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TLEMCEN : CRISE LATENTE A L'APW

par Khaled Boumediene

On était loin, jeudi au siège de l'Assemblée populaire de wilaya (APW), des séances bon enfant où les plaisanteries fusaient d'un camp à l'autre? Depuis les élections locales du 29 novembre, le climat semble même, de plus en plus, tendu entre les membres fraîchement élus de l'APW et l'administration.

En effet, dans les travées de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) qui se déroulait pour la deuxième fois pour l'installation de l'assemblée et l'élection du P/APW, les esprits se sont, encore une fois, échauffés par le bras de fer qui s'est engagé entre les 19 élus du Front de Libération nationale (FLN) et l'Administration représentée par son secrétaire général (SG) de la wilaya et son directeur de la Réglementation et des Affaires générales (DRAG). Le climat était très tendu, à tel point que, après des contestations des élus du FLN, le SG et le DRAG ont quitté la salle.

Les membres de l'APW d'obédience FLN, ont crié leur ras-le-bol pour dénoncer «le parti pris de l'Administration». Les hostilités se sont ouvertes dès l'ouverture de la cérémonie, concernant l'application de l'article 80, relatif à la loi organique du régime électoral qui stipule que la candidature au poste de président de l'APW revient de droit à la liste dépassant 35%.

Démarche considérée comme «inacceptable» par le SG et le DRAG. Devant ce refus les contestataires du FLN ont annoncé la couleur en rééditant leurs revendications qu'ils avaient également formulées lors de la précédente rencontre qui a été présidée par le wali. Les travaux prennent, alors, une autre tournure. Les élus du FLN crient à l'illégalité et exigent l'application des textes : «Nous avons obtenu 44,19% des sièges, mais on nous a carrément lésés par la violation de la disposition 80 de la loi électorale. C'est du jamais vu ! Nous continuerons à protester pacifiquement jusqu'à l'obtention de nos droits, afin de pouvoir jouer pleinement notre rôle au sein de cette assemblée». La tension est montée d'un cran. Des échauffourées entre partisans du FLN et du RND, des échanges d'injures entre des élus et l'Administration soupçonnée être en faveur du RND et du FNA.

C'est ainsi que de nombreuses joutes verbales ont eu lieu dans la salle de l'APW et ce, en présence des autorités civiles et militaires, des députés et sénateurs et des chefs de partis politiques. Le SG (un gentleman) a essayé d'apaiser les tensions, mais en vain. «L'Administration, s'est montrée malhabile et provocatrice. Nous voulons appliquer strictement la loi, c'est tout ! Mais elle refuse. Le wali en personne avait reporté la première cérémonie d'installation de l'assemblée et l'élection du P/APW. Aujourd'hui encore, ils violent la loi électorale et nous demandent de passer directement au vote du P/APW alors que la loi accorde au détenteur des 35 %, le droit à la présidence de l'assemblée». De nombreuses réserves ont, en outre, été émises par les élus du FLN sur les procurations de vote présentées par le RND et le FNA. «Pas plus que ce matin, l'administration nous a refusé les procurations de vote à Maghnia et Sebdou pour l'élection des P/APC. Maintenant, elle les accepte à l'APW. Est-ce normal ! Nous demandons de refaire les élections sur la base de la loi électorale», affirment des élus du FLN de Maghnia. Les élus de ces APC crient à l'illégalité et demandent réparation. Après avoir arrêté momentanément les travaux de l'APW, le secrétaire général de la wilaya est réapparu devant les élus pour annoncer la suspension de la deuxième cérémonie d'installation de l'assemblée de l'APW. La séance a été levée par la suite. Rappelons, que l'opération a été achevée ce vendredi, à travers tout le territoire du pays, comme prévu par loi. Pour beaucoup, l'incident qui a marqué la cérémonie de jeudi n'est que «le prolongement du duel entre le FLN et le premier responsable de l'Exécutif qui veut imposer ses alliés d'autres partis à la tête de cette institution aux enjeux importants pour l'avenir». A noter, que le FLN a obtenu 19 sièges sur les 43 de l'APW avec un taux de 44,19% (dépassant les 35% fixés par la loi), le rassemblement national démocratique (RND) a obtenu 14 sièges avec 32,56% et le Front national algérien (FNA) 10 sièges avec 23,26%.