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Habitat: La grève continue à la DUCH de Chlef

par Ghania Oukazi

«Je ne limoge pas le directeur, il est nouveau. Et ce n'est pas aux travailleurs de décider ni de sa nomination ni de son départ ».

Ce sont les propos que le ministre de l'Habitat a exprimés en réponse à la demande des travailleurs de la Direction de l'urbanisme, de la construction et de l'habitat (DUCH) de la wilaya de Chlef réclamant le départ de leur directeur. En grève depuis le début du mois de janvier, ces travailleurs continuent leur protestation, et ce, disent certains d'entre eux, « jusqu'à ce que le directeur parte ».

 Le premier responsable du secteur ne l'entend pas de cette oreille et estime que sa sentence est sans appel. « Je ne limoge pas le directeur, il est nouveau et ce n'est pas aux travailleurs de décider (?) », nous a-t-il déclaré hier sur sollicitation de notre part. « Depuis quand les travailleurs décident de la nomination ou du limogeage d'un directeur ? », interroge Nouredine Moussa avec une spontanéité sans égale.

 Connu pour son franc-parler, le ministre de l'Habitat ira jusqu'au bout de son idée et affirme qu'«on ne négocie avec la Fonction publique ! ». Il nous explique ainsi que « les fonctionnaires n'ont pas le droit de protester de cette manière, ils doivent protéger l'Etat qui les emploie ». Il estime que « les fonctionnaires ont, avant de commencer à travailler dans une administration publique, signé un contrat d'adhésion à la Fonction publique ; c'est ce que les travailleurs de la DUCH ont fait et ils doivent donc respecter leur contrat ».

 De nombreux travailleurs ont fait le déplacement de Chlef à Alger, il y a une quinzaine de jours, pour protester devant le siège du ministère de l'Habitat et faire entendre leur revendication. A peine quelques slogans hostiles à leur directeur lancés, l'important dispositif policier déployé en haut de la rue Didouche Mourad a vite fait d'avoir raison de leur fougue. Les policiers ont été instruits pour les disperser très rapidement. Et c'est ce qui a été fait. « Venir en bus à Alger pour demander le départ d'un directeur est honteux. Des fonctionnaires respectueux de l'Etat et des lois de la République ne doivent pas se laisser entraîner dans de pareilles démonstrations », s'indigne le ministre. Il reproche aux contestataires de « ne pas comprendre les termes du contrat d'adhésion qui les lient à la Fonction publique. « Je trouve désolant qu'ils ne respectent pas le service public », regrette-t-il.

 N. Moussa nous affirme que « deux inspections ont été déjà effectuées au niveau de la DUCH de Chlef », sans pour autant réussir à convaincre les travailleurs grévistes de la non-légalité de leur requête. Le ministre tient à préciser que « la DUCH ne s'occupe pas de la construction de logements (c'est l'OPGI) ; elle délivre les permis de construire, les permis de démolition, les actes d'urbanisme et, tout nouvellement, elle exécute en cas de besoin des opérations d'amélioration urbaine, entre autres la mise à niveau des quartiers dégradés ». Il réfute alors le fait que « la DUCH soit bloquée et que rien ne marche », comme le disent les travailleurs grévistes. « Le travail se fait normalement », soutient-il. Il explique à cet effet que «dans tous les pays du monde, les permis de construire ne font pas partie des urgences. En plus, il n'y a pas des masses qui sont en attente de signature ».

 Nouredine Moussa fait savoir que la DUCH de la wilaya de Chlef compte 140 travailleurs, dont une quinzaine sont en grève. « Ce sont 15 travailleurs qui font les trouble-fêtes : c'est à peu près 15% de la totalité des effectifs qui s'agitent, le travail se fait sans eux ».