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Le Premier ministre à Ouargla : L'exemple tunisien, la bureaucratie et la nécessité de «faire vite»

par Notre Envoyée Spéciale A Ouargla : Ghania Oukazi

La première visite du 1er ministre sur le terrain lui a fait dire en substance, que les moyens du développement sont importants mais le rythme de réalisation des projets est très faible.

« C'est certes une courte visite mais elle a une grande portée,» avait dit le 1er ministre dés le début de sa réunion au siège de la wilaya. Il a déclaré ainsi d'emblée que «les moyens de l'Etat pour la réalisation de projets de développement sont importants mais le rythme des travaux est lent. Il faut absolument que ce rythme soit accéléré,» a-t-il recommandé.Il a évoqué à cet effet, la réalisation de 4000 logements dans le cadre de la nouvelle ville de Hassi Messaoud, «avec toutes les infrastructures socio-économiques nécessaires» mais il a déploré en outre «le manque de main d'œuvre alors que les postes d'emploi existent». Il a reproché, sans s'attarder, aux entreprises de ne pas vouloir recruter «parce qu'elles veulent avoir toujours plus d'argent».Sellal a voulu rassurer les habitants du sud en affirmant que «le pétrole et le gaz ne sont pas seulement à Hassi Messaoud et Hassi R'Mel mais dans plusieurs autres régions du pays, on en a beaucoup encore pour nos enfants et nos petits-enfants.» Il a exhorté les habitants de la wilaya «notamment les jeunes» à saisir les opportunités d'emplois qui se présentent à eux pour faire de la région un pôle de développement. Au fur et à mesure qu'il s'arrêtait sur les chantiers, le 1er ministre donnait des instructions pour aller plus vite dans les réalisations. «Pour ce qui est des 10 200 hectares qui doivent bénéficier aux investisseurs, il faut aller vite dans l'établissement des actes,il faut terminer l'opération d'ici avril prochain,» a-t-il demandé. Il s'est étonné que des agriculteurs arrivent à peine à faire 23 à 25 quintaux à l'hectare de céréaliculture. «Quand j'étais wali à Adrar, on arrivait à 70, si cette culture ne va pas ici, faites autre chose, je vous encourage,» leur a-t-il suggéré.

«FAITES COMME LES TUNISIENS»

Sellal recommandera aussi aux producteurs de dattes de «faire comme les Tunisiens» pour l'exportation et aussi pour l'exploitation de l'eau.

Les agriculteurs demandaient au 1er ministre de leur donner de l'eau et de l'électricité dont le manque entrave les rendements et le développement des cultures. Il leur a promis que «ce problème allait être réglé.» Avant de quitter les producteurs, Sellal et le ministre de l'Agriculture ont semé des grains de blé tendre par un geste symbolique.

Sellal exhortera les chefs de projets de logements à respecter les délais de leur réalisation. Pour les projets déjà lancés et presque achevés, il exigera que la livraison des logements se fasse avant la fin de l'année en cours. Interrogé sur la réhabilitation des Ksours, le ministre de l'Habitat a déclaré en marge de la visite du 1er ministre que «les financements existent, soit par le biais du financement de l'habitat social et on peut lancer leur réhabilitation dans l'urgence.» Abdelmadjid Tebboune a affirmé qu'il a 3000 logements ruraux qui n'ont pas encore été lancés, «on peut orienter leur financement pour cette opération de réhabilitation des ksours.» Il rappelle que les Ksours de Touggourt «datent de plusieurs siècles, il faut les réhabiliter pour l'histoire, c'est notre patrimoine.» Pour ce qui est des anciens édifices culturels comme les mosquées, le ministre estime que «c'est le ministère de la culture qui doit se charger de leur réhabilitation.»

«NOUS AVONS DONNE DES INSTRUCTIONS POUR LAISSER UN MAXIMUM D'ESPACE»

Le ministre de l'Habitat regrette par ailleurs que le style de la région ne soit pas respecté dans les constructions de logements et note que «je trouve anormal qu'on mette un habitat d'Adrar ou de Ouargla dans un immeuble.» Il a fait savoir à cet effet que «nous avons donné des instructions pour laisser un maximum d'espace dans la construction.»

Le ministre de l'agriculture a lui aussi indiqué en marge de la visite que «les agriculteurs veulent avoir des puits et de l'électricité. Nous avons beaucoup de projets dans la région, nous ferons en sorte qu'ils soient lancés et finalisés, les projets d'électricité prennent du temps pour les réaliser.» Rachid Benaïssa dira que 37 actes de concessions ont déjà été signés au profit de nouveaux investisseurs, pour l'exploitation de 250 ha chacun. «Il y a aussi des actes établis dans le cadre de l'accès à la propriété foncière agricole (APFA) ceci pour sécuriser les exploitants et leur permettre de faire des extensions,» nous dira-t-il. Le ministre assure qu'il y a des potentialités énormes dans la région.

«Nous évaluons ces potentialités à 1 million ha que nous pouvons mettre en valeur en irrigué, ce qui équivaut à l'ensemble des terres mises en valeur en irrigué à travers le pays,» souligne-t-il. «Nous avons déjà identifié déjà 350 000 ha à 1 million, les appels à manifestation d'intérêt ont déjà été lancés.» Le ministre lance un appel à tous les investisseurs nationaux pour lancer des projets agricoles dans la région. «Il faut un esprit pionnier pour se lancer dans l'investissement,»dira-t-il.

Dans sa visite du chantier de réalisation du centre de formation professionnelle sous l'égide de la Sonatrach, Sellal a demandé de «faire vite «pour accueillir les stagiaires «sinon vous avez une solution d'échange, c'est de prendre les locaux de la formation professionnelle et de commencer tout de suite la formation en attendant la réalisation du centre.» Il a exigé cependant que : «qu'on s'entend, tous les stagiaires doivent être pris par Sonatrach, à la fin de leur stage.» Le ministre de l'énergie réagit toute de suite «non, on ne peut pas, on ne peut pas les prendre tous, on a besoin de certaines spécialités. «Au moins 100,» lui dit Sellal.

UN COMITE MIXTE POUR LA LUTTE CONTRE LA BUREAUCRATIE

Le ministre de l'énergie a lui aussi répondu à des questions de journalistes en marge de la visite. Il rappellera que le gouvernement a décidé d'investir dans l'énergie solaire. «Mais la production de l'électricité par l'énergie solaire coûte très cher, 10 fois le prix de l'électricité qu'on produit actuellement,» a-t-il expliqué. «Le gouvernement a quand même décidé de promouvoir les projets dans ce domaine, d'ici à 2030, on couvrira dans ce cadre, on augmentera de 30 à 40% les capacités actuelles que nous avons en électricité,» dit-il. Il notera que l'expérience de l'énergie solaire a commencé en 2000 en Algérie. La station de Hassi R Mel a ouvert en 2011, il a y celle de Ghardaïa, dans le photovoltaïque en calculant avec le climat et les vents, les deux grandes centrales de Bechar et Oued Souf. «Il y a plusieurs autres projets à travers plusieurs wilayas du pays,» annonce le ministre qui précise qu'en 2013, sera lancée l'usine de fabrication des panneaux photovoltaïques. «On ne peut réussir nos investissements avec l'énergie solaire que si on ne produit pas en Algérie les équipements qu'il faut pour en produire et si on ne développe pas la recherche à cet effet,» affirme Yousfi. Il reviendra sur les problèmes d'électricité vécus l'été dernier notamment par les régions du sud pour indiquer que «l'utilisation de l'électricité à cette période a augmenté de 60 à 70% par rapport à la moyenne annuelle de son utilisation.» La demande en la matière a augmenté selon lui de 2010 à 2012 de 18%. La solution de ces problèmes viendrait selon lui de Sonelgaz qui a été chargée de réaliser de nouvelles centrales électriques, de procéder au transfert de l'électricité de régions vers d'autres et de revoir sa distribution.» Le ministre de l'énergie a annoncé lors de la réunion à la wilaya que les études pour la réalisation de la nouvelle ville de Hassi Messaoud ont été finalisées et que le lancement des travaux se fera au début 2013. Le ministre de l'intérieur pour sa part, a annoncé la mise en place d'un comité mixte auprès du 1er ministère pour régler les problèmes de bureaucratie à travers l'ensemble du pays. Dahou Ould Kablia a qualifié la visite du 1er ministre à Ouargla de visite politique.

«Le ministre du Travail a annoncé le gel des entreprises de sous-traitance pour ce qui est du recrutement au Sud».