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Lutte contre la corruption : 40 dossiers en cours de traitement

par Z. Mehdaoui

Une quarantaine de dossiers relevant de différents secteurs économiques sont en cours d'exploitation à l'Office central de répression de la corruption (OCRC), a indiqué hier à Alger le directeur général de cette structure, Abdelmalek Sayeh. «Au niveau de l'office, nous avons des dossiers mis en instance parce qu'ils ne réunissent pas tous les éléments d'appréciation. D'autres ont été déférés devant la justice, et une quarantaine sont en cours d'exploitation», a déclaré M. Sayeh à l'APS en marge d'un séminaire sur la modernisation du droit et des pratiques judiciaires et d'investigations en matière de lutte contre la corruption en Algérie et en France. Le directeur général de l'OCRC a jugé nécessaire de créer au niveau national d'autres mécanismes de lutte contre la corruption afin de »mieux maîtriser et cerner ce phénomène» et de renforcer la coopération internationale et bilatérale pour y faire face.

«Les mécanismes de lutte contre la corruption en Algérie existent mais nous cherchons à créer d'autres mécanismes pour mieux maîtriser ce phénomène», a-t-il dit, ajoutant «nous avons élaboré un plan de charge avec beaucoup de pays dont la France, pour échanger les expériences en la matière et comparer les mécanismes algériens avec ceux des pays étrangers».

Abdelmalek Sayeh, ancien procureur de la République et ex-premier responsable de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, a plaidé hier pour une «bonne cohésion» entre les différents partenaires nationaux et étrangers dans la lutte contre la corruption pour combler les insuffisances qui existent. Il faut souligner par ailleurs que de nombreuses affaires de corruption ont été révélées par la presse nationale et étrangère, impliquant de hauts responsables algériens mais aussi des responsables de firmes étrangères.

L'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC), dans un communiqué rendu public avant-hier intitulé «Les journalistes enquêtent, la justice algérienne à la traîne», a tenu à rendre un hommage particulier aux journalistes de Radio-Canada (télé) pour leur reportage qui porte le titre «au cœur du système secret de SNC-Lavalin», diffusé avant-hier soir. «Depuis plusieurs années maintenant des journalistes canadiens, tous types de médias confondus, et à l'image de leurs confrères algériens, mènent l'enquête sur SNC-Lavalin, tant au Canada que dans les pays où il y a eu corruption à grande échelle».

« Radio-Canada à travers son équipe d' «Enquête» s'est illustrée par des investigations notamment en Tunisie et en Libye (?) et, en juin dernier, en Algérie; ce qui a donné lieu à ce reportage», est-il écrit dans le communiqué de l'association.

Certains observateurs s'interrogent par ailleurs sur les «lenteurs» qu'accusent certains dossiers qui ont été transférés à la justice, notamment pour ce qui est de l'extradition de certaines personnalités impliquées directement dans des scandales de corruption et de pots de vin qui s'élèvent à des millions de dollars.

Lancées depuis le début de l'année en cours, les enquêtes confiées au service de la police judiciaire du DRS concernent notamment les scandales de corruption à Sonatrach et à Sonelgaz, ainsi que de l'autoroute Est-Ouest. Mais depuis septembre dernier ce «service» a été dessaisi de ces enquêtes sur décision du président de la République qui a opté pour la dissolution de ce service de police judiciaire du DRS et de transférer ses compétences à la justice militaire

En tous les cas le phénomène de la corruption en Algérie a pris une tournure extrêmement grave. Même si les autorités publiques au plus haut niveau de l'Etat affichent une ferme détermination à lutter contre ce «cancer» il n'en demeure pas moins que des interrogations persistent sur les mécanismes mis en place pour éradiquer ou du moins freiner le développement de la maladie. La création de l'OCRC a été décidée, faut-il le rappeler, dans le cadre de l'application d'une directive présidentielle, en décembre 2009, relative à la dynamisation de la lutte contre la corruption.

La séance d'ouverture de ce séminaire de trois jours, s'est déroulée en présence du secrétaire général du ministère des Finances, Miloud Boutaba, représentant du ministre, du directeur général de l'OCRC, Abdelmalek Sayeh, et de l'ambassadeur de France en Algérie, André Parant.

Les participants d'Algérie et de France débattront plusieurs thèmes autour des législations des deux pays en matière de lutte contre la corruption dont les techniques d'enquêtes et d'identification des comptes bancaires et la saisie et gel des avoirs ainsi que les voies et moyens de coopération possibles. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a indiqué dans une allocution lue en son nom par M. Boutaba, que «la corruption constitue aujourd'hui plus que jamais un phénomène criminel grave qui gangrène les économies des Etats et freine leur développement». En raison de sa portée régionale et internationale, la corruption, selon M. Djoudi, «n'est plus seulement une question interne pouvant être endiguée par des lois et des mécanismes nationaux, mais aussi elle dépasse les frontières et devient une préoccupation de la communauté internationale qui s'attache davantage au renforcement de la coopération internationale et bilatérale pour y faire face».