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L'appareil de l'Etat algérien pleinement mobilisé, selon Belani : Le Mujao diffuse une vidéo de trois otages algériens au Mali

par Salem Ferdi

L'enregistrement vidéo remonterait à novembre mais le message des trois diplomates algériens, détenus au nord du Mali par les terroristes du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'ouest (Mujao), adressé au président Abdelaziz Bouteflika et aux Algériens en général est clair : aidez-nous à sortir de la situation où l'on se trouve.

Si l'on peut se demander pourquoi le Mujao a attendu le début de l'année 2013 pour se rappeler au bon souvenir des autorités algériennes, il n'y a aucune équivoque sur la nature du message des diplomates détenus. Dans cette vidéo où ils apparaissent accoutrés de tenues afghanes et avec des barbes de rigueur, le message des otages a été concis et bref. L'un d'eux a expliqué que les diplomates avaient « la possibilité de quitter Gao avant l'enlèvement mais nous avons répondu aux demandes du ministère des Affaires étrangères et nous sommes restés pour gérer les intérêts de la communauté (algérienne ?ndlr) ». C'est sans doute la phrase la plus lourde de sens dans des déclarations d'otages qui, c'est un euphémisme, étaient contraints dans l'expression. Il faut noter également que la vidéo ne comporte que les images de trois otages, ce qui est un message sibyllin sur le sort de Tahar Touati. Le 1er septembre 2012 dernier, le Mujao, avait annoncé l'assassinat de Tahar Touati, le vice-consul algérien. Près de 20 jours plus tard, le 19 septembre 2012, le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a continué de mettre en doute cet assassinat, en indiquant que «nous n'avons pas aujourd'hui, la preuve matérielle que cette personne ait été tuée.

La position officielle de l'Algérie est que «nous n'avons pas encore réuni toutes les informations qui nous permettent de confirmer». «Nous n'avons pas d'information crédible qui nous permette de parler de la mort ou non de M. Touati. Nous nourrissons toujours un espoir, lequel a été transmis à la famille du diplomate».

Début octobre, Abdelmalek Sellal a répété le même propos à l'APN. De ce point de vue, la vidéo ne laisse pas vraiment d'espoir?

UN MESSAGE «DIRECT»

La vidéo, tardivement mise en ligne après sa réalisation, recentre l'intérêt des médias algériens sur une affaire qui embarrasse les autorités algériennes. Pourquoi les diplomates présents à Gao n'ont pas été évacués à temps alors que la situation s'était manifestement dégradée au nord du Mali ? C'est une question présente dans les esprits, même si d'autres urgences dont celle de sauver des vies, l'ont reléguée au second plan. Le porte-parole des Affaires étrangères, M. Amar Belani, tout en déclarant ne pas avoir de « commentaires particuliers » à faire sur la vidéo, diffusée par le site mauritanien, a assuré que « l'appareil de l'Etat algérien est pleinement mobilisé pour obtenir le retour sains et saufs de nos compatriotes». Belani a assuré que les « contacts se poursuivent avec différents interlocuteurs et via différents canaux et enfin que la cellule de crise instituée à cet effet, se réunit de manière régulière et maintient un contact continu avec les familles de nos otages». Le secret dans ces affaires étant une règle, voire une condition du succès, il est compréhensible que le porte-parole ne s'étende pas sur les «interlocuteurs» et les «canaux» utilisés pour essayer de libérer les otages. Mais dans le cas d'espèce, cela ne peut être que des notables de la région ou l'organisation Ançar Eddine avec laquelle les responsables algériens ont des contacts. Ançar Eddine s'est d'ailleurs engagé dans le cadre d'un «partenariat» avec le MNLA à agir pour la libération des otages. Ançar Eddine qui a été sommé par l'Algérie - et aussi par le Conseil de sécurité - à se dissocier des groupes terroristes, peut-il encore être un interlocuteur du Mujao dans cette affaire ? C'est l'une des questions qui se pose. La diffusion de cette vidéo par les terroristes du Mujao est clairement une pression exercée sur les autorités algériennes et aussi une menace. Les terroristes du Mujao semblent se passer des «interlocuteurs» et autres «canaux» pour envoyer un message direct, via le site mauritanien.