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Humanitaires occidentaux enlevés près de Tindouf: Black-out sur le dossier des otages

par Moncef Wafi

L'enlèvement des trois coopérants étrangers continue de susciter des remous dans la région entre les assurances d'une «rapide libération» et des lectures dirigées de l'attaque visant à davantage de suspicions de la cause sahraouie.

Pour Mourad Medelci, le ministre des Affaires étrangères, les investigations se poursuivent à différents niveaux pour libérer, «le plus rapidement», les trois coopérants étrangers et ce, tant au niveau des services algériens concernés, que dans les pays voisins. Il a également déclaré que le phénomène de prise d'otages n'était pas «nouveau» et que la communauté internationale oeuvrait à sa prise en charge. Le ministre a réaffirmé la nécessité de mettre en place un système de prévention contre le risque de prise d'otages «qui soit à la charge de tous les pays et de toutes les institutions y compris celles humanitaires qui viennent aujourd'hui à Tindouf, et demain seront ailleurs». M. Medelci soulignera la participation des services concernés et spécialisés, aux côtés des Algériens pour traiter cette question. Quant au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, il a tenu à rassurer les Algériens quant à l'intégrité sécuritaire du territoire algérien. Au sujet de l'enlèvement des trois humanitaires européens, il a affirmé que l'Etat et les services concernés faisaient leur travail dans le suivi de cette affaire, tout en rappelant que «les questions de sécurité, de vie et de mort d'otages, ne se traitent pas comme ça, à la légère».

A une question sur l'avenir des relations algéro-libyennes, le Premier ministre a réaffirmé que la Libye était un pays «frère et voisin» auquel, a-t-il dit, «nous ne tournerons pas le dos».

Pourtant ce qui paraissait, dans un premier plan, n'être qu'une attaque terroriste avec kidnapping et probablement demande de rançon, est en train de virer à l'instrumentalisation des services marocains dont les thèses sont reprises par le bureau de l'AFP, à Bamako. Citant un médiateur basé dans un pays d'Afrique de l'Ouest comme source d'information l'AFP avance que les combattants d'Aqmi qui ont attaqué le camp sahraoui de Rabuni n'étaient pas armés. «Ils avaient des complices sur place dans les camps, membres et sympathisants d'Aqmi, qui ont fourni les armes et repéré les otages pour leur enlèvement», rapportera l'Agence en citant toujours sa source qui ajoute que «deux hommes armés et portant l'uniforme du Polisario ont laissé partir les véhicules qui transportaient les otages». Les otages seraient toujours en vie.

Un scénario dénoncé par les Sahraouis, à leur tête le gouvernement qui a formellement démenti l'existence d'une quelconque faction armée de l'Aqmi dans les camps de réfugiés, dont des éléments auraient participé à l'enlèvement des trois humanitaires occidentaux.

S'en tenant à leur première version des faits, le gouvernement sahraoui s'interroge sur les raisons derrière les informations distillées par le bureau de l'AFP au Mali, coutumière selon les Sahraouis du fait. Pour le gouvernement sahraoui, l'attaque de la nuit du 22 au 23 octobre derniers n'avait pour but que de terroriser les réfugiés et leur couper l'aide des ONG européennes. «Cette attaque vise à terroriser les réfugiés sahraouis ainsi que les coopérants étrangers qui travaillent dans le domaine de l'humanitaire, dans le but de les priver de l'aide précieuse que leur apportent les ONG étrangères, depuis des années», avait dit en substance la lettre adressée par Mohamed Abdelaziz à Ban-Ki Moon. Même si officiellement, le gouvernement sahraoui a accusé l'Aqmi d'être derrière ces rapts, cette condamnation vise en premier ceux qui cherchent à tarir les sources d'approvisionnement «humanitaires» dont jouit la cause sahraouie. Le président sahraoui s'est également engagé à ce que son gouvernement, qui a pris attache avec ses homologues voisins, prenne toutes les mesures sécuritaires nécessaires pour traquer les assaillants. Par ailleurs, les autorités sahraouies ont renforcé la sécurité autour du site d'accueil des ONG humanitaires. Les trois ressortissants étrangers, membres d'ONG européennes, travaillant dans des camps de réfugiés sahraouis près de Tindouf, sont Ainhoa Fernandez de Rincon, originaire d'Extrémadure, dans le sud-ouest de l'Espagne et membre de l'Association des Amis du Peuple sahraoui d'Extrémadure, et Enric Gonyalons, originaire de Majorque aux Baléares, membre de l'association Mundabat. Le troisième coopérant est l'Italienne Rossella Urru, membre de l'ONG CCISPP.