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Les sidéens lancent un autre SOS

par Salah C.

La prévalence du sida demeure encore une inconnue en Algérie du fait que le taux officiel avancé est de 1%, alors qu'en réalité et avec un zoom sur toutes les poches vulnérables, il apparaît clairement qu'il peut aller jusqu'à 4%. C'est ce qui ressort d'une rencontre-débat, organisée jeudi soir, à l'initiative de l'Association de protection contre le sida (APCS), avec la presse et un imam, appelé à donner son point de vue religieux sur cette maladie qui bute sur des incompréhensions sociales en même temps qu'une multitude de carences aussi bien dans la prise en charge des sujets affectés par le VIH, notamment les récurrentes pénuries de médicaments composant la tri-thérapie.

Pour le Pr Tadjeddine, la question des statistiques demeure fondamentale, car sans des données fiables il est difficile de mesurer l'importance du fléau. Il rappelle qu'en 2001, ONU-sida projetait pour l'Algérie, en l'espace d'une décennie, 21.000 cas. En revanche, les statistiques du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière ne font état que de 5.000 cas. Ce nombre est loin de refléter la réalité, étant donné que la culture du dépistage en général demeure encore méconnue et notamment pour les maladies transmissibles sexuellement et qui sont synonymes de revers et de dévaluation sociale. L'autre élément qui conforte cette approche est le nombre des cas confirmés à l'ouest du pays, avec environ 2.000 cas, un chiffre qui ne signifie nullement, a tenu à rappeler le président de l'association, que la région contient plus de cas que le reste du pays, mais cela s'explique que le dépistage est une réalité incontournable et les résultats obtenus montrent que sur ce plan, la région ouest est en avance. En effet, l'association qu'il préside est active depuis 1998 et a pu mettre sur pied le centre de dépistage qui, en plus de son activité régulière, confiée à une équipe médicale, est offensive sur le plan de la sensibilisation en se rapprochant des populations les plus exposées comme les homosexuels et les travailleurs du sexe. En plus, le rayonnement de l'action de l'association a permis depuis 2004, la création d'un autre centre à Tiaret qui, en plus de son activité habituelle s'attache à l'un des éléments fondamentaux de la prévention, à savoir le suivi de la grossesse permettant de réduire le risque de transmission virale de la mère porteuse au nouveau-né. Sur ce plan, le Pr Razik du CHUO précise que les risques de contamination mère-enfant qui sont de 30% sont réduits à 1% seulement, si la mère est mise sous tri-thérapie. Concernant les pénuries de médicaments auxquelles sont confrontés les patients depuis plus de 7 mois, l'association tire la sonnette d'alarme en insistant sur le fait que cette situation peut, d'une part, remettre en question le processus de guérison et, de l'autre, amoindrir l'adhésion du patient qui pourra se résigner à sa maladie déjà lourde à supporter socialement. Pire encore, la perte d'un malade pourra en faire un exclu prêt à transmettre volontairement le virus par représailles. De son côté, l'imam de la mosquée d'El Hamri a estimé que le danger provient du fait que ces personnes affectées se sentent marginalisées et exclues par la société, alors que fondamentalement ce ne sont pas tous des criminels. Enfin, à signaler que l'association prépare activement les secondes journées internationales sur le sida qui se tiendront à Oran, en novembre prochain ; lieu où se sont déroulées en 2007, les premières journées.