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La famille de Mohamed Merah veut l'enterrer en Algérie

par Yazid Alilat

L'inhumation de Mohamed Merah, ce Français d'origine algérienne de 24 ans tué jeudi dernier par des policiers du RAID après un siège de plus de 32 heures de son domicile à Toulouse où il s'était retranché, divise sa famille.

Un peu plus de quatre jours après sa mort, alors qu'il était recherché pour l'assassinat de sept personnes, dont trois militaires, on en sait un peu plus sur lui, sa famille, mais surtout son père en Algérie.

Selon son oncle maternel Djamel Aziri, qui a fait état de démarches pour son inhumation en Algérie, plus exactement au village de Bezzaz, dans la commune de Souaghi (wilaya de Médéa), le père de Merah, qui a divorcé de sa mère en 1994, est originaire de ce village de la wilaya de Médéa. Le père de Mohamed Merah vit actuellement entre Tiaret, où il gère une société de matériaux de construction, et Mouzaïa, dans la wilaya de Blida. "Mohamed voulait s'installer en Algérie où il comptait fonder un foyer parce qu'il avait fini par détester la France où sa situation sociale était devenue difficile", raconte son oncle maternel, selon lequel le jeune homme avait séjourné pour la dernière fois en Algérie en 2010 : "il avait alors demandé à son père de lui acheter un appartement pour se marier ".

Selon M. Aziri, ''il y a des démarches en cours actuellement pour amener sa dépouille en Algérie et organiser ses obsèques" dans la région de Médéa. "Son père et sa mère sont d'accord pour enterrer Mohamed en Algérie", a-t-il précisé. Et, ''pour l'instant, il n'y a aucun obstacle. Il s'agit simplement de procédures en France", a-t-il ajouté.

En France, par contre, tout n'est pas encore tranché. Selon un responsable du CFCM, rien n'est encore décidé sur le lieu de l'inhumation de Mohamed Merah, qui avait souhaité être enterré en France, le pays "où il est né", a indiqué Abdallah Zekri en se référant à des propos d'Abdelghani Merah, un des frères de Mohamed, qui lui a demandé de participer à une éventuelle cérémonie. Abdelghani "m'a dit que Mohamed avait fait le voeu d'être enterré en France où il est né, sans me préciser à quel moment cette volonté a été formulée. Il m'a sollicité en tant que responsable du CFCM (Conseil français du culte musulman) et de la Grande Mosquée de Paris afin de participer à une cérémonie qui doit se dérouler dans la discrétion", a rapporté M. Zekri. Cependant, la mère de Mohamed souhaite que son fils soit inhumé en Algérie "pour éviter que sa tombe soit saccagée".

Quant à Abdelkader Merah, il a été inculpé pour complicité d'assassinats et écroué à Paris. Après sa présentation à un juge antiterroriste, Abdelkader Merah, 29 ans, "a été mis en examen conformément aux chefs requis par le parquet et placé en détention", a indiqué une source judiciaire. Abdelkader a été également inculpé pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d'acte de terrorisme et vol en réunion. "Les investigations diligentées par les services de police ont permis d'établir à l'encontre d'Abdelkader Merah l'existence d'indices graves ou concordants rendant vraisemblable sa participation comme complice à la commission des crimes en lien avec une entreprise terroriste", selon le parquet de Paris.

Mais, selon son avocate Me Anne Sophie Laguens, le frère de Mohamed Merah "réfute tous les chefs d'accusation portés contre lui", "condamne fermement" les actes de son frère dont "il n'est pas du tout fier" et espère "ne pas devenir le bouc émissaire" de ses crimes effroyables. Ces déclarations, qui interviennent dans un climat politique stressé par la campagne électorale où les comportements xénophobes et antimusulmans se sont multipliés ces derniers jours en France après l'assassinat de trois militaires et quatre civils juifs, sonnent comme un désaveu pour la police française qui ''n'a rien vu venir'', selon des commentaires de la presse locale.

Des critiques acerbes ont été également lancées contre les services français du renseignement, alors que le président français Nicolas Sarkozy, en campagne électorale, tente de grappiller les voix des musulmans de France en mettant en garde la droite comme l'extrême droite contre tout amalgame dans cette triste affaire.