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Le SNPSSP écrit à Bouteflika : Droit à la santé «hypothéquée» et exercice du droit syndical «bafoué»

par M. M.

Dans une lettre ouverte adressée au Président de la république, le Syndicat National des Praticiens Spécialistes de la Santé Publique (SNPSSP) dresse un constat détaillé du secteur de la santé publique plongé dans un «profond marasme et de déliquescence», aussi bien du côté de la prise en charge des malades que des libertés syndicales des praticiens.

Le SNPSSP s'en remet à Bouteflika, «en tant qu'ultime recours» après «la faillite de tous les canaux de dialogue au niveau du Ministère de la Santé et les grèves répétées des praticiens spécialistes de la santé publique». Il qualifie «le droit à la santé de nos concitoyens» de «gravement hypothéqué» et celui du «libre exercice du droit syndical», «ouvertement bafoué».

Selon le syndicat, «la gestion des ressources humaines par le Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme Hospitalière» participe «pour une part importante aux dysfonctionnements du système de santé avec leurs répercussions négatives sur la prise en charge du malade».

Les praticiens spécialistes de la santé publique sont, selon la lettre ouverte, «victimes d'un processus de dévalorisation et de régression statutaire entamé depuis 1993, date de l'inexplicable abrogation de la progression de carrière, réduite alors à un grade unique». Les revendications du syndicat ne visent donc «qu'à renouer avec les dispositions originelles contenues dans les statuts de 1982 et 1991», explique le SNPSSP.

«PROGRESSION DE CARRIERE TRONQUEE» POUR LES SPECIALISTES

«Le rétablissement de la carrière dans le statut d'octobre 2002, que vous avez signé, a été un début de réhabilitation. Mais au lieu de poursuivre dans cette voie en remédiant à ses insuffisances à la faveur du nouveau statut de novembre 2009, nous avons assisté à une nouvelle régression par rapport au statut de 2002, sous la forme d'une progression de carrière tronquée, vidée de sa substance», ajoute la lettre. Le SNPSSP considère que cette situation est la «conséquence d'une véritable saignée parmi les praticiens spécialistes de santé publique». Alors que le «projet d'amendement de statut particulier», finalisé, conjointement, il y a plus d'une année, entre le syndicat et la tutelle, «en vue de réparer ces insuffisances», est toujours «en souffrance au niveau des services de la Fonction Publique», de même que la demande de révision du régime indemnitaire qui «ne correspond pas à notre niveau universitaire» soit «restée sans réponse».

UNE SITUATION FAVORISANT LE SECTEUR PRIVE ET LES DEPARTS VERS L'ETRANGER

Cette situation a provoqué des «déperditions massives» par les «départs vers le secteur privé et l'étranger, notamment en raison d'un statut, nettement, dévalorisé par rapport aux autres spécialistes du secteur public, à égale pratique médicale spécialisée» explique le syndicat qui fait, également, état de «dispositions discriminatoires injustes en matière d'imposition sur les revenus». Pour le SNPSSP, «le service civil, imposé aux seuls médecins spécialistes de la santé publique, sert de prétexte» à la tutelle «pour afficher des chiffres de couverture sanitaire factice». Il rappelle que ses propositions de «mesures incitatives en lieu et place d'un service civil coercitif, (?) essuient un refus catégorique de notre tutelle». Notre tutelle nous refuse le statut de partenaire social à part entière, remet en question notre droit à la négociation consacrée dans nos lois et nous dénie le droit de recourir à la grève comme dernier recours devant son refus de respecter ses engagements». L'attitude du ministère de la Santé est jugée «injuste» et «une atteinte à la dignité des praticiens spécialistes qui ont maintenu le système de santé en activité lors des périodes les plus difficiles qu'a connues le pays». Le SNPSSP termine sa lettre ouverte en appelant le Président à rétablir les spécialistes dans leurs droits, «afin de préserver notre système de santé et garantir le droit constitutionnel à l'accès aux soins spécialisés pour tous nos concitoyens d'une part, et de garantir le libre exercice syndical d'autre part».