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Alger: Virée en métro !

par Salah-Eddine K.

Trois klaxons d'avertissement et c'est parti ! C'est le départ depuis la Grande Poste (Tafourah ) vers Haï El Badr, indiquant que la ligne du métro d'Alger est en service. En effet, hier, une impressionnante foule s'extasiait devant ce nouveau mode de transport qui va chambouler leurs mœurs. Les Algérois sont enfin soulagés de voir, après tant d'années, un métro opérationnel. Nous avons pu recueillir les impressions des premiers usagers.

 A l'intérieur de la station centrale, une masse de voyageurs se déversait depuis le hall pour se procurer les tickets de passage. Un père de famille, sexagénaire, était visiblement heureux mais nous confia que sa seule inquiétude «c'est la maintenance car il faut veiller à un entretien continuel». Notre interlocuteur affiche «une crainte de voir ce métro et ses enceintes se dégrader». Quand nous avons emprunté le métro pour se diriger de la Grande Poste à Haï El Badr (un parcours de 9,5 km disponible), tout était en ordre. Une sécurité absolue. Une brigade spéciale de police du métro et des agents de la RATP veillaient au grain. Pas moins de 400 agents de police sont répartis sur les lieux pour assurer leur sécurisation. Des caméras de surveillance depuis la centrale «observent le moindre détail». On ne badine pas avec la sécurité des usagers, expliquait l'un des agents de maîtrise de la RATP avec sérieux et entrain. Pour plus d'efficacité, il précise qu'il avait effectué un stage de formation de 4 mois et qu'après, il est formateur dans le domaine de la sécurité, du contrôle, des évacuations d'urgence? C'est que de ce point de vue, le partenariat entre la RATP et l'entreprise de Métro d'Alger mise sur la formation comme un important enjeu. L'entreprise française ne lésine donc pas sur les moyens logistiques.

Tafourah, Boukhalfa, Place du 1er Mai, Aïssat Idir, Hamma, Les Fusillés, Cité Amirouche, Mer et Soleil et enfin Haï El Badr. Un itinéraire traversé en 12 minutes dans une ambiance sereine. Comme pour dans tous les métros des grandes métropoles du monde, rapidité et confort. Des usagers montent, d'autres descendent comme c'est le cas sous d'autres cieux. A la différence qu'en ce 1er novembre, des femmes lançaient des youyous, histoire de manifester leur joie. Une délégation de journalistes français était également présente à ce rendez-vous. Entre autres, pour s'enquérir de ce partenariat algéro-français.

Quant au prix du billet, faut-il le rappeler, il est d'un coût unitaire de 50 DA pour tout le trajet. Mais ce tarif reste diversement apprécié. Si les uns estiment que c'est un tarif «normal», d'autres ne cachent pas leur déception. «Ce tarif ne correspond pas au pouvoir d'achat», déplore une passagère. Selon une autre, «on devrait penser à des formules d'abonnement, des cartes de semaine et surtout des réductions pour certaines couches tels les étudiants et les retraités». A côté, une autre personne livrait ses impressions à une chaîne satellitaire arabe en proposant «de réduire un tarif à 30 DA». Le prochain défi selon nos interlocuteurs «est de desservir toute la capitale par cette jolie machine de transport souterrain».

Seul point noir : le décor manque cruellement de «couleurs». Il va falloir y remédier plus tard. A l'arrivée, une personne d'un certain âge, habituée à ce genre de transport sous d'autres cieux, ne cachait pas sa fierté d'emprunter le métro d'Alger. «El hamdoulilah ! nous avons un métro chez nous», lance-t-elle. Pour contraster, une autre jeune souhaiterait voir plus d'animation musicale.

«Pourquoi pas des guitaristes en herbe pour s'exprimer à l'image de ce qui se fait dans tous les métros du monde !», nous a-t-elle confié.