Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

En attendant le centre d'enfouissement : Les décharges sauvages des déchets inertes prolifèrent

par J. Boukraâ

Le problème de la gestion des déchets inertes se pose toujours à Oran, à l'instar des grandes villes du pays. Jetés par les particuliers comme par les différentes entreprises, ces déchets composés continuent de porter atteinte à l'environnement. Issus des travaux de modification effectués par les citoyens et autres travaux de bricolage, ces déchets continuent de s'amonceler dans les coins de rues et aux bords des routes. Les exemples les plus illustratifs se trouvent dans les nouvelles cités et les nouveaux groupements urbains, tels Haï Essabah, Haï Ennour, Haï El Yasmine ou encore au centre-ville. Briques, béton, tuiles, céramiques, carrelages, sacs remplis de déchets? sont sur la place publique et forcément viennent s'y ajouter les ordures ménagères des riverains. Pour faire face à ce phénomène, les services de la wilaya ont instruit les responsables locaux et à leur tête les secrétaires généraux des communes pour lancer une campagne de sensibilisation envers les citoyens afin de les inciter à transporter ces déchets vers les sites appropriés réservés à ce genre de détritus. En cas de refus, l'intervention des services de l'ordre n'est pas écartée pour obliger les particuliers à se débarrasser de ces déchets directement au niveau des décharges publiques et ne pas les entreposer à proximité des immeubles et sur les trottoirs. En effet, la wilaya d'Oran a bénéficié, ces dernières années, de l'inscription de nombreux projets BTP générant de grandes quantités de détritus (béton, ciment, enrobés bitumineux?) qui représentent un casse-tête pour les autorités locales. Les déchets inertes sont des déchets minéraux non souillés dont le caractère polluant et la nature évolutive sont très faibles. Les déchets inertes proviennent principalement des chantiers des travaux publics, du génie civil (ponts?) et du bâtiment. Les déchets sont générés lors de la construction, de la rénovation, maintenance ou réhabilitation de ces ouvrages et bâtiments puis lors de leur fin de vie (déconstruction, démolition). Pour non-respect de l'environnement et rejet de déchets dans des sites forestiers, une quarantaine de camions ont été mis en fourrière en 2012 pour une durée de trois mois. Selon des sources autorisées, des entreprises étatiques et privées activant dans les secteurs des travaux publics sont les principaux pollueurs. Pour rappel, les articles 55, 56 et 57 de la loi relative à la gestion, au contrôle et à l'élimination des déchets prévoient des amendes entre 500 et 5.000 DA en cas de rejet et abandon par une personne physique des déchets ménagers ou de refus d'utiliser le système de tri mis en place, et une amende de 10.000 à 50.000 DA pour les industriels, commerçants ou artisans. Le rejet des déchets inertes sur tout site non désigné à cet effet et notamment sur la voie publique est aussi sanctionné par une amende de 10.000 à 50.000 DA. En cas de récidive, l'amende est portée au double.

D'autre part, initialement prévue pour fin mars dernier, la mise en service du centre d'enfouissement technique (CET) des déchets inertes d'Aïn El-Beïda sera opérationnelle incessamment. C'est ce qu'a annoncé récemment le directeur de l'environnement de la wilaya. Ce dernier avait indiqué que ce centre sera ouvert dans les tout prochains jours. Ce CET, premier du genre à l'échelle régionale, a été l'un des points concernés par la dernière visite du Premier ministre et la délégation gouvernementale qui l'accompagnait. De son côté, le directeur de l'EPIC de gestion des CET de la wilaya d'Oran, M. Issâd, avait annoncé dernièrement que ce centre connaîtra une extension pour en augmenter la capacité de traitement de déchets inertes. M. Isaâd avait en outre signalé que le stockage des déchets inertes ne nécessite pas de grands travaux pour prévenir l'impact environnemental. Cette décharge va accueillir les déchets inertes qui proviennent principalement des chantiers des travaux publics, du génie civil et du bâtiment.

Jusqu'à ce jour, les déchets inertes et autres déblais étaient acheminés vers la décharge d'El-Kerma. A noter que la réalisation de cette décharge contrôlée a été confiée à une société privée locale pour un montant de 19,7 millions de dinars. Le Programme euro-méditerranéen pour l'environnement avait recommandé dès l'année 2006 la création d'une nouvelle décharge pour les déchets inertes dans la wilaya d'Oran. Il est à noter que, selon le Cadastre national des déchets spéciaux, les wilayas d'Alger, Béjaïa, Skikda, Annaba, Tlemcen et Oran produiraient à elles seules près de 87% des déchets, soit 282.800 tonnes par an et détiennent un stock estimé à 1.905.200 tonnes.