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Hollande savoure « sa victoire» à Tombouctou : La France veut passer le «relais» aux Africains

par Salem Ferdi



Le président français François Hollande est arrivé, hier, en « libérateur » à Tombouctou où il a reçu un accueil enthousiaste. C'est la « gloire de Flamby » se moquent certains sur les réseaux sociaux dans une allusion au surnom donné au président français.

L'affaire malienne lui donnant l'opportunité de prouver qu'il est un « homme de décision », le président français s'est donc totalement investi dans ce costume de libérateur en dénonçant la « barbarie » qui a été imposée à la ville par les islamistes armés. Et pour parfaire l'image, c'est la main dans la main avec le président malien par intérim Dioncounda Traoré qu'il a fait le signe de la victoire contre la « barbarie » des islamistes armés qui ont multiplié les exactions. Visite à la grande mosquée de Tombouctou où des mausolées ont été détruits par les djihadistes et là également la « barbarie » des islamistes est mise en évidence. « Il y a vraiment une volonté d'anéantir. Il ne reste rien ».

Sur la durée de l'intervention française commencée le 11 janvier dernier, le président français a affirmé qu'elle n'est pas « encore complètement terminée ». « Cela va prendre encore quelques semaines, mais notre objectif est de passer le relais » aux soldats africains qui sont en train de se déployer au Mali.

La ville de Tombouctou, sous haute surveillance militaire, a accueilli avec enthousiasme le président français soulagée d'être débarrassée de « l'ordre rigoriste » des djihadistes. Il était accompagné de trois ministres dont le chef de la diplomatie Laurent Fabius et de la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, et a quitté Tombouctou à la mi-journée pour Bamako. « Nous n'avons pas vocation à rester: nos amis africains vont pouvoir faire le travail qui était le nôtre jusque-là », a déclaré le président français en ajoutant qu'il « n'y a pas de partie du Mali qui doit échapper au contrôle de l'autorité légitime ».

APPUI AMERICAIN

La première partie de la guerre, la plus facile, a pris fin après la reprise des villes de Gao et Tombouctou et l'arrivée mardi soir de soldats français à l'aéroport de Kidal, ville tenue par le MIA, dissident d'Ançar Eddine, et le MNLA. La France a reçu les compliments du secrétaire d'Etat US à la Défense Léon Panetta qui a salué la « progression spectaculaire » des forces françaises qui a eu lieu plus rapidement que prévu. Il a souligné cependant que le défi pour la France était de s'assurer que le « relais » serait pris par les forces africaines. « Dans la plupart des conflits dans lesquels vous vous engagez, le défi auquel vous faites face n'est pas seulement +comment mener à bien la mission que vous vous êtes fixée+, mais aussi +comment vous retirer du conflit+ », a-t-il déclaré à l'AFP.

Le responsable américain a pratiquement mis en demeure les pays africains de « prendre leurs responsabilités pour s'assurer qu'un pays tel que le Mali ne devienne pas un refuge pour Al-Qaïda ».

Le responsable américain a d'ailleurs nié toute divergence entre les Etats-Unis et la France. « Il n'y a jamais eu, d'aucune façon, une quelconque réticence ici (au Pentagone, ndlr) ou à la Maison Blanche à aider les Français », a-t-il assuré en indiquant qu'Aqmi est « l'ennemi des Etats-Unis et nous pensons que les Français ont pris la bonne décision en intervenant pour s'assurer qu'ils n'installent pas une base opérationnelle à partir de laquelle ils pourraient attaquer l'Europe ou les Etats-Unis ». Léon Panetta a indiqué que les Etats-Unis font tout, « à travers l'Africom (Commandement des forces armées américaines en Afrique), pour essayer de travailler avec les pays de cette région afin de s'assurer qu'Aqmi soit non seulement affaibli mais aussi, à terme, vaincu », a assuré M. Panetta. Il reste que la « pacification » du Nord reste très largement tributaire de la capacité à intégrer les Touaregs et à relancer une option politique qui semble avoir été remise au placard par l'action militaire.