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TIARET: La ville s'étrangle

par El-Houari Dilmi

Le chef-lieu de la wilaya de Tiaret s'étrangle. Privée depuis longtemps d'un plan de circulation adapté à l'extension à la capitale de la wilaya et à l'augmentation substantielle du parc automobile, la ville souffre actuellement d'un véritable congestionnement en matière de circulation, dû aussi à l'inexistence de parkings de stationnement susceptibles de répondre aux besoins des nombreux usagers.

En effet, avec l'accroissement permanent des habitants et du parc automobile, la ville de Tiaret a atteint un seuil de saturation qui a rendu sa gestion plus que complexe.

La dynamique des nombreuses cités de la capitale de la wilaya a engendré des flux importants de circulation qui ne correspondent plus aux réseaux routiers. Une étude, menée par le bureau d'études Urbatia, tant au niveau du plan d'aménagement de la wilaya (PAW) que des plans directeurs d'aménagement urbain (PDAU), a mis en exergue une autre particularité de Tiaret, à savoir l'absence d'un réseau routier dans l'ancienne ville, noyau du tissu urbain qui demeure trop petit par rapport à l'ampleur du développement de la ville, note-t-on.

L'autre constat est que la grande majorité des équipements socioéducatifs, administratifs et commerciaux sont implantés dans l'enceinte de l'ancienne ville. L'afflux inévitable vers le centre-ville a pour conséquence de compliquer davantage les problèmes de circulation et de stationnement et confère un aspect d'étouffement à la cité, surtout au niveau du carrefour « d'El-Blaça», véritable cœur battant de l'ancien Tiaret. Cette situation pose, selon des spécialistes, une équation des plus complexes : faut-il supprimer le stationnement et provoquer du coup la mort lente du commerce ? La réponse, selon les mêmes spécialistes, est la nécessité absolue de respecter scrupuleusement l'étude urbanistique et réfléchir par deux fois aux conséquences de la réalisation d'un équipement avant de lancer les travaux. La réalisation de nombreuses pénétrantes et autres voies de maillage n'a pas pour autant réglé le problème de saturation du noyau de la ville, tant l'activité commerciale demeure essentiellement concentrée dans ce «ventre mou» de la capitale de la wilaya. L'ouverture de commerces sur les places publiques provoque aussi les stationnements interdits et réduit, par conséquent, la fluidité du trafic, à l'exemple «affligeant» de la cité « Volani », transformée en un véritable goulot d'étranglement aussi bien pour les riverains que pour les automobilistes.

La «solution de facilité», souvent utilisée par les pouvoirs publics locaux, est la pose de plaques d'interdiction de stationnement ou de sens interdit, une «interdiction» souvent foulée aux pieds par des automobilistes fatigués par les bouchons interminables. De ce fait, «le problème de circulation automobile et de stationnement ne peut être réglé sans une conception convenable de l'urbanisation de la ville dans son ensemble», souligne un ingénieur en travaux publics qui a déjà travaillé à la conception et à la réalisation de la ville de Tlemcen. «La récupération des espaces libérés, systématiquement utilisés pour l'injection de chantiers d'habitat, aurait pu permettre la réalisation de projets intégrés avec, pour effet attendu, le règlement des problèmes de stationnement du centre-ville, ajoute notre interlocuteur. « Le déménagement des centres administratifs et économiques vers la périphérie de la nouvelle ville demeure aussi une solution prônée pour le désengorgement de la partie centre de Tiaret», conclut-il.

Pour ce qui est enfin du transport urbain, un simple constat impose la nécessité absolue de redéfinir sa stratégie et bannir à jamais les «rafistolages» en cours jusque-là. Doit-on éliminer un transport collectif encombrant, polluant et «chahutant» gravement l'image et l'aspect général de la ville de Tiaret au profit de moyens de locomotion plus modernes, plus propres et surtout plus adaptés aux nouveaux besoins de l'antique Tihert ? Là demeure toute la question pour un chef-lieu de wilaya parmi les plus peuplés de tout l'ouest du pays.