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Planète terre, des lendemains qui déchantent

par Farouk Zahi



« C'est la rumeur qui enflamme la Toile depuis plusieurs semaines : les écosystèmes de la planète pourraient connaître un effondrement total et irréversible d'ici 2100. A l'origine de cette prophétie apocalyptique, non une secte d'illuminés, un médium en manque de publicité ou le dernier blockbuster américain en vogue. Non, l'allégation est issue d'une étude de la très sérieuse revue Nature, référence parmi les publications scientifiques. La thèse ? L'environnement, sous l'effet des dégradations causées par l'homme, pourrait franchir un point de non-retour avant la fin du siècle. » Ce texte signé par Audrey Garric, journaliste écologiste au journal électronique Monde.fr, se termine par un scepticisme à peine voilé sur le devenir de la planète bleue, car au vu du comportement des maitres du monde, les recommandations des scientifiques ne sont pas à la portée de n'importe gouvernement fut-il mondial. En droite ligne avec les politiques géostratégiques menées jusque là, les orientations des scientifiques vont dans le sens de plus de domination éhontée pour les uns et plus de dénuement inique pour les autres. Ces recommandations émanant de scientifiques au-dessus de tout soupçon, peuvent être qualifiées, dans le contexte actuel, d'ingénues. Comment pourrait-on diminuer la pression démographique de la planète qui compte déjà 7 milliards d'individus ? Le peuplement mondial serait de 9 milliards à l'horizon 2050. A moins d'un immense holocauste planétaire, il est peu probable que les politiques des Etats en matière de maitrise de croissance démographique, puissent aboutir à renverser la tendance exponentielle. Et même s'il tel était le cas, la population mondiale serait excédentaire de 3 milliards d'individus. La côte d'alerte de 43 p. cent de consommation des écosystèmes étant déjà atteinte pour subvenir aux besoins en ressources de l'humanité, le monde n'a plus de crédit de consommation ; le seuil étant plafonné à 50 p. cent. Que faire alors ? Déclencher un désastre biologique à grande échelle ou entretenir les bellicismes locaux ou régionaux qu'il faudrait étouffer par les ADM. Les stocks constitués jusqu'ici, peuvent le faire à grande échelle et sans garantie de survie. Le G8 qui a déjà, les contours d'un gouvernement mondial, ne s'embarrassera d'aucun état d'âme pour « alléger » la biosphère de sa pléthore humaine. Il est fort à parier, que malgré le bouillonnement guerrier du Proche orient, celui-ci sera épargné par le curage biologique ou nucléaire commandé par la thérapie appliquée à l'humanité malade de son surpoids. Israël, l'enfant prodige de la démocratie helléno-judéo- chrétienne sera le motif de la sauvegarde de cette partie du monde dont les réserves en énergies fossiles font tourner la machine industrielle de monde dit libre. Libre de quoi ? On se le demande.

« Concentrer les populations sur les zones enregistrant déjà de fortes densités afin de laisser les autres territoires tenter de retrouver des équilibres naturels » telle est la deuxième recommandation. Si l'on s'en tient fidèlement à la règle édictée, il faudrait d'ici à 2050 transférer les populations subsaharienne et de la Corne africaine vers la Beauce ou la Westphalie. Celles d'Amérique latine, exceptés le Brésil et le Mexique, seraient à leur avantage au New Jersey ou au Québec pour que les terres du Sahel et de la Pampa retrouvent leur luxuriance d'antan. Cette solution est déjà proposée par la migration massive vers les pays du Nord sauf qu'elle est, pour l'heure, âprement combattue. Sans vouloir mettre en doute l'intégrité intellectuelle de ces éminents savants, il se dégage de ses cogitations comme un relent de déjà vu qui n'a pas encore livré tous ses secrets. Depuis El Conquistador Cortès, les savants justifiaient la conquête de nouveaux territoires par l'incapacité des autochtones à s'émanciper de par leurs tares culturelles ou morphologiques. S'ils leur trouvaient une tête démesurée, leur encéphale était par contre atrophié. Sauf que cette fois ci, la litote suggère le transfert de populations au lieu du génocide colonial, tristement connu. « Ajuster les niveaux de vie des plus riches sur ceux des plus pauvres ; développer de nouvelles technologies permettant de produire et de distribuer de nouvelles ressources alimentaires sans consommer davantage de ressources. » Cette vision idyllique d'un monde plus juste est, depuis le mémorable discours onusien de Boumediène de 1973, galvaudée par tous les cercles, de gauche comme de droite, pour être de bon ton. Encore, une autre vue de l'esprit. Se pourrait-il que les plus riches se contenteraient d'un simple toit, sans réseau d'évacuation des eaux usées, ni eau courante, ni électricité ? S'il est vrai qu'il fut un temps où Daniel de Foe nous faisait balader sur l'ile de Robinson Crusoé, c'était juste pour l'exotisme des tropiques. Pas plus ! La famine à petite échelle qui sévit au Sahel et dans la Corne de l'Afrique et qui perdure depuis bien longtemps, n'a pas encore suscité de grandes émotions chez les nantis dont l'obésité est outrancière.

Quant à développer de nouvelles technologies pour produire et distribuer de nouvelles ressources, jusqu'à l'heure actuelle, il n'a jamais été décelé de penchant philanthropique chez les détenteurs des bourses mondiales du blé, du riz ou du soja. La technologie initiée par les cartels de l'agroalimentaire, a, dans sa quête d'enrichissement vorace, changé la vocation alimentaire des produits de la terre en vocation énergétique. A ce train, la dégradation de la biodiversité qui a été, jusqu'ici accidentelle dit-on, sera volontairement programmée et rendue irréversible. La question qui taraude l'esprit et qui n'a pas, encore trouvé d'ébauche de réponse est la suivante : Est-ce que cette alerte à « la fin du monde » est perçue dans toute sa dimension tragique par ceux qui font de la politique nationale, un exercice ludique ? Il nous semble que le « saute mouton électoral » est devenu, par habitude, un inépuisable dada. Face aux enjeux du futur immédiat, les envolées lyriques prometteuses de jours meilleurs, semblent désuètes et sans effet sur la survivance d'une nation qui prétend se projeter dans l'avenir. Pendant que des citoyens du monde se mobilisent pour la sauvegarde de l'Amazonie, où l'on compte déforestrer près de 500 km2 pour les besoins du 3è plus grand barrage de la planète, nos cédraies et oliveraies brûlent sous l'oeil placide de la classe politique. Cette déforestation dont l'origine criminelle est souvent établie, n'a, presque pas, suscité d'intérêt encore moins de condamnation.

On semble suggérer par cette attitude, qu'il s'agit d'une affaire qui ne concernerait que les pouvoirs publics.