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Programme quinquennal : Une halte pour faire le bilan

par Ghania Oukazi

La «prospective» en matière de développement du pays semble se dessiner avec le gouvernement Sellal qui pense en premier « achever le programme quinquennal avec des solutions intelligentes ».

Fraîchement désigné, le secrétaire d'Etat auprès du 1er ministre chargé de la Prospective et des Statistiques sait ce qu'il doit faire pour que l'intitulé de l'entité qu'il gère ne soit pas affiché pompeusement pour le plaisir des yeux ou de la connotation. Le professeur Bachir Messaitfa veut, selon lui, pallier aux plus urgents et à ce qui est en suspens ou sur le terrain. Il pense qu'il faut de suite chercher si les objectifs qui ont été fixés dans le programme du président de la République ont été atteints ou pas. « Un premier bilan s'impose dans ce sens puisque le programme couvre la période 2010-2014, on en a donc déjà entamé plus de deux ans, il faut une halte pour mesurer et qualifier les objectifs dans les divers secteurs d'activité », nous a-t-il déclaré. Une fois cette première étape achevée, « on sera fixé, s'il y a des problèmes ou des blocages, le tout doit être pris en charge pour avancer sûrement dans l'exécution de ce qui reste du programme », explique-t-il. Ce n'est qu'à partir de là que, souligne le secrétaire d'Etat, « on pourra achever le programme avec des solutions intelligentes ». Messaitfa propose la même méthode de « diagnostic » pour ce qui concerne le programme de mise à niveau des entreprises dont les résultats sont à peine perceptibles. « En trois ans, on n'a pas pu dépasser 6% de l'exécution des programmes qui ont été prévus au profit de 20 000 PME », affirme-t-il. Il avoue que « si on continue sur le même rythme, on n'en atteindra pas les 50% d'ici à 2014 ». Spécialiste en économie qu'il est, il ne décourage pas et propose du concret. « On peut rattraper le retard et accélérer la cadence en apportant des solutions aux lourdeurs et lenteurs administratives. » Il explique sa vision des choses en s'appuyant sur la facilité qu'ont « les Nations émergentes à régler leurs problèmes ». Messaitfa recommande « de faciliter la procédure administrative, d'alléger en premier le dossier exigé aux gestionnaires qui veulent faire bénéficier leur entreprise d'une mise à niveau ». Pour lui, il n'est pas nécessaire de leur imposer par exemple de donner un bilan de trois ans de leurs activités « mais juste de six mois et même de trois mois ». Autre élément essentiel dans le règlement des problèmes, pense le secrétaire d'Etat, « dès réception et acceptation du dossier, il faut décider sur-le-champ pour permettre à l'entreprise d'exécuter son programme sans délais ».

MESSAITFA EXPLIQUE «LA PROSPECTIVE ET LA STATISTIQUE »

L'expertise est aussi inscrite dans la vision de notre interlocuteur « comme impératif qui si on l'a pas chez nous, on peut le chercher ailleurs, auprès des bureaux étrangers qui en ont de longues et bonnes expériences ». Le membre du gouvernement prend l'exemple de son collègue de l'Habitat pour rappeler que pour gagner du temps et de l'efficacité, il n'a pas hésiter à faire appel à des constructeurs étrangers autres que les Chinois pour achever les programmes de logements qui restent en suspens.

 Ces approches pour trouver des solutions à des problèmes récurrents doivent certainement figurer dans « la feuille de route » comportant la stratégie de la Prospective et des Statistiques que le secrétaire d'Etat a élaborée pour exercer ses attributions. Pour l'instant, il refuse d'en donner les détails parce que, nous dit-il, « la stratégie est au niveau du secrétariat général du gouvernement, on ne peut en parler qu'à son adoption et sa signature prévues en ce mois de novembre ». Messaitfa note que les éléments de stratégie en question sont inscrits dans les attributions de sa fonction. Le Prof souligne que « Prospective et Statistiques y sont toutes les deux incluses même si l'ONS a été rattaché au ministère des Finances». Rattachement d'ailleurs qu'il qualifie de «positif parce que techniquement, les fonctions des membres du gouvernement sont interdépendantes et complémentaires ». Il explique que « l'Office national des statistiques est un instrument exécutif, s'il est rattaché aux Finances, il restera toujours soumis à nos observations comme tous les autres secteurs ».

«UN PLAN» POUR LA PROBLEMATIQUE DU DEVELOPPEMENT

Messaitfa présente ainsi son «portefeuille» comme étant «un think-tank qui doit donner son avis sur les politiques de fonctionnement (budget, habitat, agriculture, emploi?) et par conséquent se doit de déterminer l'aspect stratégique de la conception de ces politiques ». La démarche qu'il défend devra se faire conformément à des orientations puisées dans les études qui doivent être élaborées. Il indique par exemple pour ce qui est des statistiques que « la méthodologie chinoise en la matière nous intéresse pour avoir des données fiables, ce qui mettra en même temps un terme à la polémique sur les chiffres notamment ceux macroéconomiques (taux de chômage, inflation, croissance?) ». Messaitfa affirme que les problèmes qui se posent à ce niveau sont d'ordre institutionnel. « C'est un problème de méthodes et de formules qu'il faut préciser selon les normes et techniques universelles. » Le secrétaire d'Etat pense que le gouvernement fait de « la Prospective et de la Statistique » des éléments de travail importants et nécessaires d'où leur rattachement au 1er ministre.

Il vise d'ores et déjà à cet effet de « mettre en place une banque de données statistiques unifiées qu'on doit afficher au niveau de l'ensemble des institutions et des secteurs d'activités pour en faire des références nationales et non sectorielles ». Il reconnaît cependant que la tâche n'est ni facile ni simple parce qu'elle exige « un travail intersectoriel approfondi et détaillé au niveau central, local et régional ». Ce qui est un enjeu à ses yeux et pourquoi pas un défi qu'il voudra relever. Il pense déjà « nécessaire de créer des directions de Prospective et des Statistiques dans les différentes wilayas et régions pour le traitement des données collectées à l'effet de les traduire en chiffres, à condition, dit-il, d'avoir les moyens humains et matériels qu'il faut ». Ce qui l'amène à évoquer la problématique des ressources humaines en proposant « l'encadrement du gisement humain que possède le pays pour en cibler, aux fins de les utiliser, les capacités de l'expertise, l'innovation, la recherche et autres, la réflexion ». Il rappelle qu'il a déjà fait appel aux compétences nationales, à l'intérieur comme à l'extérieur, « pour les intégrer dans la recherche des solutions aux problèmes du pays ». Il propose ainsi à ce que soient établis des contrats de recherche qui permettront de lancer une dynamique de travail (virtuelle avec ceux qui sont à l'extérieur) et de commencer?

Le secrétaire d'Etat a un plan déjà, « d'ici à 2019, on devra avoir réglé les crises sectorielles, économiques et sociales, 2019-2030, on devra avoir arrimé le pays aux économies des pays émergents (la Chine, le Brésil, la Malaisie?) qui excellent dans les exportations hors hydrocarbures avec une valeur ajoutée y compris dans l'industrie, 2030-2050, on devra avoir tracé et choisi une stratégie de développement qui permet de produire selon des normes universelles soutenue par un modèle de développement perforant, moderne aux normes internationales mais alliant entre les composantes politiques, économiques, sociales et culturelles de notre pays ».