Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

BLIDA: Il se fait passer pour un avocat et escroque 25 personnes

par Tahar Mansour

On se demande seulement qui voudra bien le défendre après ce qu'il a fait, aussi bien aux pauvres justiciables qu'à des avocats à qui il demandait de plaider dans des affaires alors que c'est lui qui empochait les honoraires. En effet, les services de la gendarmerie nationale viennent de mettre fin aux agissements néfastes du dénommé M.M. 33 ans et de son complice A.K. 49 ans, le premier s'étant fait passer pour un avocat émérite et le second lui servait de rabatteur ; les deux étant repris de justice pour des affaires similaires.

L'enquête de la gendarmerie fut déclenchée à la suite de plusieurs plaintes de citoyens qui affirmaient avoir été escroqués de sommes diverses par un individu qui se disait avocat renommé alors que toutes les affaires pour lesquelles il a été payé ont été défendues par d'autres avocats ou restées pendantes. Pour faire très vrai, M.M. a loué un local dans un endroit discret, l'a aménagé en bureau, avec la seule particularité que la porte est toujours fermée et qu'il n'y a aucune plaque professionnelle.

Son acolyte, A. K. s'occupait de trouver les victimes, choisies parmi les personnes qui avaient des affaires auprès de la justice ou des dossiers à traiter. Il vantait les mérites et les capacités de son «ami avocat» et se faisait un devoir de les lui présenter pour lui demander de s'occuper de leurs affaires.

Arrivés devant le local, «l'ami» frappait à la porte qui s'ouvrait aussitôt et tout le monde pénétrait. A l'intérieur, la victime est mise à l'aise, une carte de visite portant la fonction du maître de céans : «Cabinet d'étude et de conseil juridiques» lui est remise et un dossier est ouvert en son nom. Notre faux avocat avait même un cachet humide en bonne et due forme et des diplômes, malheureusement faux.

Une fois l'homme accroché, il lui est demandé le dossier relatif à l'affaire et il repartait tranquillisé. Ne pouvant plaider lui-même car il n'est pas avocat, M.M. s'adressait à d'autres avocats, vrais ceux-là, et leur passait les affaires en leur affirmant qu'il ne prendra qu'un pourcentage raisonnable sur les honoraires. Il faut dire aussi que le prétendu avocat avait déjà travaillé au greffe du tribunal et qu'il connaissait donc parfaitement les rouages de la justice et, bien entendu, tous ceux qui gravitaient autour, à commencer par les avocats. Mais

ces derniers ne recevaient point d'honoraires, tout était empoché par M.M. et son complice et les clients, que leurs affaires étaient réglées ou non, n'y voyaient que du feu. L'enquête a déterminé que le préjudice subi par les 25 plaignants qui se sont présentés auprès des enquêteurs s'est élevé à plus de 80 millions de centimes. Présentés, en début de semaine, auprès du procureur de la République près le tribunal de Blida, les deux acolytes ont été placés en détention préventive sous les chefs d'inculpation d'escroquerie, d'usurpation de fonction et de faux et usage de faux.