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Crise des otages de Tiguentourine : De précieux soutiens à l'Algérie

par Yazid Alilat

La libération des otages du complexe gazier de Tiguentourine, dans la wilaya d'Illizi, par l'ANP et sa prompte intervention pour sécuriser le site de nouveau, si elle a été au début critiquée, voire carrément dénoncée, a donné lieu, à la fin de l'opération, à des soutiens, même du bout des lèvres, à l'action décidée par les autorités algériennes.

Le Japon et les Etats-Unis, avaient, au début de l'opération, jeudi, contre les positions des terroristes qui retenaient en otages plusieurs centaines de personnes et tué d'autres, lancé un avertissement à l'Algérie pour qu'elle «préserve la vie des otages». Le Royaume-Uni et la Norvège avaient ouvertement critiqué l'Algérie. Mais, samedi, après la fin de l'assaut et la neutralisation des membres de ce groupe terroriste, les positions ont changé, et la décision des autorités algériennes de ne pas négocier avec les terroristes et les empêcher par tous les moyens de s'enfuir avec les terroristes, est largement plébiscitée dans le monde. Ainsi, à l'ONU, le Conseil de sécurité avait dénoncé l'attaque «haineuse» et la prise d'otages au complexe gazier de Tiguentourine. «Le Conseil de Sécurité condamne, dans les termes les plus fermes, l'attaque terroriste contre le site d'In Amenas'', indique un communiqué du Conseil de sécurité. A Washington, le président Barack Obama, très discret du début à la fin de la prise d'otages, s'est fendu d'un communiqué plutôt élogieux pour l'Algérie, samedi. Il a condamné samedi soir l'attaque terroriste et souligné que la responsabilité de cette attaque incombe aux terroristes qui l'ont menée. «La responsabilité de cette tragédie incombe aux terroristes qui l'ont menée, et les Etats-Unis condamnent leurs actions dans les termes les plus forts», a-t-il souligné dans un communiqué publié par la Maison-Blanche.     

«Nous avons été en contact permanent avec les responsables algériens et nous sommes prêts à fournir toute l'aide dont ils ont besoin, à la suite de cette attaque», a-t-il poursuivi. Il a ajouté que les Etats-Unis allaient «continuer à travailler en étroite collaboration avec tous leurs partenaires pour combattre le fléau du terrorisme dans la région, qui a coûté trop de vies innocentes». La secrétaire d'Etat, Hilary Clinton, n'en pense pas moins et a souligné, face à certaines critiques acerbes, que «personne ne sait mieux que l'Algérie combien les groupes terroristes sont impitoyables».

HOLLANDE : «L'ALGERIE AVAIT LES REPONSES LES PLUS ADAPTEES»

En France, c'est le Président François Hollande qui affirme que l'Algérie n'avait pas d'autres choix que de neutraliser les terroristes. François Hollande a apporté samedi, très clairement, son soutien à l'Algérie dans sa gestion de la prise d'otages sur le site gazier de Tiguentourine, relevant que les autorités algériennes avaient eu les réponses «les plus adaptées». «Nous n'avons pas encore tous les éléments mais, quand il y a une prise d'otages avec autant de personnes concernées et des terroristes aussi froidement déterminés, prêts à assassiner-ce qu'ils ont fait - leurs otages, un pays comme l'Algérie a les réponses qui paraissent à mes yeux les plus adaptées, car il ne pouvait y avoir de négociation», a déclaré le président français. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius estime, quant à lui, que les autorités algériennes, en décidant de donner l'assaut pour libérer les otages «ont dû répliquer à des terroristes». «Les décisions ont été prises par les autorités algériennes et je suis un peu heurté lorsqu'on a l'impression que ce sont les Algériens qui sont mis en cause alors qu'ils ont dû répliquer à des terroristes.», a-t-il déclaré. Quant à l'ancien ministre français de l'Intérieur Claude Guéant, il a déclaré hier que l'Algérie «a fait face à un problème d'une ampleur exceptionnelle». «Les exigences des ravisseurs ne pouvaient être satisfaites. Plus de 600 personnes étaient retenues en otages. Et l'Algérie ne pouvait accepter que des otages soient dispersés dans le désert», a-t-il ajouté dans un entretien au «Journal du dimanche» (JDD).

Londres, pour le moment assez discrète après l'assaut final et l'annonce de plusieurs morts britanniques, a réagi par la voix de son ministre de la Défense Philip Hammond, qui a indiqué que le Royaume-Uni restait déterminé à vaincre le terrorisme et à travailler en «étroite collaboration» avec l'Algérie dans cette perspective. «Nous travaillons en étroite collaboration avec l'Algérie, nous sommes déterminés à vaincre définitivement le terrorisme». «Le nombre de morts est important, l'action des terroristes qui a coûté la vie à des personnes innocentes est tout a fait injustifiée, nous sommes déterminés à défaire le terrorisme et à rester aux côtés de l'Algérie», a encore affirmé le ministre britannique de la Défense. En Belgique, l'ancienne présidente du Sénat a relevé ne «pas comprendre» l'attitude ambiguë et anormale de certains pays occidentaux qui continuent d'attribuer aux djihadistes islamistes la qualité de «militants». «Je pense particulièrement aux Britanniques qui, au lieu de reconnaître que l'Algérie a réagi rapidement et qu'elle n'avait que ce choix, continuent de qualifier, via la BBC, ces tueurs terroristes de militants». Elle a, en outre, estimé que l'armée algérienne a bien fait d'intervenir «extrêmement rapidement» pour libérer les otages algériens et étrangers du site gazier d'In Amenas.           

«Il est important que l'armée algérienne ait donné rapidement l'assaut. Sinon chacun des pays concernés par la prise d'otages allait commencer sa propre négociation avec les djihadistes», a-t-elle affirmé.

Enfin, seul écho aux réactions internationales, la Ligue arabe a exprimé son «entière» solidarité avec l'Algérie et son «plein» soutien à ses efforts face au terrorisme.        

La Ligue arabe a ensuite exprimé sa «ferme condamnation de l'attaque terroriste et de la prise d'otages de citoyens algériens et étrangers, dans la ville d'In Aménas, en Algérie».

Pas d'échos, pour le moment, du Japon, de la Norvège et des pays qui comptent des ressortissants travaillant dans le site gazier de Tiguentourine. Enfin, seule parmi la presse étrangère à critiquer l'assaut des forces armées contre les terroristes à In Amenas, la presse britannique n'a pas trouvé de clémence pour l'Algérie. Certains tabloïds dominicaux britanniques parlant même de «bain de sang», «massacre».