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Le mur fiscal américain et le pacte budgétaire européen

par Belhaouari Benkhedda *

« Pour qu'on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. » Montesquieu.

En 2012, plus de 40 millions d'américains ont vécu de l'aide alimentaire, le taux de chômage a atteint 20 % aux Etats-Unis. Tels sont les chiffres annoncés par la société de gestion de portefeuille Gestion Platinium. En France, les Restos du cœur connaissent une fréquentation croissante. Le journal Le Parisien, qui a mené récemment une enquête sur les chômeurs invisibles dans les statistiques officielles, parle de 9 millions de chômeurs ce qui correspond à 30% de la population active. L'année 2013 s'annonce donc très difficile économiquement. Un accord pour éviter le mur fiscal a été approuvé aux Etats-Unis. En Europe, la solution mise de l'avant pour sortir de la crise s'appelle pacte budgétaire. Mais quelles seront les conséquences réelles de ces deux plans ? N'Y a-t-il pas d'autres solutions pour sortir de la crise ?

LE MUR FISCAL AMERICAIN

C'est dans la nuit du mardi 1er au mercredi 2 janvier que la chambre des représentants a adopté un texte permettant aux Etats-Unis d'éviter le mur fiscal. Les démocrates et les républicain se sont mis d'accord pour augmenter les impôts sur le revenu des personne qui gagnent plus de 450 000 dollars par an, le taux de prélèvement passera de 35% à 39,6%. Les moins riches ne verront donc pas leur taux d'imposition augmenter. En revanche, le compromis prévoit un délai de deux mois pour réduire les dépenses publiques, la réduction nécessaire est estimée à 400 milliards de dollars. Théoriquement, tous les budgets de tous les ministères seront réduits de 10%.

En même temps, l'Etat devra payer 225 milliards d'intérêts pour sa dette. Selon les chiffres du ministère des finances américain, durant le premier mandat de Barack Obama, la dette publique a atteint 16 000 milliards de dollars. Au cours des deux mandats de George W. Bush (2001 à 2009), elle est passée de 5 800 milliards de dollars à 11 900 milliards de dollars. La dette américaine s'est accélérée durant le règne de Barack Obama, pourtant ce dernier a réalisé plus d'efforts pour améliorer l'économie de son pays.

Il y a forcément un problème quelque part. Le cumule des intérêts sur la dette américaine atteint son plus haut niveau. Mais, contrairement à une idée reçue, le plus important créancier des Etats-Unis n'est pas la Chine, les Chinois, en effet, ne détiennent que 7,3% de la dette américaine. C'est la Fed (Banque fédérale américaine) qui détient la majeure partie de la dette. Les principaux actionnaires de la Fed sont la Goldman Sachs Bank, la JP. Morgan Bank, la Rothschild Bank et la Rockefeller Bank. Ces banques privées continuent de sucer le sang du peuple en silence puisqu'elles se cachent derrière la Fed. Leur business n'a jamais été plus florissant qu'actuellement.

LE PACTE BUDGETAIRE EUROPEEN

Le mardi 09 octobre, les députés Français se sont prononcés en faveur du pacte budgétaire européen TSCG (traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance). Ce pacte budgétaire impose aux États signataires de limiter à 0,5 % du PIB leur déficit structurel, c'est-à-dire le déficit hors mesures exceptionnelles et temporaires. Les économistes français estiment que leur gouvernement doit trouver 30 milliards d'économies supplémentaires pour respecter ses engagements. Dorénavant, l'Etat français doit soumettre au Conseil européen (non élu) son projet de loi de finance et son projet d'émissions de dette. S'il ne respecte pas ses engagements, il paiera une amende qui pourrait atteindre 0,1 % du PIB. Et si ses problèmes budgétaires persistent, il risque de brader les services publics au privé.

 Par ailleurs, il faut savoir que le gouvernement français paie annuellement près de 50 milliards d'intérêts aux banques privées. En effet, l'article 123 du Traité de Lisbonne, entré en vigueur le 1er décembre 2009, interdit à la Banque centrale européenne (financée par les Etats) d'accorder des crédits aux autorités publiques et aux entreprises publiques.

La Banque centrale européenne prête aux banques privées des sommes colossales à taux d'intérêt de 1 %, cet argent est prêté par la suite aux Etats à taux d'intérêts atteignant 6 %.

LE PRINCIPE DE LA CAUSE DES CAUSES

Pour trouver une solution à une situation complexe, le spécialiste de droit public et d'économie politique Etienne Chouard recommande d'utiliser le principe philosophique d'Hippocrate : « Quand on a un problème, un mal à soigner, évidemment ne vous en prenez pas aux conséquences, vous ne réglerez pas le problème. Ne vous en prenez même pas aux causes, elles sont multiples, elles sont multifactorielles. Ce n'est même pas ça. Il vaut mieux chercher, parmi toutes les causes, la cause, s'il y en a une, la cause déterminante, celle qui détermine les autres causes.»

La dette publique est une affaire rentable, comme le dit si bien l'économiste et expert comptable André-Jacques Holbecq. Effectivement, depuis le déclenchement de la crise économique mondiale et l'explosion de l'endettement des Etats, les super-banques se sont enrichies d'avantages. Les hauts cadres-dirigeants se sont partagé des bonus faramineux. Les super-banques continuent de spéculer sur les taux d'intérêt, mais elles ne s'arrêtent pas là, ces dernières années, elles ont décidé d'acheter toutes les matières sur cette planète. En 2010, la JP.Morgan Bank a acheté 50% de la production mondiale de cuivre, la Goldman Sachs Bank possédait déjà les trois plus importantes sucreries au Brésil. Les banksters ont ouvert un casino où les jetons sont des métaux, du pétrole, du blé, du sucre, du café et même des bovins. Ce qui promet aux habitants de la planète Terre des jours bien tristes. Aujourd'hui, nous sommes en droit de se demander si finalement les banksters n'ont pas contribué au déclanchement de la crise économique ? N'est-il pas temps de remettre ces banksters à leur place ?

* Universitaire