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EL-BAYADH : EFFACER LES TRACES DES INTEMPERIES D'OCTOBRE 2011

par Hadj Mostefaoui



Une année s'est écoulée depuis que l'une des pires catastrophes naturelles ait jamais frappé, avec une rare amplitude, le chef-lieu de la wilaya, les hameaux et petites agglomérations environnants, en ce début du vingt et unième siècle et dont les populations n'oublieront pas de sitôt ce funeste après-midi d'un certain dimanche du début du mois d'octobre de l'année 2011.

L'oued de tous les malheurs est sorti de son lit, emportant comme à son habitude, tout sur son passage, n'épargnant ni les biens ni les vies humaines. La violence de cette innombrable et inqualifiable tornade dont la durée n'a pas excédé deux heures, peut être comparée dans aucune exagération au passage d'un cyclone ou d'un typhon réunis, en dégâts matériels occasionnés qui se chiffrent en milliards de dinars.

La fatalité et le malheur se sont encore une fois abattus sur la ville damnée, lors de chaque décennie sous le signe de la balance. Le drame s'est déroulé en milieu d'après-midi, et si c'était la nuit, les conséquences auraient pu être plus lourdes. Onze personnes décédées et une douzième portée disparue, trois ouvrages d'art emportées par la furie des eaux, des centaines d'habitations effondrées, d'autres éventrées, des milliers de sans-abris. Un paysage apocalyptique s'offrait aux secouristes. Les autorités locales et à leur tête le wali, prises au dépourvu, puisque aucun bulletin météorologique fiable ne prévoyait le déluge, surprises et dépassées par l'ampleur et la nature des dégâts lançaient le soir même des appels à l'aide dans tous les sens. Douze mois sont passés depuis et les efforts consentis par la wilaya pour effacer définitivement les séquelles de cette catastrophe naturelles sont perceptibles à l'œil nu, à moins que l'on soit frappé de cécité ou de strabisme. Et c'est dans le souci d'établir une évaluation objective que « Le Quotidien d'Oran » s'est rapproché de M. Salim Semmoudi, wali d'El-Bayadh qui a bien voulu répondre, comme à son habitude et sans hésitation à notre sollicitation. Nous avons eu droit à un débat-fleuve de plus de trois longues heures qui nous a éclairé et appris davantage sur la remise sur rail d'un chef-lieu de wilaya durement éprouvé et mis à genoux par cette catastrophe naturelle. De prime abord, le premier responsable de la wilaya a tenu à nous rappeler qu'il compte organiser le 1er octobre prochain, une journée commémorative en hommage aux victimes du sinistre et en invitant toute la population locale à y participer et observer une minute de silence, à la même heure sur la grande place de la ville, à l'instar de ce qui se fait dans les villes des pays civilisés. Un bon signe de compréhension, de compassion et une nouveauté qui mérite d'être inscrite dans les gênes sinon dans les mœurs de nos responsables locaux, à tous les échelons.Tout en rendant un vibrant hommage à l'ANP et en félicitant au passage l'ensemble des éléments du corps de la Protection civile des wilayas limitrophes qui s'est distinguée par la mobilisation de moyens matériels adéquats, en installant un pont mobile de secours entre deux quartiers de la ville. L'Etat, dira notre interlocuteur, a réagi promptement dès le troisième jour de cette calamité naturelle. En effet, une délégation de très haut niveau, conduite par MM. les ministre de l'Intérieur et de l'Habitat, du DG de la Protection civile s'est rendue sur les lieux, d'une part pour réconforter les habitants et de l'autre pour leur réaffirmer que l'Etat est présent et qu'il ne les abandonnera pas.

Répondant à une question sur la situation qui prévaut actuellement, douze mois après le déluge, le chef de l'exécutif dira que l'opération de recasement des 614 familles déclarées et reconnues comme sinistrées a été menée avec succès et à bon port.

L'OPGI et le SDC/El-Bayadh (ex Sonelgaz) ont dû mettre les bouchées doubles pour la réalisation et la réception de ce quota d'urgence de 614 logements, lequel nécessitait, l'installation et la mise en service, en un laps de temps, de l'eau courante, de l'électricité et du gaz de ville dans la nouvelle cité ZHUN. Il y a lieu de rappeler que 1.800 habitations affectées par la catastrophe ont été expertisées en moins de 2 mois, dont 299 ont été classées en rouge, c'est-à-dire présentant un danger permanent pour ses occupants. En parallèle, il a fallu entreprendre une vaste opération de démolition des habitations endommagées et situées de part et d'autre de l'oued. Pour ce faire, nous dira-t-il, il fallait convaincre des propriétaires tenaces et obstinés qui refusaient de quitter les lieux. La tâche, soulignera-t-il avec insistance, a été ardue car il fallait convaincre et rendre à la raison des propriétaires tenaces et obstinés, pourtant chacun d'eux a pu bénéficier d'un logement neuf et décent dans des délais extrêmement courts. C'est ainsi que pas moins de 250 habitations qui étaient dans un état de délabrement très critique ont été démolies et il fallait également se débarrasser des gravats, une entreprise titanesque qui est menée tambour-battant par la commune. Les pluies torrentielles et les orages ne préviennent que rarement en début d'automne. Les expériences et les leçons du passé doivent être retenues, devait-il nous confier.

Intervenant sur un autre registre, il signalera au passage qu'une première enveloppe financière d'un montant de 47 milliards de centimes a été octroyée à la réfection des habitations recensées, touchées partiellement par les inondations, situées aussi bien en milieu urbain que dans les agglomérations et hameaux environnants. Une seconde également d'un montant de 16 milliards de centimes, a été consacrée pour panser les dégâts occasionnés à certaines exploitations agricoles et la part du lion est revenue au secteur des Travaux publics avec un montant de 340 milliards de centimes, réservés exclusivement à la réalisation de 2 ponts, 2 passerelles et à la remise en état du réseau routier. 233 autres milliards de centimes ont été réservés à la remise à niveau des voieries et autres secteurs, dont 100 milliards pour la réparation et la réhabilitation des réseaux d'évacuation des eaux usées et pluviales, soit globalement la bagatelle de 642 milliards de centimes, un très épais matelas financier sur lequel pourra dormir et pour longtemps, le chef-lieu de la wilaya, cette fois-ci sur ses deux oreilles. Ceci qui traduit incontestablement les efforts colossaux consentis par les pouvoirs publics qui ont réussi le pari de remettre sur pied, en l'espace de huit mois seulement, y compris la période du mois du carême, toute une ville avec l'ensemble de ses infrastructures de base.

Connu pour son légendaire franc-parler, le wali ajoutera sans ambages et sans le cacher d'ailleurs qu'il ne sait absolument aucun détail sur l'étude concernant la délimitation de la zone à risque et dite inondable, confiée à l'ANRH plus qu'un aveu, une confession faite à une oreille attentive, puisqu'en tant que premier responsable de cette wilaya, rien ne doit lui échapper, surtout lorsqu'il s'agit de l'étude ou de la réalisation d'ouvrages de grande envergure et de surcroît dites très sensibles. Dans ce même élan de sincérité, il préconise, afin de réduire à néant, tous les risques d'inondation ou de débordements des eaux de l'oued, plusieurs fois maudit, que les retenues collinaires doivent impérativement être réalisées au niveau des quatre affluents situés en amont de la ville afin de ne pas rééditer le même désastre. Pour l'heure, il s'agit d'entreprendre, sans attendre, une vaste opération de nettoiement et de dévasement du lit de l'ouest en le débarrassant de tous les dépôts de gravats et autres objets qui pourraient gêner l'écoulement des eaux des crues et cela sans plus attendre.

UN TRAVAIL DE LONGUE HALEINE DEVRA ETRE MENE PAR LA WILAYA QUI ESPERE FAIRE OUBLIER A JAMAIS, A LA POPULATION LOCALE, LE CAUCHEMAR AUTOMNAL QU'ELLE A VECU ET POUR QUE PAREILLE CATASTROPHE NE SE REPRODUIRA PLUS JAMAIS. UN ULTIME V?U EMIS PAR LE CHEF DE L'EXECUTIF ET NOUS TENONS DE NOTRE COTE A LE REMERCIER VIVEMENT POUR SA PATIENCE ET POUR L'HONNETETE DONT IL A FAIT PREUVE DURANT CE LONG ENTRETIEN ET PLUS PARTICULIEREMENT LA CONFIANCE ET LE RESPECT INESTIMABLES QU'IL NOURRIT A L'EGARD DU «QUOTIDIEN D'ORAN».