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Institut Cervantès : Un nom, un gazoduc et toute une histoire

par Houari Barti

Pedro Duran Farell est un nom qui n'évoque peut-être pas grand-chose pour le commun des Algériens. Pourtant, cet ingénieur de formation et homme de culture est considéré dans son pays, l'Espagne, comme l'un des entrepreneurs les plus influents de sa génération. Il est connu pour avoir été un pionnier dans son domaine et l'artisan majeur du premier gazoduc reliant l'Algérie à l'Espagne, un ouvrage qui porte d'ailleurs son nom. Mais du côté sud de la Méditerranée, Pedro Duran Farell est surtout connu pour être un inconditionnel amoureux de l'Algérie.

Un pays où il passait beaucoup de son temps en compagnie de son épouse. C'est d'ailleurs sa veuve qui s'assura que ses cendres soient dispersées en terre algérienne, conformément à ses dernières volontés après son décès en juillet 1999. L'homme est ainsi devenu un grand symbole de l'amitié algéro-espagnole. C'est pour cette raison que l'Institut Cervantès en collaboration avec Gas Natural Fenosa ont tenu à rendre hommage à cette figure en programmant avant-hier une conférence intitulée «Pedro Duran Farell: l'Algérie dans le cœur», animée par Ramon Folch, docteur en biologie et socio-écologiste qui était lié par une étroite amitié au défunt.

Cette conférence, qui s'inscrit dans le cadre d'un cycle d'activités initié par l'Institut Cervantès depuis le 8 octobre dernier et intitulé «Amitié hispano-algérienne», intervient également «à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie», tel que souligné par le directeur de l'Institut culturel espagnol, lors de son allocution d'ouverture. «L'institut Cervantès œuvre pour célébrer les personnalités des deux rives qui ont poussé vers cette amitié entre l'Algérie et l'Espagne», a affirmé le directeur de l'institut espagnol. Pour le conférencier Ramon Folch, «son esprit (celui de Duran Farell) s'était confondu avec celui du désert et depuis longtemps», illustrant ses propos par de magnifiques photos en noir et blanc prises dans le Sahara algérien. Et d'ajouter: «Il dormait sur le sol et mangeait avec les nomades. Le Sahara était son désert. Et il revenait année après année.» Le conférencier a ensuite évoqué avec force détails et précisions «l'épopée du gaz» de son pays depuis le début des années 60 et dont le pionnier n'est autre que Pedro Duran Farell. Ce dernier, a indiqué M. Folch, avait été le premier à avoir, dès 1960, noué le contact avec le FLN et le gouvernement provisoire algérien de l'époque. Des contacts qui ne sont traduits en accord qu'en 1972, soit dix années après l'indépendance de l'Algérie. Un retard qui s'explique selon le conférencier par des contraintes politiques internes à cette Espagne dirigée par le général Franco qui faisait face aux indépendantistes de l'ETA. Et ce n'est qu'en 1992 que les deux pays signeront pour la réalisation d'un gazoduc qui alimente l'Espagne en gaz naturel en passant par le Maroc. Un gazoduc qui a été baptisé au nom de celui qui a consacré 40 ans de sa vie pour la concrétisation de ce projet, le gazoduc «Pedro Duran Farell».