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Obama, président « progressiste», couvre une espionnite américaine
mondiale exceptionnelle et a du mal à faire passer sa seule petite réforme
sociale en deux mandats, celle de la santé.
Les dernières révélations mondiales d'Edward Snowden, ancien agent de la NSA, véritable républicain et démocrate, (publiées par le journal Le Monde ), concernant l'espionnage effectué en France par l'agence américaine NSA, laisse beaucoup d'observateurs interloqués et pantois. Certes, l'espionnage remonte à la très haute antiquité. Il fait partie, depuis Babylone, des pratiques communes et mutuellement acceptées (avec agacement) entre états. Mais les Etats-Unis en combinant les champs de l'électronique et de l'Internet, secteur industriel où ils sont largement dominant (IBM, Windows, Apple, Google, Yaho?), le tout soutenu par des budgets fédéraux très puissants, ont transformé " l'information ", autre nom poli de l'espionnage de pays alliés, en une véritable activité industrielle : Le caractère automatique de l'enregistrement des conversations démontre que tous les Français ont potentiellement été touchés par l'espionnage américain. Les quelque 70 millions d'enregistrements de données téléphoniques collectés entre le 10 décembre 2012 et le 8 janvier 2013, c'est-à-dire en moins d'un mois, montre l'étendue de la surveillance. Selon Le Monde, "les documents donnent suffisamment d'explications pour penser que les cibles de la NSA concernent aussi bien des personnes suspectées de liens avec des activités terroristes que des individus visés pour leur simple appartenance au monde des affaires, de la politique ou à l'administration française". Sous couvert donc de lutte anti-terroriste, la NSA, National Security Agency, a non seulement écouté les conversations téléphoniques, lu les mails ou suivi les pérégrinations sur l'Internet de dizaines de millions de citoyens français, elle a également enregistré les courriers internes, les propositions commerciales, les appels d'offres de milliers d'entreprises françaises. La NSA a également systématiquement introduit des " espions informatiques " chargés de surveiller l'activité des ambassades françaises dans le monde entier, jusqu'à écouter les conversations téléphoniques du Quai d'Orsay, résidence du ministère français des Affaires étrangères ! On n'est un peu loin de la lutte contre la Qaida ! La dimension planétaire de l'espionnage américain, son industrialisation sans précédent fait passer l'ex-KGB ou la Stasi, ancienne police politique est-allemande pour d'aimables boy-scouts. Hollande a appelé Obama. L'ambassadeur américain en France a été sèchement convoqué par Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères qui a reçu lundi le Secrétaire d'Etat américain John Kerry. Les explications de l'exécutif américain sont consternantes : les collectes de renseignement pratiquées par les Etats-Unis sont " semblables à celles de tous les autres pays " a déclaré le (grand) démocrate John Kerry. Le jugement le plus sérieux a été prononcé par Jean-Jacques Urvoas, Président de la Commission des lois à l'Assemblée nationale française : " Au final, cette nouvelle péripétie révèle que les Etats-unis n'ont pas d'alliés. Ils n'ont que des cibles ou des vassaux ". On ne peut être, en effet, que choquer par l'outrecuidance d'une grande puissance qui, dans son folklore, croit avoir été désignée par Dieu comme l'exemple même de la Démocratie, et qui par ailleurs, organise sur la planète un système à la Big Brother qui ferait rêver Staline. «Shut down» : «fermé, arrêté» A l'opposé, il faut se rassurer : la centaine de milliers d'agents de la NSA et leurs millions d'ordinateurs qui traquent et suivent les conversations téléphoniques et les mails de milliards de personnes, peut-être les miennes et les vôtres, chers lecteur et lectrice, sont-ils réellement efficaces ? La NSA et les 16 autres agences de renseignement spécialisées américaines n'ont aucunement prévu le Printemps arabe. Elles n'ont pas pu éviter le pitoyable échec de deux interventions militaires US en Irak. Sur le plan économique, la NSA connaît certainement mieux que moi, l'état de mon modeste compte bancaire personnel, elle n'a pas su prévoir la crise des " subprimes " qui a failli mettre l'économie mondiale sur le dos, du fait de l'esprit de lucre et des innombrables fraudes des plus grandes banques et assureurs américains. La NSA n'avait en tout cas prévu l'arrêt technique, le " shutdown " de l'état fédéral américain pendant plusieurs semaines depuis la fin de l'été. Les Etats-Unis couraient à la banqueroute si, avant le 17 octobre, un compromis parlementaire de dernière minute pouvait que la 1ère puissance économique du monde soit mise en faillite. Passé le 17 octobre, et faute d'un relèvement du plafond légal de leur dette (actuellement à 16.700 milliards de dollars) par le Congrès, les Etats-Unis ne pouvaient plus emprunter sur les marchés obligataires ni rembourser certains créanciers. Barack Obama a enjoint publiquement, le mardi 8 octobre ses adversaires républicains à "écarter la menace" que l'actuel blocage fait peser sur l'économie américaine en votant le budget et un relèvement du plafond de la dette. La crise qui dure depuis des semaines a déjà entraîné la fermeture de services " non essentiels " de l'état fédéral : les musées et les parcs nationaux ont ainsi été fermés et 800 000 fonctionnaires ont été mis en congés sans solde ! (Les agents de la NSA étaient-ils menacés). Sauf un accord in extremis et boiteux trouvé qui autorise le gouvernement à accroître officiellement son niveau de dette, le Trésor américain n'était plus autorisé à emprunter, c'est-à-dire accroître une dette qui représente à elle seule plus de 50% de la dette mondiale. En clair, pour la 1ère fois de leur histoire, les Etats-Unis ne pouvaient plus assurer par de nouveaux emprunts, le paiement de leurs dettes courantes. Cette situation surréaliste n'est sans conséquence sur le dollar, principale monnaie de réserve mondiale et sur les bons du Trésor américain, réputés les plus sûrs du monde et particulièrement prisés par les Chinois. Bref, pour Barack Obama, qui reprit lors de sa conférence de presse une métaphore attribuée au milliardaire Warren Buffet, il s'agirait de " l'explosion d'une bombe nucléaire ". " Notre réputation dans le monde en pâtit, a poursuivi le Président américain, Nous avons l'air de ne pas savoir où nous allons". Barack Obama qui a dû annuler une tournée en Asie précisément en raison du blocage à Washington, s'est néanmoins voulu rassurant, expliquant aux créanciers étrangers des Etats-Unis que ces derniers "ont toujours payé leurs factures et le feront à nouveau". On saura aujourd'hui si cette promesse est tenable. Comment en est-on arrivé là ? La crise de confiance internationale trouve son origine dans la longue guérilla qui oppose les élus républicains et démocrates d'une part, et conséquence, entre le Congrès américain où l'une des deux instances, la Chambre des Représentants est tenue par une majorité républicaine et l'état fédéral dirigé par un Président démocrate, d'autre part. Les élus Républicains et notamment la frange la plus extrémiste, celles des élus du " Tea Party ", sont en effet partis en guerre contre la seule réforme d'importance de Barak Obama, celle du système de santé, loi promulguée en 2010. Avec une menace très simple " où vous abandonnez la réforme de la santé ou on fait exploser le budget. Et le système ! " Les dispositifs gérant depuis de nombreuses années la santé des Américains sont pourtant connus pour être à la fois très coûteux et très peu efficaces. En moyenne, les Américains dépensent énormément d'argent pour leur santé (18% du PIB contre 11,5% en France). Mais ces dépenses sont inégalement réparties. Pour ceux qui ne sont pas couverts par une assurance (plus de 46 millions d'Américains, soit 16% de la population), le risque d'être mal soigné, ou d'être ruiné par un problème de santé, est très grand. Basé principalement sur la contribution financière des patients, le système écartait donc les franges les plus pauvres de la population. Barack Obama a donc proposé un nouveau système où la plupart des Américains seront couverts, d'ici à deux ans, contre la maladie. Le Président s'était engagé, dès sa 1ère campagne présidentielle, à réformer ce système injuste, mais son projet, plutôt minimaliste comparé aux systèmes européens, est qualifié de " socialiste " par les Républicains (dans le discours de ce parti, socialiste est synonyme de communiste), qui ont tout fait le faire dérailler. En 1994, Bill Clinton s'était emparé du même dossier et avait échoué. Par les clivages qu'il a créés, le débat, très difficile, marquera pour longtemps la vie politique américaine. La réforme de la Santé au cœur des polémiques La réforme proposée n'est pourtant pas révolutionnaire. Elle maintient l'assurance privée mais propose de mettre en place un régime alternatif (c'est-à-dire concurrent des assureurs) qui permettrait de peser sur les coûts, et ainsi d'améliorer la couverture des Américains tout en facilitant la maîtrise des dépenses. Ce sont évidemment les élus du Parti Républicain qui ont mené l'offensive : ils considèrent généralement que la redistribution est contraire à l'idéal américain de " responsabilité " : l'argent que l'on gagne par son travail ne doit pas être dépensé pour d'autres ". Ces élus avaient particulièrement mal vécu la réélection d'Obama. " La lutte contre cette réforme " socialiste " a permis de ressouder la droite, divisée après la défaite de John McCain. L'ex-candidate à la vice-présidence Sarah Palin, dénonce le " mal absolu " et met en garde contre la mise en place de " commissions de la mort " (" death panels ") peuplées de bureaucrates choisissant qui pourrait être soigné et qui devrait être sacrifié " conclut Pascal Riché. Leur message martelé aux Américains : la réforme, coûteuse (1000 milliards sur dix ans), va entraîner une hausse massive des impôts et un rationnement des soins. Mais la polémique entre élus républicains et démocrates dégénère en un immense dérapage qui met en difficulté le fonctionnement même de l'état fédéral américain. "Nous ne pouvons pas faire de l'extorsion une composante de notre démocratie. La démocratie ne fonctionne pas ainsi. Et ce n'est pas seulement pour moi, c'est aussi pour mes successeurs", a lancé Barack Obama à l'adresse des républicains. Une suspension même provisoire des paiements de la dette américaine menacerait fortement la timide reprise de la croissance américaine et l'image même du dollar, comme principale monnaie de réserve : " Ce serait mettre un terme au système de financement qui veut qu'on paye ses dettes passées en contractant des dettes présentes, commente Christophe Destais de l'observatoire Cepii, cela se traduirait par une explosion des taux d'intérêt long aux Etats-Unis et par effet de contagion au reste du monde. Ce serait donc un séisme pour le système financier mondial ". Remarque d'autant plus juste que l'économie mondiale peine a retrouver une croissance malmenée par la crise américaine des " subprimes " en 2008. A l'inverse, un compromis de dernière minute, sous la pression certainement de la Banque centrale américaine, reste l'hypothèse la plus probable à l'heure de la rédaction de cet article. Mais un budget signé à la dernière minute autoriserait encore un accroissement de l'énorme dette américaine. Ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes au bon fonctionnement de l'économie mondiale. La Bolivie est un pays charmant Dans un long voyage en Bolivie (voir mon fils!), je traversais la région du Chapare, dans la jungle bolivienne et c'est dans la petite ville de Villa Tumari, fief historique du Président Evo Morales que j'entendis la retransmission de l'intervention du chef de l'état bolivien à l'ONU le 19 septembre dernier. Dans son long discours, le bouillonnant chef d'Etat s'en est évidemment pris à Barak Obama, déplorant " l'erreur " qu'a constitué l'attribution en 2009 du Prix Nobel de la Paix au Président américain, qui mérite plutôt, pour Evo Morales, celui de " Prix Nobel de la Guerre ". Car, selon le dirigeant bolivien, dès l'arrivée d'Obama à la Maison Blanche, les guerres sont devenues plus nombreuses dans le monde, qu'il s'agisse des conflits en Afghanistan, en Irak, en Libye et, dernièrement, en Syrie. Le président bolivien a également réclamé avec tempêtuosité, le transfert du siège de l'ONU actuellement à New York vers un pays plus neutre. Selon Evo Morales, une rotation est nécessaire, et des réunions de travail dans le cadre des Nations unies pourraient se dérouler dans des pays tels que la Suisse, l'Autriche ou le Brésil? Il est vrai qu'il a attenud six jours un visa pour se rendre à New-York, à l'ONU ! La fougue du Président Morales était typiquement sud-américaine. La Bolivie, grande comme deux fois la France et peuplée de 11 millions d'habitants, à 70% indiens, est un pays très sympathique. Il y a beaucoup de coopératives, beaucoup de syndicalistes et beaucoup de manifestations. Les gens sont extrêmement, chaleureux et accueillants. Les Boliviens adorent rire, écouter de la musique, faire la fête et manger. Des plats roboratifs et paysans. Question gastronomie? Certes, il ya quelques spécialités pas mauvaises. Les fèves, des salades fraîches et des brochettes de cœur de bœuf. N'oublions pas la bière excellente, grâce à des immigrants allemands (arrivés parfois après 1945), quelques vins.... Mais bon ! Mon estomac français réclamait plus. Bref, les semaines passant, la vraie tradition culinaire française, mélange infiniment fin de saveurs plus que millénaires, cuissons patientes et savantes, épices rares, inventions subtiles, arômes des vins... me manquait de façon croissante. Surtout dans les derniers jours et dans le très long voyage de retour (la compagnie était américaine et la cuisine aussi !). Une dernière correspondance, un dernier avion. Roissy. Vite ! Vite ! Le RER. Enfin dans mon quartier, le 13ème ! Le restau est encore ouvert. Vite ! : " Un couscous Royal ! ". Ah! Enfin, chez nous... |
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