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Le marché du ciment dans tous ses états

par A. Mallem

« L'augmentation du simple au triple du prix du sac de ciment de 50 kilos, qui est passé sur le marché «noir» à Constantine de 300 à 900 dinars en l'espace de quatre mois, provoque l'asphyxie financière des opérateurs et hypothèque sérieusement l'avancement à une cadence rapide des chantiers», a lancé, hier, comme un cri d'alarme, le président du bureau de wilaya de Constantine de l'Union nationale des entrepreneurs du bâtiment (UNEB), M. Benlabiod.

D'autre part, plusieurs petits entrepreneurs nous ont fait part, ces derniers jours, des grandes difficultés qu'ils rencontrent pour mener à terme leurs projets à cause, justement, de la tension que connaît actuellement le marché du ciment. «La forte hausse des prix de ce matériau due à des ruptures de stocks dans les unités de production de l'ERCE, entraînées par les pannes techniques fréquentes, et les périodes de maintenance des équipements de production des usines a provoqué une tension terrible sur le marché du ciment», expliquent-ils. Interrogés sur les incidences de cette situation sur la conduite des projets, nos interlocuteurs n'ont pas hésité à révéler que des entrepreneurs, pour éviter la paralysie de leurs chantiers, sont conduits à s'approvisionner sur le marché noir. «Nous sommes doublement pénalisés», s'est plaint l'un d'eux en évoquant les contraintes liées aux contrats signés avec les pouvoirs publics au niveau de ce secteur. «Nous avons les mains liées du fait que les contrats dans le secteur de l'habitat ne sont pas actualisables ou révisables suivant les nouveaux prix du marché des matériaux de construction. Aussi, pour les éventuels avenants, nous sommes couverts uniquement à hauteur de 10% et c'est insignifiant ! On nous tient par la signature».

D'autres informations que nous avons recueillies dans le milieu des entrepreneurs privés indiquent que le renchérissement du prix du ciment pourrait conduire certains opérateurs à utiliser le système D. En effet, pour pouvoir survivre et éviter de mettre la clé sous le paillasson, certains opérateurs essaient de contourner le problème de la pénurie de ciment en diminuant la quantité de ce matériau injectée dans la construction, ce qui va se répercuter inévitablement sur la qualité de l'ouvrage. Selon d'autres entrepreneurs, il n'y a pas que le problème de la pénurie de ciment qui ralentit les projets. Contacté hier alors qu'il se trouvait dans la capitale pour une démarche qu'il voulait effectuer auprès du ministère des Finances, un autre entrepreneur du bâtiment, M. Benhar Kamel en l'occurrence, ne s'est pas arrêté à la seule explication du renchérissement du prix du ciment, mais a rétorqué que «les prix de tous les matériaux de construction ont augmenté. Sur un plan bureaucratique, les entrepreneurs sont toujours confrontés au problème du paiement des traites au niveau du trésorier». «Ils nous exigent des choses impossibles !», a-t-il affirmé en nous donnant rendez-vous pour les prochains jours afin de nous expliquer les problèmes dans les détails.

Les difficultés en matière d'approvisionnement du marché du ciment ont été explicitées dernièrement par certains responsables du secteur. Ainsi, selon M. Dennouni, président de la Confédération générale du patronat du bâtiment et des travaux publics, il existe un déséquilibre entre la demande actuelle qui est évaluée à 21 millions de tonnes/an et l'offre nationale qui ne dépasse pas les 18 millions de tonnes produites dans l'année. Aussi, pour essayer d'atténuer l'impact de la pénurie de ciment, les autorités publiques, par le biais du groupement d'intérêt commun dénommé «Groupe industriel des ciments d'Algérie» (GICA) qui coiffe la filière, ont lancé dernièrement un appel d'offres international pour la fourniture der 450.000 tonnes de ciment.