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FLN : La crise perdure

par Z. Mehdaoui

En dépit de «l'éviction» de Belkhadem du parti, la crise du FLN perdure encore. La tension n'était toujours pas tombée hier au niveau de l'hôtel Riadh qui abrite depuis jeudi la 6ème session du comité central (CC). Les protagonistes (pro et adversaires de Belkhadem) continuent de camper sur leur position. Alors que les proches de Abdelaziz Belkhadem voulaient absolument élire une nouveau SG avant la fin de la session dont la durée réglementaire est fixée à 22 heures hier, les redresseurs voulaient de leur côté attendre pour se concerter dans le calme quitte à laisser la session ouverte durant plusieurs jours. En fait, hier, il y avait deux sessions. L'une a été organisée par Belkhadem et ses partisans dans la salle de conférence et l'autre dans le hall de l'hôtel par les redresseurs. Les partisans de Belkhadem ont mis sur la table au cours la session 6 candidats membres du comité central, ce qu'a rejeté catégoriquement le mouvement de redressement qui est resté campé sur sa position initiale à savoir ne présenter aucun candidat avant de s'être concerté.

Boudjemaa Haïchour a tenté de calmer le jeu mais en vain. L'ancien ministre de la Poste et des TIC a appelé les deux camps à « dépasser les clivages » lors d'une intervention devant les proches de Belkhadem, mais personne n'a accordé d'importance à son appel puisque aucun compromis n'est venu mettre un terme aux dissensions. Les redresseurs ont remis carrément en cause la commission installée par Belkhadem pour récolter les candidatures au poste de SG.

Dans un point de presse animé à l'hôtel, le mouvement de redressement dénie même le droit à Belkhadem d'être présent sur les lieux. « Politiquement Belkhadem n'a pas le droit d'être présent car c'est lui qui a détruit le parti », a déclaré Ahmed Boumahdi lors du point de presse. Il accusera même l'huissier de justice d'outrepasser ses prérogatives en voulant diriger les travaux de la session à laquelle ont pris part les partisans de Belkhadem. L'ancien secrétaire général dira de son côté en marge des travaux de la session organisée par ses partisans qu'il est membre du CC et que personne n'a le droit de lui reprocher sa présence sur les lieux. « Nous espérons que le FLN ne va pas rester sans secrétaire général », a-t-il ajouté devant les journalistes avant de quitter carrément l'hôtel. L'ancien président de l'APN et actuellement ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari, a pour sa part affirmé que « l'organisation d'élections aujourd'hui (hier ndlr) relève de l'irresponsabilité » en rappelant le climat délétère dans lequel se déroulent les travaux de la session. En fait, c'est une situation kafkaïenne qui a caractérisé la journée d'hier au niveau de l'hôtel Riadh toujours bouclé par des escadrons de la gendarmerie. Après la pause-déjeuner, vers 15 heures environ, un compromis a enfin été trouvé, selon des opposants à Belkhadem que nous avons interrogés. La session a repris ses travaux et les redresseurs ont fait leur apparition dans la salle. Quelques ministres qui se sont publiquement opposés à Belkhadem ont même pris les premières places.

Une heure plus tard, Abderrahmane Belayat, en sa qualité de membre le plus âgé du bureau politique, prend la parole pour annoncer la levée de la séance du comité central en précisant qu'une séance extraordinaire sera organisée dans les prochains jours pour élire un nouveau secrétaire général du FLN. La réunion du FLN s'est terminée sur un goût d'inachevé et certains protagonistes des deux camps promettent de faire des révélations.

Si Affif, que l'on dit proche de Belkhadem, annonce déjà la couleur en affirmant devant la presse que des «cercles» ont fait pression sur certains membres du CC pour voter contre l'ancien secrétaire général du FLN. De quels «cercles» s'agit-il ? Le député ne dira rien, affirmant seulement que ces cercles sont en dehors des institutions de l'Etat.

Le FLN ira-t-il jusqu'à laver son linge sale en public ? Les prochains jours risquent d'être riches en « révélations » sachant qu'il existe désormais entre les deux camps une hargne qui ne peut plus être dissimulée.