de choses étaient vues, à travers un prisme.

L'audience s'est ouverte à 16 h et n'a pris fin que vers 20 h15. Officiellement, la convocation du staff exécutif élargi avait pour ordre du jour, le passage en revue des projets, accusant un important retard, tous secteurs confondus.

La diligence de l'audience consistait à donner lecture, par le directeur de la Programmation et du Suivi budgétaire, du tableau des opérations en souffrance, secteur par secteur, suivi d'un interrogatoire des responsables concernés. Rodé aux sentiers battus de la rhétorique qui permet à des responsables de tirer leur épingle du jeu, sans, pourtant, jamais réussir à convaincre, M. Zâalane Abdelghani ne voulait, en fin du questionnaire, plus rien entendre de la bouche du responsable débriefé, autre que «la date du lancement du chantier ». «Je veux une date, un engagement. Tout le reste, ça ne m'intéresse point », a dû répliquer, à maintes reprises, le chef de l'exécutif à ses interlocuteurs parmi des directeurs de secteur ou, à défaut, leurs subdivisionnaires respectifs. Il faut dire que les traditionnelles formules «c'est en cours », «on va essayer », «c'est tributaire de », etc., n'existent pas dans le lexique du wali d'Oran. «C'est sur la base de ces engagements, les vôtres, que vous serez appréciés par nos soins », a prévenu le wali, en milieu d'audience. Ce qui a poussé, chacun des responsables suivants, à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de se prononcer sur une date. Les dates «hasardeuses » et autres paroles qu'on jette en l'air, juste pour s'en tirer momentanément, «? en attendant », c'est, a priori, de l'ère révolue, tant tout est consigné dans un registre témoin.

Dans l'ordre chronologique, le premier à être intervenu, le directeur de l'Industrie, de la PME/PMI et de la Promotion des investissements, interrogé à propos, notamment, de l'opération de viabilisation de la nouvelle ZI de Boutlélis, pour laquelle une enveloppe de 230 millions de DA avait été allouée. Les travaux de VRD seront lancés avant le 10 janvier 2014, s'est engagé le responsable du secteur. Dans le secteur de l'Hydraulique, où bon nombre de projets traînent, il était question, entre autres, de l'opération du collecteur des eaux usées de la partie basse d'Oran, confiée à SEOR (étude et réalisation). Selon l'engagement des responsables du secteur, le coup d'envoi du chantier est prévu, avant la mi-février 2014. La même échéance a été retenue pour le projet de la STEP de Béthioua, inscrit en 2009, pour un montant de 3.500 millions de DA.

LE DUC EN SURSIS

L'Environnement n'est pas en reste et charrie, lui aussi, son lot de projets «dormants », à l'instar de celui relatif à l'étude du schéma directeur de traitement des déchets industriels d'Oran, d'un coût de 20 millions de DA, et pour lequel l'échéance de la première semaine de janvier 2014 a été retenue. On peut, également, citer dans le même registre, le «vieux » projet du jardin citadin d'Oran, décentralisé, entre temps, au profit de la direction de l'Environnement de la wilaya, et dont le bureau d'études ?Eco-Plan' avait reçu son ODS, fin août 2013. «Le 8 décembre (demain dimanche, en l'occurrence), je veux voir la présentation de l'étude pour validation. Je n'accorderai pas un seul jour de plus», a instruit le wali au maître de l'ouvrage.

Le secteur de la Pêche est caractérisé par une situation assez kafkaïenne, pour nombre de dossiers, en ce sens qu'il y existe, au moins, 3 projets déclarés «annulés » dans les copies de la direction mais qui sont toujours «vivants » dans la nomenclature de l'ex-DPAT et, donc, celle aussi de la wilaya. Il s'agit des 3 (futures) halles à marrée d'Oran, Arzew et Aïn El-Kerma (Cap Blanc), qui, selon le directeur du secteur, ont été annulés lors d'une séance d'arbitrage au ministère des Finances, en juin 2013, au motif que l'entreprise gestionnaire EGPP ait lancé, entre temps, des opérations de réhabilitation de leurs structures respectives ainsi que la survenance du projet d'un abri de pêche, à Cap Blanc (DTP). Or, pour la wilaya aucune notification d'annulation n'est parvenue, à ce jour, ce qui veut dire que ces projets sont toujours en instance. Le projet de réalisation d'une antenne administrative, dans l'enceinte du port d'Oran, se trouve avec la même ambiguïté.

«Si la décision d'annulation ne nous parvient pas d'ici à janvier prochain, alors nous lancerons ces opérations », a affirmé le wali, qui a ordonné au directeur de la Programmation et du Suivi budgétaire et au directeur de la Pêche de programmer une mission commune au ministère des Finances pour trancher ces cas pendants. «Il faut voir avec Alger pour savoir si ces éventuelles annulations sont dues à l'indisponibilité de crédits ou à un transfert d'un chapitre à l'autre. Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée, mais pas entrouverte », a-t-il poursuivi.

Cependant, s'il est un secteur qui agace, au plus haut point M. Zâalane, de par le déphasage qu'il enregistre, sur le terrain, par rapport aux projets dont il est porteur et, par ricochet, les sommes d'argent colossales qui y ont été injectées, c'est, sans nul doute, celui de l'Urbanisme et de la Construction. «Vous et votre équipe, vous êtes déjà dans une très mauvaise posture, à en juger de votre piètre bilan. En fait, vous êtes en sursis, je vous ai accordé une dernière chance pour vous rattraper sur la base de vos récents engagements. La sentence tombera », a tonné le wali, visiblement dépité par les éléments de réponse donnés par le DUC, quant aux projets, en souffrance, dans son département. Parmi eux, 17 opérations au profit du secteur de la Culture, dont on peut citer, dans la foulée, l'annexe de la bibliothèque nationale d'El-Hamma (Alger), la réhabilitation et la revitalisation du quartier de Sidi El-Houari, le plan de sauvegarde des grottes d'Oran, la rénovation de la cinémathèque d'Oran, entre autres.