Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

El Qaradaoui indésirable en France

par Djamel Belaïfa

La France ne veut pas de Cheikh El Qaradaoui sur son territoire et c'est le président français, lui-même, qui l'a fait savoir. En pleine campagne électorale, Nicolas Sarkozy a annoncé, hier, avoir dit à l'Emir du Qatar que le prédicateur Youssef El Qaradaoui n'était «pas le bienvenu» en France, où il devait se rendre début avril, à l'invitation d'une organisation musulmane.

Le président français qui s'exprimait sur ?France Info' a affirmé que «ce monsieur» (Ndlr : El Qaradaoui), tout comme «un certain nombre de gens» n'étaient pas les bienvenus sur le territoire de la république française. «Il va y avoir un congrès d'une organisation, en l'occurrence l'UOIF (Union des organisations islamiques de France). J'ai indiqué que ne seraient pas les bienvenus sur le territoire de la république un certain nombre de gens qui avaient été invités à ce congrès et qui tiennent, ou qui voulaient tenir des discours qui ne sont pas compatibles avec l'idéal républicain», a déclaré le président-candidat.

Samedi, le député maire PS Manuel Valls d'Evry (Essonne), et le parti d'extrême droite le Front National, ont assuré que les autorités françaises avaient annulé à leur demande un visa à un, voire deux «prêcheurs de l'islamisme radical» à savoir : Cheikh El Qaradaoui et Mahmoud El Masri. Les deux prédicateurs sont accusés d'avoir tenu des propos antisémites.

En réaction à ces déclarations, le ministère de l'Intérieur a indiqué que les décisions de délivrance des visas seront prises la semaine prochaine dans le respect des procédures. «On a bien conscience des questions soulevées et le ministère n'a attendu ni le FN ni le PS pour examiner ces dossiers. Dans une déclaration à l'AFP, hier, Cheikh Ali Kardaghi, secrétaire général de l'Union mondiale des Oulémas musulmans que dirige Youssef Al-Qaradaoui s'est étonné du refus de la France d'accorder un visa à son chef et a affirmé condamner la tuerie de Toulouse. «Nous nous étonnons et nous reprochons à la France son refus d'accorder un visa à Cheikh Youssef Al-Qaradaoui, alors qu'il est un ouléma modéré qui a contribué à débarrasser les concepts islamiques de l'extrémisme», a déclaré Cheikh Ali Kardaghi. Il a en outre, affirmé que son organisation «condamne avec force l'agression terroriste de Toulouse». «Il ne convient pas de tuer les enfants et les hommes de religion en temps de guerre. Alors que dire en temps de paix et dans un pays qui est notre allié», a déclaré le numéro 2 de l'UMO.

D'origine égyptienne, Youssef Al-Qaradaoui a la nationalité qatarie et est titulaire d'un passeport diplomatique. Il est considéré comme l'un des plus influents prédicateurs de l'islam sunnite, grâce à ses apparitions sur Al-Jazira et sur le site «Islam Online». Il a quitté l'Egypte dans les années 1960 après avoir été emprisonné par le régime de l'ancien président Gamal Abdel Nasser qui a sévi contre les Frères musulmans. Il a été invité à participer le 6 avril au Bourget, près de Paris, au rassemblement annuel de l'UOIF, aux côtés également de Mahmoud Al-Masri, prédicateur égyptien célèbre, qui s'était déjà rendu en France, en décembre 2011. Considéré comme l'un des guides spirituels des Frères musulmans, El Qaradaoui a suscité une large polémique au sein de l'opinion publique arabe et musulmane, notamment à la suite de ses positions lors des soulèvements dits «du Printemps arabe». On lui reproche, entre autres, ses positions «controversées» sur ce qui se passe actuellement en Syrie, au Bahreïn ou en Arabie Saoudite. A l'instar de la France, il y a quelques semaines, les autorités des Emirats arabes unis lui avaient aussi interdit d'entrer sur leur sol.