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Accessibilité des administrations, allocations?: Les handicapés veulent plus qu'une chaise roulante

par J. Boukraa

A l'instar des autres wilayas du pays Oran célèbre, ce mercredi 14 mars, la Journée nationale des handicapés. Comme chaque année, un programme d'activités a été élaboré par la direction de l'Action sociale et les structures chargées de cette catégorie aux besoins spécifiques. Malgré ces festivités organisées chaque année, les handicapés luttent chaque jour. « On n'a pas besoin d'une journée pour parler de nous. Un handicapé est une personne à part entière et un citoyen aux besoins spécifiques auxquels l'Etat et la société entière doivent assistance», dira Fatima 25 ans, malvoyante. Selon les chiffres de la direction de l'Action sociale, à ce jour, près de 28.000 handicapés, toutes natures d'handicaps confondues, sont recensés dans la wilaya d'Oran. Pas moins de 1.485 nouveaux handicapés ont été recensés l'année dernière par la direction de l'Action sociale de la wilaya d'Oran. Cette frange de la société rencontre d'innombrables problèmes et se sent marginalisée.

 Le regard de la société, envers elle, n'est pas pour arranger les choses. Leurs droits sont souvent bafoués malgré la mise en place, par les autorités concernées, de dispositifs destinés à faciliter leur insertion dans la société. Leurs témoignages renseignent sur la précarité de leur situation.

 «En mai 2009, l'Algérie a ratifié la convention relative aux droits des personnes handicapées, adoptée par l'ONU, le 13 décembre 2006, mais sur le terrain la réalité est toute autre. Cette frange est marginalisée. Les personnes handicapées demandent à avoir les mêmes droits que les autres ; l'accès à l'éducation, au travail, au logement, aux services, avec ceci de particulier qu'une adaptation spéciale soit apportée aux offres pour éviter la discrimination», nous confie Fatima.

 Abordant les différentes difficultés que rencontre cette catégorie, Amine, 19 ans, handicapé moteur, évoque le problème de la liberté de circulation. « Nous demandons simplement des aménagements urbains d'accessibilité. Un décret exécutif (n° 06-455) existe depuis le 11 décembre 2006, fixant les modalités d'accessibilité à l'environnement physique, social, économique et culturel. Cependant en dehors de quelques nouveaux sièges d'institutions, un handicapé à la motricité limitée éprouve toutes les peines du monde à accéder à une administration ». Les allocations (4.000 DA pour les invalides à 100% et 3.000 DA pour les moins atteints) sont aussi jugées insuffisantes.

 «Les dépenses d'un handicapé sont également importantes. Ce qui nous amène à mettre en valeur la nécessité de revaloriser leur pension. D'autres problèmes sont aussi à signaler, entre autres, le manque de logements adapté. La non-importation de véhicules adaptés par les concessionnaires n'est pas pour arranger les choses. Cela se greffe à la rareté des auto-écoles équipées de voitures pour dispenser des cours de conduite à cette frange de la population», a souligné le président d'une association pour handicapés, activant à Oran. «Il y a aussi le manque de structures spécialisées pour enfants déficients mentaux, à Oran. Il n'existe en effet que deux centres, ceux de l'USTO et de Misserghin. Alors que pour cette catégorie d'enfants handicapés, dans cette wilaya de plus de 1,6 million d'habitants, les besoins sont estimés au moins à 6 centres spécialisés pour enfants inadaptés mentaux.

 Ce déficit en structures et en moyens devant être mis en place par l'Etat, explique en grande partie l'implication du mouvement associatif à travers plusieurs associations caritatives qui heureusement répondent à une partie des attentes et des besoins», avait déclaré, il y a quelques jours, le directeur de l'Action sociale d'Oran. «Nombreuses, sont les revendications des handicapés qui peinent à être concrétisées. Elles ne trouvent toujours pas une oreille attentive. Hormis le don des chaises roulantes, aucun des droits revendiqués, depuis toujours par les handicapés n'ont eu d'échos favorables. Ces oubliés de la société, à travers des rencontres initiées ici et là, ne cessent de revendiquer leurs droits», conclut un autre handicapé, membre d'une autre association active à Oran.