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Les multinationales, la «hogra» et la mafia

par Ghania Oukazi

Une cinquantaine de jeunes chômeurs se sont regroupés, hier, devant le siège de la wilaya, juste à l'arrivée du cortège officiel du Premier ministre, pour dénoncer ce qu'ils qualifient de «hogra et d'exploitation des gens du Sud par les multinationales et la mafia».

«Je suis président du comité de défense des droits de chômeurs, nous voulons dire au 1er ministre et au ministre du Travail que nous dénonçons les politiques publiques de développement qui ne nous intègrent pas comme travailleurs dans cette région», a commencé par nous dire un des chômeurs. Entourés d'un important dispositif sécuritaire, de policiers, têtes couvertes de casques et matraques en main, les jeunes semblaient à bout de nerfs. «Nous appelons Sellal et nous renouvelons notre confiance à Tayeb Louh, et leur demandons d'intervenir pour mettre un terme à la hogra et à l'exploitation des gens du Sud, par les multinationales, on dénonce la mafia dans le domaine du recrutement», lance encore le président du comité au milieu d'un grand brouhaha. Les jeunes font savoir qu'ils sont contre les nominations des directeurs chargés de l'emploi dans la wilaya de Ouargla, «nous demandons au ministre du Travail de les revoir».

Ils diront tous «au 1er ministre, qu'on n'a pas besoin d'être encadrés par la police, nous ne faisons rien de mal, nous demandons nos droits, manache talbine el mouhal, nous ne demandons pas l'impossible». Ils veulent, dit leur président, que «des responsables nous écoutent, pas la police, on n'est pas des criminels». Ils revendiquent l'emploi et le logement. «Nous dénonçons l'accaparement du Sud par les sociétés de catering qui exploitent les gens du Sud», disent-ils. Ils en veulent au wali qui, lancent-ils, «utilise la force publique à chaque fois qu'on demande à le voir». Ils disent ainsi de Nacer Maâscri qu'«il ne connaît ni l'administration ni la politique, il ne connaît que la répression contre les jeunes».

A la fin de notre conversation avec les membres du comité de défense des droits des chômeurs, nous avons été interpellée par une personne d'une quarantaine d'années à l'intérieur de l'enceinte de la wilaya qui nous a demandé le nom du journal dans lequel nous travaillons. Il l'a fait avec énervement et a écrit le nom du journal sur la paume de sa main. «Istikhbarat ! Istikhbarat ! », scandaient à tue-tête les jeunes chômeurs du dehors du siège de la wilaya à l'adresse de la personne qui nous avait interpellée.