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Les travailleurs de l'ETO poursuivent leur débrayage : Sit-in devant la direction des transports

par Salah C.



Seize jours après son entame, la grève des 304 agents de l'Entreprise des transports d'Oran (ETO) a pris une autre tournure hier suite à la tenue d'un sit-in devant le siège de la direction des transports, qui a regroupé une centaine de grévistes et qui devaient se regrouper ensuite devant le siège de la wilaya dans le but d'interpeller le chef de l'exécutif pour qu'il intervienne en vue d'une solution à ce conflit social qui n'a que trop duré.

Pourtant, un début de sortie de crise a été négocié, mercredi dernier, entre les délégués syndicaux et le chef de la daïra d'Es-Sénia et plusieurs représentants d'institutions telles que la sûreté de daïra et la gendarmerie nationale. Cette rencontre a débouché sur un ensemble d'accords contenus dans un procès-verbal dûment signé par le chef de daïra tels que la reconnaissance de l'actuelle section syndicale comme étant la seule et unique voix des grévistes, la remise d'un dossier ficelé à l'intention du wali d'Oran sur la gestion de l'entreprise par l'actuel directeur de l'administration et des finances et enfin le versement d'avances sur salaires, le lendemain jeudi, afin de permettre aux familles de passer la fête de l'Aïd dans de meilleures conditions. Les délégués syndicaux ont pris l'engagement de reprendre le service le lendemain matin et sur toutes les lignes desservies par l'ETO. Jeudi et comme convenu, les grévistes ont repris le travail en attendant que les avances sur salaires soient virées. Vers la mi-journée et ne voyant rien venir de la part de la direction, les grévistes ont décidé de reprendre leur grève et tous les bus ont été retirés de la circulation. A ce sujet, selon un membre de la section syndicale qui a assisté à la réunion avec le chef de la daïra, «la décision de reprendre la grève a été engendrée par la provocation de la part du directeur qui a déclaré à un agent en service qu'il n'était pas près de céder à la pression. A ce sujet, M. Talha, le directeur des transports qui assume également depuis près d'une année l'intérim de directeur général de l'ETO, a développé un autre argumentaire. Tout en acceptant de verser des avances sur salaires au personnel pour des considérations purement sociales, le même responsable a révélé que «cette action n'a pu être concrétisée du fait que le directeur de l'administration et des finances a été empêché de rentrer dans son bureau pour finaliser la procédure. Pire encore, il a été violenté et délesté de son portable». Interrogé sur les éventuelles solutions pour dépasser cette crise, M. Talha a tenu à préciser qu'il a été «de tout temps ouvert au dialogue mais dans des conditions claires et transparentes et sur la base d'une plateforme de revendications réalistes et réalisables». A propos de l'exigence des grévistes sur l'éviction de l'actuel DAF, apparemment devenu persona non grata, le même responsable a été clair et intransigeant en considérant que seul le responsable hiérarchique de ce fonctionnaire est apte à juger ses performances et le syndicat ne peut s'ingérer dans de tels aspects de la gestion. Concernant l'installation d'un directeur général à la tête de l'entreprise, M. Talha a estimé que cela relève de la tutelle ministérielle et que cette dernière a commencé à installer des responsables au niveau des entreprises comme celle de Tiaret et Tlemcen et pour Oran, la tutelle le fera incessamment au même titre que pour 7 wilayas du pays sachant que ces postes sont nommés par décret présidentiel, devait-il rappeler. Aussi, le même responsable a tenu de revenir sur la décision de la justice qui a qualifié la grève d'illégale et qui a été suivie par la notification de mises en demeure à l'adresse des syndicalistes les sommant à geler la grève et à reprendre le dialogue afin d'aplanir les points de divergence. M. Talha est allé plus loin pour accuser l'actuelle section syndicale d'être «manipulée et ceci explique son jeu flou et démontre que son seul objectif demeure de continuer à gérer l'entreprise d'une manière opaque afin de préserver certains privilèges et enjeux». Tout compte fait, les deux parties semblent ne pas lâcher du lest et l'entreprise est de plus en plus fragilisée avec des pertes sèches de 285 millions de cts par jour en plus des désagréments causés à des milliers d'usagers.