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Interdiction à la circulation des poids lourds : Les grossistes des produits alimentaires en grève

par Salah C.



Comme il fallait s'y attendre, l'interdiction à la circulation des poids lourds prise par le wali d'Oran et effective depuis le début du mois en cours, a été suivie par une riposte des grossistes en décidant de baisser leurs rideaux à partir d'hier et ce jusqu'à ce que les responsables locaux trouvent une solution plus rationnelle au problème. La tension a été vive durant les deux derniers jours de la semaine passée, durant lesquels plusieurs chauffeurs de poids lourds dont des semi remorques se sont vus retirer les documents de leurs véhicules et seraient passibles de poursuites. Devant ce fait, les commerçants de gros ont décidé de recourir à une grève illimitée et, hier, l'activité était presque nulle au niveau de plusieurs quartiers à grande concentration de grossistes de produits alimentaires, comme c'est le cas de Maraval, Sidi El Hasni et Les Castors. Seuls quelques commerçants ont ouvert leurs magasins et notamment ceux qui disposent de produits laitiers, produits qui doivent impérativement être livrés à temps. Selon plusieurs de ces grossistes qui ont constitué pour la circonstance un comité pour mobiliser le plus possible de commerçants afin d'adhérer à cette protestation, cette mesure prise par le wali souffre de plusieurs anomalies, car une telle mesure devrait être accompagnée par une solution intermédiaire. Or, soutiennent nos interlocuteurs, procéder au déchargement et au chargement à partir de 18h est inconcevable pour plusieurs raisons.

Premièrement, les riverains vivront d'autres désagréments après ceux qu'ils endurent en diurne. En second lieu, les conditions sécuritaires ne permettent pas une activité nocturne, sachant que même durant la journée, plusieurs commerçants ont été agressés et, enfin, le fait de faire attendre des centaines de poids lourds et semi remorques à la périphérie et les autoriser à pénétrer dans la ville en même temps engendrerait une circulation plus dense. Les mêmes grossistes estiment qu'en attendant un éventuel transfert de toute l'activité de gros vers El Kerma, des solutions intermédiaires s'imposent tout en commençant par le gel de l'activité commerciale de gros au niveau des quartiers saturés à travers la non délivrance d'autres registres de commerce. Ce sont les consommateurs qui seront de nouveau les potentielles victimes de cette grève du fait qu'hier, plusieurs détaillants, dont plusieurs en provenance d'autres wilayas limitrophes, sont retournés bredouilles et si la grève venait à perdurer, les détaillants ne pourront pas satisfaire la demande, surtout pour les produits à large consommation comme l'huile et le sucre, deux produits dont ils s'approvisionnent à raison de trois fois par semaine, voire tous les jours. Les grossistes mettent en avant également des considérations sociales, notamment en matière d'emploi, du fait que si cette situation n'est pas prise en charge dans l'immédiat, ils seront dans l'obligation de libérer plusieurs de leurs travailleurs, de même que les manutentionnaires qui se retrouvent ainsi, sans aucune activité. Cette mesure n'est pas nouvelle du fait qu'en 2005, un arrêté du wali a été également signé mais qui n'a pas été suivi d'effet. Pire encore, au lieu de réguler l'activité, des centaines d'autres grossistes ont été autorisés à activer dans des zones urbaines. A l'époque, il était prévu de réaliser un site de stationnement en dehors de la ville d'où les marchandises seront acheminées à bord de fourgons et de camions de petit tonnage dont le poids autorisé en charge ne dépasserait pas les 2,5 tonnes. En 2011, c'était au tour de l'APC d'Oran de décréter la même mesure et, comme la précédente, elle est restée lettre morte. On avait justifié à l'époque que l'application de cette mesure pouvait être à l'origine d'un ralentissement drastique de l'activité économique à Oran. Mais, depuis, et avec la mise en circulation du tramway d'Oran imposant un autre plan de circulation, et sachant que pas moins de 120.000 véhicules sont en circulation chaque jour à Oran, des solutions en profondeur sont devenues impératives.